Je n'ai rien contre les Iraniens, encore moins à l'égard de leur régime en place. Car, en fin de compte, cela les regarde. C'est eux qui l'ont choisi, et c'est à eux d'assumer les conséquences aussi bien positives que négatives. Dans cette même orientation, je pense que personne de l'extérieur n'a le droit de donner des leçons dans ce domaine. Mais ce qui m'a récemment contrarié, c'est l'essor du chauvinisme perse frôlant à nouveau les limites du racisme. Surtout lorsqu'il s'agit de citer, d'évoquer la région du Golfe et ses problèmes. Responsables, intellectuels et médias tiennent dans leurs discours, informations, écrits, à rappeler que ce Golfe est perse… et n'a jamais été arabe ! Ce retour à la provocation me choque. Car je n'arrive pas à comprendre ces raisons, notamment, dans cette étape critique pour tout le monde dans ce Moyen-Orient, Arabes compris. Dernier exemple en date, dont j'étais personnellement témoin, il y a de cela quinze jours. C'était, lorsque la nouvelle chaîne satellitaire en langue arabe “Al-Alam” (Le monde) m'a invité à un débat sur l'avenir de l'Irak. A mon étonnement, le modérateur n'a cessé de répéter à travers sa présentation du sujet et de ses axes que la majorité des Irakiens sont Chiites, et que le Golfe est persique. Ce qui prouve que les Iraniens portent, malheureusement, toujours ce microbe expansionniste. Les propos de ce modérateur m'ont fait revenir plus de 25 ans en arrière. Plus particulièrement, lorsque j'ai rencontré –par l'intermédiaire de feu Sadek Kotbzadah, ancien ministre des Affaires étrangères iranien, liquidé par le régime islamique peu après la réussite de la révolution- l'Ayatollah Khomeïni dans son exil en France. Je me rappelle très bien que pendant plus de trois-quarts d'heure, cette grande personnalité répondit à toutes mes questions en “farsi”. Il n'utilisait l'arabe avec un accent iranien, que lorsqu'il voulait prononcer des citations du Coran ou du Hadith de Sidna l'Imam Ali ben Abi Taleb. A la fin de cette rencontre historique pour moi, je lui ai posé la question suivante : lorsque vous allez retourner victorieux, Incha Allah dans votre pays et instaurer le régime de justice que vous souhaitez, vous allez sûrement mettre fin à l'occupation effectuée par le Shah des trois îles émiraties : Tomb al Koubra, Tomb al-Soughra et Abou Moussa ? Le visage du vieillard s'est soudain assombri, les muscles durcis. Il m'a regardé dans les yeux en répondant cette fois dans un arabe parfait : “la houdouda fi al Islam” (il n'y a pas de frontières en Islam). Alors, j'ai compris que les Perses resteront des Perses et que leurs projets expansionnistes seront vivants avec ou sans le Shah. Les Iraniens, qui veulent, à tout prix, occuper ces îles stratégiques en raison de leur proximité du Détroit d'Ormuz, ne peuvent que rejeter la reconnaissance de leur arabité. Pourtant, les drapeaux des émirats de Charja et Ras al-Khaïma ont été plantés sur ces îles lors d'une cérémonie à laquelle a assisté le gouverneur britannique en 1918. De plus, les documents et les cartes se trouvant aux archives de la Grande-Bretagne confirment l'appartenance de ces trois îles aux Emirats Arabes Unis. Force est de souligner que les Iraniens n'ont pas besoin de mettre la main sur ces terres d'une superficie de 222 km2. Mais, de contrôler le passage maritime vital d'Ormuz, par lequel est acheminée une grande partie de l'approvisionnement du monde en pétrole brut. De plus, il s'est avéré avec la guerre d'Afghanistan et d'Irak que l'Iran, composante de l' “axe du mal”, ne se dote pas d'armes sophistiquées depuis quelques années pour contrecarrer l'hégémonie américaine, qu'elle appelle le “Grand Satan”. Mais plutôt pour intimider ses voisins, notamment après la sortie de l'Irak de l'équation régionale. J'aimerais que mon analyse soit erronée et que les Iraniens prouvent le contraire de ce que je pense, ce, en entamant des négociations avec les Emiratis pour mettre fin à cette occupation. Mais, les positions de Téhéran demeurent décourageantes. Pour preuve, ils continuent à ignorer le mémorandum signé entre les deux pays concernant l'île d'Abou Moussa. Le chef de l'Etat des E.A.U, Cheikh Zayed Ben Sultan a déployé des efforts considérables pour arriver, en vain, à une solution. Cependant, l'Iran campe sur ses positions entravant ainsi toute issue au conflit, et ne cesse de recourir à la provocation. Les dirigeants de la République islamique oublient, ou simplement ne veulent pas se rappeler le Hadith du Prophète Sidna Mohammed s'adressant aux Perses : “aimez les Arabes pour trois raisons : parce que le Coran est Arabe, le langage des habitants du paradis est Arabe, et, enfin, parce que moi-même je suis Arabe”.