Indicateurs économiques La privatisation de 80 % du capital de la Régie des tabacs et la confirmation de la bonne campagne agricole ont marqué l'actualité économique nationale au cours du 2ème trimestre de l'année en cours. Les divers secteurs d'activité et les principaux indicateurs ont enregistré des évolutions très contrastées, satisfaisantes pour certains d'entre eux et peu favorables pour d'autres. Ce qui confirme, une fois de plus, les difficultés de l'économie nationale à se libérer des contraintes qui continuent de freiner son essor. L'évolution de l'activité économique a connu entre avril et juillet 2003 des fortunes diverses. Certains secteurs ont enregistré des performances satisfaisantes au moment où d'autres ont réussi à tirer tant bien que mal leur épingle du jeu ou ont subi quelques revers. Les secteurs ou grandeurs macroéconomiques qui ont connu une évolution favorable ne sont pas nombreux. Vient en tête de cette catégorie la production céréalière (blé dur, blé tendre et orge) qui a atteint 77,67 millions de quintaux, en progression de 54,6 % par rapport à la campagne précédente. Le secteur du Bâtiment et travaux publics (BTP) affiche, de son côté, des résultats encourageants. L'activité s'y est appréciée par rapport au 1er trimestre et devrait s'améliorer au cours du 3ème trimestre, selon les professionnels. Cet optimisme est conforté par l'accroissement, à fin juillet, des ventes du ciment et des crédits bancaires accordés à l'immobilier, respectivement de 11,5 % et 10 %. L'appréciation de l'activité et les perspectives prometteuses du BTP sont imputables au lancement de programmes de logements sociaux, à l'aménagement de nouvelles zones touristiques, au renforcement du réseau routier et autoroutier et au lancement des travaux de construction du port de Tanger. Demande intérieure en hausse Au sein du secteur énergétique, c'est l'électricité appelée nette qui a enregistré l'évolution la plus marquée, avec un rythme de progression, à fin juillet, de 7,9 % contre 5,2 % à la même période de l'année 2002. De son côté, la demande d'énergie électrique a également affiché un rythme d'accroissement supérieur à celui de l'année précédente, 7,9 % contre 4,1 %. Ce taux de progression est appelé à se renforcer avec l'accélération du taux d'électrification des campagnes, dans le cadre du Programme d'électrification rurale globale (PERG). Du côté des grandeurs macroéconomiques, la demande intérieure s'est bien comportée. D'une part, dans un contexte marqué par la maîtrise de l'inflation, la consommation des ménages, principale composante de la demande, a enregistré une augmentation due surtout à l'amélioration des revenus des ménages ruraux consécutive à une campagne agricole satisfaisante. L'accroissement des acquisitions de biens de consommation durables (3,9 % pour les ventes de voitures de tourisme et 11,9 % pour l'importation des appareils récepteurs radio et télévision, à fin juillet), témoigne de cette évolution. D'autre part, l'investissement, autre composante de la demande globale, a également progressé. Ce qui est un signe encourageant, l'investissement étant le principal moteur de la croissance et de la création d'emplois. Cette reprise de l'investissement touche aussi bien les ménages (logement) que les entreprises. Ces dernières, qu'elles soient privées ou publiques, ont relancé leurs opérations d'investissement, comme l'indique l'augmentation, à fin juillet, de 10,9 % des importations des biens d'équipement industriel. Parmi les autres signes positifs, figure en premier lieu la bonne tenue des finances publiques. Les recettes fiscales ont progressé de 5,7 % au terme des sept premiers mois de l'année en cours. Quant aux recettes non fiscales, elles ont effectué un bond de 94,8 % entre 2002 et 2003, grâce à la privatisation de 80 % du capital de la Régie des tabacs, qui a contribué, par ailleurs, pour une part substantielle à l'accroissement des investissements directs étrangers et à la consolidation des réserves de change. Côté dépenses, les dépenses ordinaires ont augmenté de 5,9 % alors que le service de la dette publique et les dépenses d'investissement ont reculé respectivement de 5,6 % et 3,6 %. Cette évolution des ressources et des charges a fait dégager, à fin juillet, une épargne publique de 3,1 Mds DH, qui couvre à peine 25 % de la dépense publique de capital. D'où un déficit budgétaire hors privatisation de 4,7 Mds DH. En deuxième lieu, les transferts des Marocains résidant à l'étranger (MRE) ont continué de progresser. Ils ont atteint à fin juillet 18,8 Mds DH, en hausse de 2,4 %. Ce résultat est d'autant plus satisfaisant qu'il exclut la partie des recettes en devises utilisées par les MRE lors de leur séjour au Maroc, conformément à la méthodologie préconisée par les organismes internationaux et adoptée par les pays ayant une communauté importante à l'étranger. Enfin, le mouvement de dégringolade de la Bourse semble enrayé. La place casablancaise a retrouvé un certain dynamisme, les indices Masi et Madex ayant progressé respectivement de 18,2 % et 15,8 % entre décembre 2002 et fin juillet 2003. Du coup la capitalisation boursière est repassée au-dessus de la barre des 100 Mds DH. Dans la catégorie des secteurs qui ont réussi à tirer leur épingle du jeu dans un contexte international très difficile, le tourisme a mieux résisté qu'on ne le craignait, malgré la guerre contre l'Irak et ses répercussions négatives sur l'activité touristique mondiale, et surtout les attentats du 16 mai qui ont affecté directement le Maroc. Le nombre de touristes étrangers n'a baissé que de 2,1 % et les recettes en devises, qui ont atteint, à fin juillet, 14,7 Mds DH, n'ont régressé que de 4,3 %. Aggravation du solde commercial et du chômage Mais l'évolution positive de l'ensemble des indicateurs cités ci-dessus ne saurait masquer les faiblesses structurelles de l'économie marocaine. Cette dernière continue de pâtir du manque de dynamisme de l'industrie qui demeure marquée par une irrégularité de son activité de production et de ses exportations, selon les branches considérées. Ainsi, globalement, le secteur industriel devrait connaître une stagnation entre juillet et septembre après une progression au cours du deuxième trimestre. Certaines branches devraient progresser (chimie et parachimie) et d'autres verraient leur activité baisser (textile et cuir, agroalimentaire, industries métalliques, mécaniques, électriques et électroniques). Le deuxième point faible de l'économie nationale réside dans son déficit commercial chronique. Selon les statistiques de l'Office des changes, à fin juillet, les importations ont augmenté de 3,3 % alors que les exportations ont baissé de 5,1 %. De ce fait, le taux de couverture a reculé de 5,6 points pour s'établir à 62,8 %. Cette évolution des échanges commerciaux s'est traduite par une aggravation du solde de la balance commerciale de 21,5 %. Au niveau du marché du travail, on assiste à une nouvelle dégradation de l'emploi, en particulier en milieu urbain. Le taux de chômage a augmenté de 0,8 point passant entre 2002 et 2003 de 10,4 % à 11,2 %. Mais le plus préoccupant, c'est l'aggravation du chômage dans les villes et pour les diplômés, où les taux sont passés respectivement de 17,1 % à 19,2 % et de 23,5 % à 25,8 %.