L'Etat marocain envisage la vente des 20% de la Régie des Tabacs à Altadis, en 2005, au lieu de 2006. Le personnel qui s'attendait, comme promis, à bénéficier d'au moins 5% du capital voit ses rêves partir en fumée. Comme annoncé par ALM (n°899), les prémices du traitement exigé par le FMI, afin de rétablir un tant soit peu les équilibres fondamentaux du pays, commencent à pointer. Sitôt dit, le gouvernement marocain est en phase de mettre en application le traitement de choc. Après la Fausse des prix des produits pétroliers, le 16 mai, l'horaire continu serait la prochaine étape. Par contre, une loi de Finances rectificative est en préparation. L'un des palliatifs recommandés au déficit exagéré, la cession des 20% de la régie des Tabacs au groupe Altadis. Ce dernier discutait avec le Maroc de la vente d'une participation de 20% dans la Régie des Tabacs en 2006, avait annoncé à l'agence de presse Reuters, le 29 octobre 2004, le ministre des Finances et des Privatisations, Fathallah Oualalou. Par contre, compte tenu des récents événements, le calendrier est en passe d'être changé. L'opération aura assurément lieu en 2005. Altadis avait acheté à l'Etat marocain 80% de l'ancien monopole du tabac pour environ 14,08 milliards de dirhams (1,62 milliard de dollars) en 2003. Fathallah Oualalou, précisait vouloir obtenir le même prix pour les 20% restants, ce qui valoriserait cette participation à 3,5 milliards de dirhams (402,6 millions de dollars). Le contrat de cession prévoit que l'Etat marocain conservera durant deux ans une participation de 20% dans le capital de la Régie, participation qu'il aura la possibilité de mettre sur le marché durant les deux années suivantes grâce à une offre publique de vente. Par contre, ces 20% feront l'objet de droits d'achat et de vente entre l'Etat et Altadis à compter de la cinquième année suivant l'acquisition, soit 2008. Ces droits seront exercés à un prix équivalent à celui payé pour l'acquisition des 80% du capital de la Régie. Par conséquent, engager des discussions, reviendrait à dire que la cession serait réalisée avant cette date. Pis, le schéma initialement retenu, a consacré une partie des 20% restant au personnel. Ainsi, lors de l'introduction en Bourse, le personnel (un effectif de 2.370 personnes) pouvait bénéficier d'au moins 5%. A moins de changer de contrat, cette clause ne peut être oubliée. Selon une source du ministère des Finances, l'actionnaire de référence, Altadis, n'envisage pas de faire coter la Régie sur le marché boursier, auquel cas, intéresser le personnel au capital serait difficilement réalisable. L'opération d'acquisition des 80% du capital de la Régie des Tabacs, dont le coût total est de 1.309 millions d'euros, a été financée par un crédit relais de 1.100 millions d'euros, lui-même financé par deux émissions obligataires à 5 et 10 ans en octobre 2003. Sixième plus grande entreprise du Maroc par sa taille et unique acteur sur le marché du tabac, la Régie des Tabacs est une entreprise rentable, au cadre juridique et industriel clair. Le cadre de la privatisation et de la libéralisation du secteur du tabac fixé par l'Etat marocain place par ailleurs la Régie en bonne position pour tirer profit de sa situation de monopole jusqu'à l'entrée en vigueur progressive des nouvelles dispositions légales. La loi du 24 mars 2003 concède ainsi à la Régie l'exploitation des deux monopoles de la production et de la distribution du tabac en feuilles qu'elle détient aujourd'hui jusqu'au début 2005 pour l'importation des tabacs bruts, la fabrication et l'exportation des tabacs manufacturés et jusqu'au début 2008 pour l'importation et la distribution en gros des tabacs manufacturés. Ce délai est un atout non négligeable pour assurer le succès de la mutation de cette entreprise. Déjà, la stratégie retenue par la Régie des Tabacs commence à porter ses fruits. Logesta, le géant de la logistique, a pris racine au Maroc. Les produits introduits ont eu le succès escompté. La participation des résultats de la filiale marocaine dans le groupe Altadis est conséquente. Entrer en possession des 100% est assurément le gage de marges conséquentes pour l'avenir.