Secteur bancaire L'activité bancaire a été paralysée jeudi dernier par la grève générale de 24 heures observée par une bonne partie des employés et cadres du secteur, à l'appel de l'USIB/UMT. Le syndicat menace d'accentuer sa pression en recourant à un autre arrêt de travail, de 48 heures cette fois, si les négociations avec le GPBM sur le montant de l'augmentation salariale pour cette année n'aboutissent pas. L'avenue des FAR, à hauteur de l'immeuble qui abrite le siège du syndicat de l'UMT, était bloquée dès 8H00 en cette matinée du 3 juillet. Les organisateurs qui encadraient la foule, constituée de centaines de grévistes du secteur bancaire, voulaient faire une démonstration de force pour motiver leurs troupes et envoyer par la même occasion un avertissement au GPBM (le Groupement professionnel des banques du Maroc). Il a fallu près de deux heures aux forces de l'ordre pour dégager l'avenue à la circulation, très dense en cette heure de pointe sur ce boulevard stratégique de la capitale économique. Cependant, les deux parties ont fait preuve de retenue et de sang-froid pour que des accrochages entre les policiers et les grévistes ne dégénèrent en incidents regrettables. A l'appel du président de l'Union syndicale interbancaire (USIB), transmis par un haut-parleur suspendu à l'entrée principale de l'immeuble de l'UMT, les grévistes dégagèrent l'avenue pour rejoindre l'immense salle de réunion sise au rez-de- chaussée dudit bâtiment. Entouré de ses principaux collaborateurs, en l'occurrence les délégués syndicaux des principales banques affiliées à l'USIB/UMT, Farouk Chahir prit la parole pour faire le point sur le taux de participation à l'action de grève à laquelle avait appelé le syndicat qu'il préside. Il commença par préciser que les rapports qui lui parvenaient des différentes villes du Royaume annonçaient un succès considérable de la grève et donna quelques taux : Casablanca 82 %, Tanger et Tétouan 95 %, Agadir 97 %, Rabat 87 %, Fès 85 %, Marrakech 91 % … A l'annonce de chaque taux, des applaudissements de satisfaction fusaient de la salle. En tout cas, un tour dans la ville ce matin-là démontrait que si la grève n'était pas suivie à 100%, puisque certaines agences avaient ouvert leurs portes, l'activité était fortement perturbée aussi bien au niveau des opérations de compensation des chèques et virements interbancaires que des règlements des chèques à vue devant les guichets. Seuls quelques responsables d'agences essayaient tant bien que mal de parer au plus urgent. Le GPBM aux abonnés absents Pour ce qui est des motifs de la grogne des salariés du secteur, il ne nous a pas été possible de recueillir le point de vue du patronat que représente le GPBM. Hadi Chaïbanou, le Directeur général de cet organisme, que nous avons contacté dans ce but, s'est contenté de cette réponse laconique: “Le GPBM ne fait pas de commentaire spécifique dans pareille situation !”. Aussi sommes-nous contraints de nous limiter au communiqué syndical publié à cette occasion par l'USIB. Selon ce syndicat affilié à l'UMT, l'action de grève du jeudi 3 juillet fait suite à l'échec des négociations avec le GPBM, qui portent sur trois points figurant sur le cahier revendicatif déposé depuis décembre 2002, à savoir l'augmentation générale des salaires, la réduction des taux d'intérêt sur les crédits immobiliers et la retraite complémentaire. Mais c'est surtout le premier point qui pose problème. Au cours de l'ultime réunion qui a regroupé le 27 juin dernier les représentants des deux partenaires sociaux, le GPBM a ainsi proposé “la modique somme de 400 dh qui ne sera octroyée au personnel qu'à partir du mois de janvier 2004”. Une proposition que le syndicat considère “insignifiante, dérisoire et provocatrice et nettement en deçà des aspirations des salariés du secteur dont le pouvoir d'achat est constamment érodé par la hausse des prix conjuguée aux effets de l'inflation.” Pour l'USIB, cette offre constitue une “grave atteinte à l'esprit du partenariat que l'USIB, seul partenaire du GPBM et signataire de la Convention Collective, a œuvré à instaurer et à entretenir depuis plus de 45 ans.”Rejetant la proposition du GPBM, le Conseil national de l'USIB/UMT, réuni en session extraordinaire le 30 juin au siège de l'UMT à Casablanca, a décidé d'appeler à la grève générale du 3 juillet. Une deuxième action de grève de 48 heures est prévue dans les prochains jours si les deux parties ne parviennent pas à un compromis.