Si le calendrier de la cession de la Régie est respecté, la part de participation de l'Etat ou encore les conditions liées au cahier des charges restent encore méconnues. Jusqu'à présent, la Régie des Tabacs évoluait dans un contexte de monopole étatique, à la faveur duquel elle a pu devenir l'un des principaux pourvoyeurs du Trésor public. La décision du gouvernement de la privatiser ne constituerait en aucun cas une menace pour elle. Du moins, si l'on en juge par les dernières déclarations de son directeur général, M. Larbi Bellaha. Selon lui, « cette privatisation présente au contraire une bonne opportunité de développement pour l'entreprise. Elle assurera son intégration dans le marché mondial ». Pour M. Bellaha, ce choix est stratégique pour cette institution presque centenaire. Si la privatisation de la Régie des Tabacs est maintenue pour mars 2002, plusieurs questions concernant cette opération restent sans réponses. Elles portent aussi bien sur le prix et le moyen de cession que le degré de désengagement de l'Etat et les conditions liées au cahier de charges. Des études de faisabilité sont menées par les plus grands bureaux d'audits comme Deloitte & Touche. Auprès de la Régie, on avance que l'évaluation devrait être conforme aux textes de lois élaborés par le « comité d'évaluation » des entreprises à privatiser. L'expertise de l'opérateur stratégique qui sera retenu pèsera certainement de tout son poids dans cette privatisation. Pour la Régie, il s'agit de bénéficier de son savoir-faire pour affiner son offre. D'où la volonté de la Régie d'investir le segment de la cigarette économique jugé comme un créneau potentiel. L'entreprise a adopté une stratégie de mise à niveau sur une période de 3 années. L'ambition affichée est d'assurer la pérennité et la croissance de la société par l'amélioration de ses performances et de sa compétitivité dans un contexte de plus en plus concurrentiel. Secteur d'activité ou les transactions entre fournisseurs de tabac et fabricants de cigarettes sont de plus en plus tendues. Toutefois, il n'en demeure pas moins que les résultats annoncés par la Régie témoignent d'une « bonne » santé financière. Ainsi, pour l'année 2000, la Régie a réalisé un chiffre d'affaires de 8,415 milliards de DH, soit une croissance de 1,9% par rapport à l'année précédente. En revanche, selon les prévisions, pour l'année en cours, le chiffre d'affaires atteindra les 9 milliards de DH. Pour leur part, les résultats d'exploitation enregistreront 7 milliards de dirhams, dont la contribution au budget de l'Etat de l'ordre de 6 milliards de dirhams.