Région du Nord Trafic de drogue, contrebande, immigration clandestine, enclavement, désertification, raréfaction de l'eau, économie souterraine… La liste est longue, lourde et noire ! Ce Maroc du Nord (le nord du Maroc) aura décidément tout vu ! Nous le savons et vous avez certainement suivi le feuilleton des règlements de compte, des arrestations et des “malheurs nordiques”.Sauf que le vent du changement balaye peu à peu la version noirâtre du tableau. Le Nord : c'est aussi le nouveau chantier du développement ! Une région en pleine mutation : rocade méditerranéenne, zones franches, ports, aéroports, zones industrielles et bien d'autres projets rénovent la région. Rétrospective et visite guidée d'un Nord qui promet autre chose que le shit : une ouverture digne vers l'Europe. Un travail signé Agence pour la promotion et le développement économique et social des préfectures et provinces du Nord. 1995 se veut l'année du Nord ! Le fait marquant serait la création de l'Agence pour la promotion et le développement économique et social des préfectures et provinces du nord du Royaume !!! Un titre pompeux qui endosse la responsabilité d'une région lésée ! La tâche est dure ! Et pour cause, la région a connu bien des traumatismes à caractère historique, naturel et politique. Elle est tout simplement une zone difficile de développement. Enclavée, longtemps laissée pour compte, elle s'est fait une réputation “calamiteuse”. Contrebande, culture du cannabis, immigration clandestine et pour comble, elle subit de plein fouet les phénomènes de la désertification et de la raréfaction des eaux. La fermeture des mines n'arrange point les affaires de la région ! Bouarfa fermée, la mine de Touissit est sur le point de l'être. La fermeture des frontières avec les voisins de l'Est met fin aux échanges fructueux ! Or l'Oriental a toujours servi de vecteur vers le Maghreb central et inversement de zone d'influence. A ce scénario “grisant” s'ajoute l'isolement linguistique de la région (rifain et espagnol) par rapport au reste du pays. Par ailleurs, les secteurs informels et illicites génèrent bien des ressources. A défaut d'être reconverties à des activités d'investissement productives, elles constituent une menace pour les institutions publiques. “L'argent sale” et son réseau se donnent les moyens pour une influence politique ! A-t-on parlé de tâches difficiles ? A entendre cette version, le Nord est en plein chaos ! Autant de facteurs qui seraient à l'origine de la création de l'Agence. Au début des années 1990, orienté par les directives de feu Hassan II, l'Etat montre un dynamisme et une présence particuliers dans la région. Une nouvelle donne renforce cette politique. Le choix stratégique d'un amarrage à l'Europe redore le blason de la région, zone de contact et d'affrontement avec l'Europe du sud. L'Etat s'accorde de nouveaux moyens (l'Agence) pour remettre d'aplomb la région qui s'étale de Larache jusqu'à Jerrada. Objectifs : favoriser le désenclavement, aider à une meilleure intégration à l'économie de la région, améliorer l'exploitation des ressources humaines, renforcer le tissu productif, dynamiser l'investissement, encourager la création d'emplois. Pour assurer ces missions, l'Agence coordonne avec l'ensemble des collectivités locales et territoriales et les représentants de la société civile. Interface de la coopération internationale, elle compte un Conseil d'orientation qui regroupe tous les ambassadeurs des pays de l'Union européenne. Son rôle a été réaffirmé par l'intérêt particulier et l'implication personnelle de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Désormais, l'Agence jouit d'une crédibilité populaire, renforcée par l'image royale. Les efforts déployés par la direction générale sont reconnus. Suivant la lignée de son prédécesseur Hassan Amrani, le nouveau directeur et ex-wali de Casablanca, Driss Benhima, connu pour son dynamisme et son sens stratégique trace la notoriété de l'agence. Cette dernière dépend du Premier ministre. Elle est chargée d'optimiser les ressources de la région. A commencer par ses façades maritimes. Un intérêt particulier est accordé à la Méditerranée. Preuve en est le complexe de “Tanger- Méditerranée” qui comprendra un port en eau profonde, une zone franche logistique de 98 hectares à Oued R'mel, des zones franches industrielles situées dans la région Tanger-Tétouan, une zone “duty free” commerciale de 125 hectares à Fnideq et des infrastructures de connexion. Ce projet est estimé à 11 milliards de dirhams. Celui de la rocade méditerranéenne coûterait dans les 5,2 milliards de dirhams. Cette route couvre 550 km d'Ouest en Est d'où une ouverture économique attendue. D'autres projets intéressent la région (voir encadré : les 10 aires de développement) et font l'objet d'un suivi ponctuel. L'agence s'est donnée un échéancier fixe et évalue les réalisations. D'ailleurs, les réunions de “mises à jour” se succèdent ! Après celle du 24 juillet à Tanger, une autre a eu lieu vendredi 19 septembre à Oujda. Elle a regroupé les walis et gouverneurs concernés. Une troisième devrait avoir lieu à El Hoceima prochainement. A l'ordre du jour : le bilan des projets en cours et leur suivi. Il s'agit d'actualiser la stratégie de l'Agence qui sera soumise aux conseils d'administration et d'orientation. Parallèlement, un programme d'infrastructures pour Oujda a été lancé sous les directives royales. Il comprend la création d'une faculté de médecine à Oujda et d'un fonds de 300 millions de DH pour soutenir l'investissement dans la région de l'Oriental. Il ne s'agit pas d'un rééquilibrage entre Nord et Sud, mais d'une ouverture vers l'Europe. Les 10 aires de développement Nador/basse Moulouya /Oujda : • la Rocade méditerranéenne, • l'aéroport de Nador , • la voie ferrée Nador-Taourirt, • le port de pêche de Saïdia, • la zone franche de Nador. Tanger-Tétouan : • port de Tanger-Atlantique, • zone franche de Tanger, • autoroute Larache – Tanger et Tétouan- Fnideq, • rocade méditerranéenne, • zone industrielle de Tétouan Côte méditerranéenne rifaine : • rocade méditerranéenne, • ports et abris de pêche • zones d'intérêt touristique, • arboriculture fruitière Rif et Moyen Atlas : • axes routiers Taounate-Al Hoceima et Ksar El Kébir - Chefchaouen –Targuist, • protections des bassins versants, • cultures alternatives. Saka –Taourirt : • barrage Laghrass, • zone industrielle et locaux professionnels, • voie ferrée Taourirt-Nador Versant Sud du Rif : • aménagements en bour, • arboriculture fruitière, • Petite et moyenne hydrauliques Bas Loukkos : • agro-industrie, • équipement et aménagement du port de Larache, • zone industrielle de Tétouan