L'Etat marocain envisage la vente de 20% dans la Régie des Tabacs à Altadis, en 2006. Or, les intérêts du personnel qui s'attendait, comme promis, à bénéficier d'au moins 5% du capital risquent de partir en fumée. Altadis discute avec le Maroc de la vente d'une participation de 20% dans la Régie des Tabacs en 2006, a annoncé à l'agence de presse Reuters, vendredi 29 octobre, le ministre des Finances et des Privatisations Fathallah Oualalou. Altadis avait acheté à l'Etat marocain 80% de l'ancien monopole du tabac pour environ 14,08 milliards de dirhams (1,62 milliard de dollars) en 2003. Fathallah Oualalou, précise l'agence, souhaite obtenir le même prix pour les 20% restants, ce qui valoriserait cette participation à 3,5 milliards de dirhams (402,6 millions de dollars). Le contrat de cession prévoit que l'Etat marocain conservera durant deux ans une participation de 20% dans le capital de la Régie, participation qu'il aura la possibilité de mettre sur le marché durant les deux années suivantes grêce à une offre publique de vente. Par contre, ces 20% feront l'objet de droits d'achat et de vente entre l'Etat et Altadis à compter de la cinquième année suivant l'acquisition, soit 2008. Ces droits seront exercés à un prix équivalent à celui payé pour l'acquisition des 80% du capital de la Régie. Par conséquent, engager des discussions, reviendrait à dire que la cession serait réalisée avant cette date. Pis, le schéma initialement retenu, a consacré une partie des 20% restant au personnel. Ainsi, lors de l'introduction en Bourse, le personnel (un effectif de 2 370 personnes) pouvait bénéficié d'une partie d'au moins 5%. A moins de changer de contrat, cette clause ne peut être oubliée. Selon une source du ministère des Finances, l'actionnaire de référence, Altadis, n'envisage pas de faire coter la Régie sur le marché boursier, auquel cas, intéresser le personnel au capital serait difficilement réalisable. L'opération d'acquisition des 80% du capital de la Régie des Tabacs, dont le coût total est de 1 309 millions d'euros, a été financée par un crédit relais de 1 100 millions d'euros, lui-même financé par deux émissions obligataires à 5 et 10 ans en octobre 2003. Sixième plus grande entreprise du Maroc par sa taille et unique acteur sur le marché du tabac, la Régie des Tabacs est une entreprise rentable, au cadre juridique et industriel clair. Le cadre de la privatisation et de la libéralisation du secteur du tabac fixé par l'Etat marocain place par ailleurs la Régie en bonne position pour tirer profit de sa situation de monopole jusqu'à l'entrée en vigueur progressive des nouvelles dispositions légales. La loi du 24 mars 2003 concède ainsi à la Régie l'exploitation des deux monopoles de la production et de la distribution du tabac en feuilles qu'elle détient aujourd'hui jusqu'au début 2005 pour l'importation des tabacs bruts, la fabrication et l'exportation des tabacs manufacturés et jusqu'au début 2008 pour l'importation et la distribution en gros des tabacs manufacturés. Ce délai est un atout non négligeable pour assurer le succès de la mutation de cette entreprise. Il permettra à la Régie, avec l'apport de ressources du Groupe Altadis et une stratégie de développement dynamique, d'être prête pour relever le challenge de la libéralisation du marché du tabac. Ses marques propres détiennent une part de marché de 84% en volume et de 65,8% en valeur, et ont une forte notoriété. Les trois principales marques sont Marquise, Olympic et Casa Sports: elles représentent à elles seules 75% des ventes du marché en volume et 58% en valeur. En 2003, la Régie a vendu plus de 14 milliards de cigarettes, dont 43% de blondes marocaines, 41% de brunes marocaines et 16% de cigarettes d'importation. La transformation de la Régie en entreprise privée et la libéralisation du marché du tabac constituent un double enjeu fondamental pour les prochaines années. S'appuyant à la fois sur la complémentarité des activités et des compétences, une stratégie ambitieuse lancée dès le lendemain de la privatisation, a été élaborée. Elle porte sur trois axes principaux : le développement des ventes de cigarettes, l'expertise logistique et l'introduction progressive d'une activité cigares. Dans le domaine des cigarettes, il s'agira en priorité d'améliorer l'offre actuelle de la Régie sur le segment des cigarettes brunes, tout en développant le segment des cigarettes blondes où la concurrence est beaucoup plus forte. Sur le marché des cigarettes blondes, qui enregistre une progression constante, le Groupe Altadis mise sur le soutien du développement des marques locales et à l'élargissement du portefeuille. La Régie dispose en effet de plusieurs marques, en particulier Marquise, qui bénéficient déjà d'une forte notoriété. Parallèlement, l'introduction des marques stratégiques du Groupe, Gauloises Blondes et Fortuna, initiée dès le premier semestre 2004, sera suivie de celle d'autres marques du Groupe. Elle permettra d'enrichir le portefeuille de la Régie de deux marques internationales à forte notoriété qui seront destinées tant aux consommateurs marocains qu'à la clientèle touristique dont le gouvernement marocain prévoit un accroissement significatif dans les années à venir.