Acquisition d'avions Si le financement est un véritable casse-tête pour les compagnies aériennes, surtout africaines, Royal Air Maroc semble trouver en Exim Bank (Export-Import Bank) la solution à ce problème. Cette banque de la Trésorerie américaine qui a permis jusque-là le financement de 20 avions de la compagnie aérienne nationale à travers ses garanties a fait part de sa disponibilité de faire autant pour les dix prochaines années. “Exim Bank a accordé ses garanties pour le financement de près de 20 avions au profit de Royal Air Maroc pour l'extension et le développement de sa flotte. Depuis l'année dernière, le conseil d'administration de la banque a pris la décision de garantir le financement de 20 autres appareils pendant les dix prochaines années”. Robert A. Morin, vice-président de la Division des transports d'Exim Bank, rencontré en marge de la 12ème conférence annuelle de l'aviation africaine (voir encadré), justifie cette confiance de l'institution financière américaine dans la compagnie aérienne nationale par la “manière satisfaisante dont cette dernière gère ses affaires”.Les relations d'Exim Bank avec la RAM remontent aux années 1970. “Nous accompagnons Royal Air Maroc depuis très longtemps et c'est grâce à nos garanties qu'elle arrive à acheter des avions à des taux très compétitifs”, souligne le vice-président de la Division des transports d'Exim Bank dont l'une des principales missions est d'apporter son soutien aux produits américains à l'export, notamment à travers des garanties de financement. Parmi les secteurs d'activité qui bénéficient le plus de ce soutien figure en très bonne place celui des transports. Pour les avions dont le prix à l'unité se chiffre à plus de 50 millions de dollars, leur financement et par ricochet leur garantie devient de plus en plus inacessible à cause de leur coût très capitalistique et des risques énormes.Avec un fonds global de près de 60 milliards de dollars, Exim Bank consacre plus du tiers de ce portefeuille au transport, soit près de 22 milliards de dollars. Ainsi, les compagnies aériennes désirant commander des Boeing pourraient bénéficier de fonds de garantie de l'institution américaine. Mais comme toute institution financière, la garantie est très loin d'être accordée au premier venu. Pour preuve, les compagnies aériennes africaines ont planché deux jours durant à Casablanca sur la question du financement, talon d'Achille de leur secteur. Aujourd'hui, à l'instar de la compagnie aérienne nationale, Exim Bank compte rallier d'autres compagnies aériennes marocaines. “Bien que nous soyons venus faire une intervention pour la conférence annuelle de l'aviation africaine, l'objet de notre véritable visite est de renouveler notre confiance à Royal Air Maroc et d'essayer de tisser les mêmes relations avec d'autres compagnies aériennes marocaines ainsi qu'avec Air Sénégal International que la RAM nous a présenté”, précise Robert A. Morin. Qu'en est-il des autres secteurs autres que celui des transports ? Selon le vice-président de la Division des transports d'Exim Bank, l'intervention de son institution peut s'étendre à d'autres secteurs d'activité. “Même si nous sommes une agence du gouvernement américain, notre mission s'oriente vers les biens commerciaux d'exportation. Ainsi, lorsqu'une société marocaine s'intéresserait à acheter ceux-ci, je l'encouragerais d'explorer la possibilité d'un financement soutenu par Exim Bank.”, précise-t-il. Financement des compagnies africaines : véritable casse-tête Les 700 millions d'habitants du continent africain ne pèsent pas lourd sur le marché du transport aérien. Avec seulement 2 à 3 % de parts de marché, les compagnies aériennes africaines, outre le fait qu'elles sont handicapées par des coûts d'exploitation énormes, sont confrontées à la rude concurrence des grandes compagnies comme Air France, Alitalia, British Airways et récemment des compagnies des pays du Golfe (Emirates, Qatar Airways et Gulfair). Contrairement à ces compagnies dont le financement est le cadet de leur souci, leurs homologues africaines, quant à elles, trouvent toutes les difficultés du monde pour se faire financer. D'où d'ailleurs le thème de la 12ème conférence annuelle de l'aviation africaine, organisée le 20 octobre dernier, en partenariat avec la RAM, par African Aviation, une revue basée à Londres et spécialisée dans le transport aérien.Les participants sont unanimes pour dire que le transport aérien africain doit avant tout résoudre ses problèmes de financement. Selon eux, si le leasing semble être le moyen le plus approprié pour l'acquisition d'avions, il n'est pas sans causer des faillites de certaines compagnies comme celle de Camair (Cameroun) qui a mal négocié par exemple les termes de son crédit-bail.Quant aux avionneurs fortement représentés, ils reconnaissent que c'est avec les solutions aux problèmes de financement qu'ils pourront écouler leurs avions en Afrique. Tourisme Pour augmenter son capital Risma lance la première ORA Après une première opération d'emprunt obligataire classique, Risma, instrument de financement du groupe Accor (avec 45 % du capital) procède à l'émission d'un emprunt obligataire remboursable en actions (ORA) à hauteur de 265 millions de dirhams. Le produit sert à financer les projets de développement d'Accor, notamment la première phase de Casa City Center, et le lancement de la construction d'un hôtel de Talassothérapie à Agadir ainsi que de nouveaux Ibis. Produit financier très utilisé en France, Risma initie pour la première fois au Maroc l'émission d'un emprunt obligataire convertible en actions (ORA). “Quand on finance des projets structurants où on a besoin de capitaux dont la rentabilité est assurée au bout de 2 ou 3 ans, l'ORA s'avère être un très bon produit de financement”, justifie Marc Thépot, directeur d'Accor Maroc.Toujours est-il que cela suppose que les souscripteurs fassent confiance au projet et à l'investisseur. Sur la question, le patron d'Accor reste confiant : “ la communauté financière a tout pour faire confiance à Accor, au projet ainsi qu'à l'industrie du tourisme ”. Le montant de l'émission est de 200 millions de dirhams plafonné à 265 millions de dirhams avec une maturité de près de trois ans.Selon Marc Thépot, le produit de l'opération pour laquelle la CDVM a déjà donné son autorisation sera destiné à financer la première phase(deux premières années) du plan de développement d'Accor pour la période 2003-2006. Concrètement, il sera investi dans l'extension des capacités des Ibis de Casablanca, Rabat et Marrakech et de Sofitel Marrakech, pour la première phase du projet de Casa City Center ainsi que pour le lancement de la construction d'un hôtel de Thalassothérapie à Agadir et de nouveaux Ibis. En effet, avec cette nouvelle émission, les capitaux propres de Risma devront passer de 500 millions de dirhams à plus de 750 millions de dirhams.Selon la note d'information, “cette émission d'obligations remboursables en actions, comptabilisées en capitaux propres assimilés, permet de conférer à Risma une capacité d'endettement en vue de la réalisation de son programme d'investissement, qui doit être financé à hauteur de 50 % par endettement”.Pour l'heure, Risma compte finaliser l'opération avant la fin du mois de novembre prochain. “Dès la mi-décembre, nous saurons si l'emprunt est réussi ou pas”, prend ainsi rendez-vous Marc Thépot.