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Interview avec monsieur Brahim Hafidi, Président de la Région Souss Massa Draa
Publié dans Agadirnet le 07 - 04 - 2010

-A. O. : Monsieur Brahim Hafidi, merci de nous avoir reçu et surtout félicitations pour votre élection à la présidence de la région Souss Massa Draa. D'ailleurs, nous sommes fiers de votre nomination à cette présidence. Vous occupez maintenant deux fonctions de haute responsabilité, directeur de l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan II et président de la région S.M.D. Comment pouvez-vous gérer ces deux énormes responsabilités en même temps ?
-Brahim Hafidi : Effectivement ce sont deux responsabilités énormes, mais quand j'étais à l'Institut Agronomique, on a toujours travaillé avec le monde extérieur, donc étant directeur de l'Institut j'ai toujours participé également à tout ce qui se passe dans notre région notamment par l'animation du secteur associatif et même durant le mandat de Monsieur Aziz Akhannouch. J'ai beaucoup participé aux activités de la région, j'étais président de l'association -Agrotech qui mettait en œuvre la politique de la région en matière d'agriculture, donc pour moi je ne me suis pas senti étranger à l'institution.
-A. O. : De l'institut agronomique qui est une institution scientifique à la présidence de la Région Souss Massa Draa qui est une institution politique quelle est exactement la mission de la région SMD et quel est le rôle de la présidence de cette région ?
-B. H. La présidence de la région s'occupe de tous les secteurs, économique, social, culturel, sportif… Elle s'occupe de tout ce qui concerne la vie des citoyens et essaye de trouver les moyens pour le développement de la région. Effectivement c'est un grand chantier. Personnellement, c'est toujours quelque chose que j'ai eu sur le cœur, de participer au développement de notre région. Les problèmes, je les connaissais puisque j'ai parcouru toutes les provinces, les préfectures de la région, j'ai rencontré les gens, je connais les problèmes, et maintenant, le défi, c'est de voir comment mobiliser tous les acteurs pour faire ce qu'on peut, puisque les problèmes sont énormes, la tâche est difficile, mais il y a des priorités, il y a une méthodologie, j'espère apporter mon grain de sel avec tous les acteurs pour les mobiliser et essayer de développer notre région.
-A. O. : La Région SMD est l'une des plus grandes au Maroc et la plus riche en agriculture, en produits halieutiques et aussi en tourisme. Est-ce que toutes ces richesses sont bénéfiques aux citoyens de la région ? Avec tout ce que ça rapporte, est-ce qu'il est investi dans la région elle-même ou ailleurs ? Et quel est votre programme concernant la répartition du bénéfice des richesses de cette région SMD ?
-B.H.: Il y a déjà une étude stratégique qui a été faite au début du mandat du dernier conseil qui a déterminé les grands axes prioritaires et les potentialités qu'il faut encore utiliser. Je pense qu'on est sur la bonne voie. Quand vous prenez les trois secteurs clefs qui sont : l'agriculture, le tourisme et la pêche maritime qui représente 80% du PIB de la région, là il y a deux classes, il y a les investisseurs, peut-être qui viennent de l'extérieur, d'autres régions du Maroc, parfois de l'étranger, ce sont des investisseurs qui ont quand même créé de l'emploi et de la richesse dans la région. Évidemment il n'y a pas eu un développement durable : pour l'agriculture, c'est la problématique de l'eau qui est devenue un facteur limitant. Pour la pêche, il y a la surexploitation des ressources halieutiques. Pour le tourisme, je pense que là également il y a des problèmes. Donc, on n'a pas pu tirer profit de toutes les potentialités existantes, mais justement le conseil régional s'est attelé à résoudre tous ces problèmes. Notamment, nous avons une politique de l'eau pour sauvegarder notre ressource en eau et pour arriver à un équilibre de la nappe, là on a une stratégie. Pour être bref, on a beaucoup de travail sur l'économie de l'eau et on a décidé d'arrêter l'extension de superficies cultivées surtout en agriculture moderne. Et puis il y a le plan Maroc vert régional, maintenant, qui est la feuille de route pour le développement agricole.
-En agriculture ce qui n'a pas été utilisé comme potentialité, c'est justement les produits du terroir que la région a développé. Nous avons dressé tout un programme pour valoriser les produits du terroir. Là également, nous avons une étude qui nous a donné une priorité, nous avons mis en place un fond, on a encouragé les jeunes et les coopératives à s'intéresser aux produits du terroir. Pour le produit phare qui est l'arganier, on a attaqué sur tous les angles, recherche, développement, reboisement. Il y a les figues de barbarie qu'on est en train de valoriser, on a déjà deux structures très importantes qui se valorisent à Aït Baâmran. Il y a le safran, on fait un travail très important sur le safran ; il y a la rose à Kalaât M'gouna, il y a les dates… Tout ça est en train d'être valorisé. Je dirais sur le secteur de l'agriculture, qui a été marginalisé, qu'aujourd'hui avec les efforts du conseil régional, va devenir très important et ce sont ces produits qui vont apporter la richesse aux pauvres, aux populations de la montagne, comme le bord d'Aït Baâmran et dans des zones défavorisées. Donc en agriculture, tout en gardant notre agriculture moderne qui assure la rentrée des devises et de l'emploi, on a également développé l'agriculture de montagne.
-Pour le tourisme, en plus du balnéaire, le conseil régional a appuyé la micro industrie touristique et le développement du tourisme rural et écologique, le conseil régional va financer une cinquantaine de petits projets, des auberges. J'ai visité les régions de Zagora, Tinghir, Ouarzazate, j'ai été étonné par le nombre d'auberges et toute l'activité du tourisme rural qui est développé là-bas. Nous avons mis en place des conseils provinciaux de tourisme pour exactement développer ce tourisme de l'arrière pays. Nous avons le balnéaire qui concerne les grands investisseurs, mais nous avons le tourisme rural que nous n'avons pas encore assez développé, puisqu'il y a toutes les montagnes de l'Anti-Atlas, Tiznit, Tafraout, Aït Baha, il y a encore des potentialités qui vont être bénéfiques aux populations locales.
-Pour la pêche, il y a des projets pour la pêche halieutique, « Halieutis », un projet national qui a démarré ici et qu'on a mis en place à Drarga une plateforme de valorisation des produits de la pêche dont le chantier va démarrer bientôt au mois de janvier. Les travaux vont commencer et c'est une plateforme sur 150 hectares où il y aura la valorisation des usines, également toutes les structures accompagnantes de formation, de contrôle, de laboratoires de contrôle et tout ce qui est nécessaire pour assurer la bonne valorisation des produits halieutiques. Et bien sûr, nous avons la pêche artisanale, d'ailleurs S.M. Le Roi a inauguré un petit port de débarquement à Aglou, donc là également c'est des unités de la pêche artisanale qui sont dotés de moyens pour mieux valoriser leur produit. Voilà donc pour ces trois secteurs, à la fois un appui pour les investisseurs pour garantir l'emploi et la richesse, mais on doit aussi penser aux populations pauvres qui ont des potentialités pour qu'elles bénéficient également de la richesse, c'est ça notre objectif : la répartition de la richesse de la région.
-A. O.: Concernant la consommation d'eau dans l'industrie agricole, ne trouvez -vous pas que ce sera plus économique d'annuler certains produits de luxe qui demandent beaucoup d'eau comme la tomate au détriment des produits que les Marocains consomment le plus souvent, notamment les céréales au lieu des bananes, kiwi et de ce genre que seul à l'occasion des fêtes sont consommés, c'est pratiquement chercher de l'eau au fond de la nappe pour l'exporter aux pays débordé en eau?
-B. H. Je ne suis pas du tout de cet avis, je prends l'exemple de la tomate, la principale production de notre région est la tomate, d'ailleurs toutes les tomates exportées à l'étranger proviennent de notre pays à 95%
-A. O. : C'est de l'eau quand-même !
-B. H. : C'est de l'eau. Je ne suis pas tellement d'accord, comment on a raisonné puisque je suis personnellement cette problématique de l'eau ? Je crois qu'il faut regarder la valorisation de l'eau puisqu'on est dans un système de la globalisation, on n'est plus dans un petit patelin où on est enfermé. On doit travailler dans le raisonnement de la globalisation. Donc quand j'ai une quantité d'eau, je dois voir comment la valoriser au mieux. Alors je vous donne quelques chiffres ; la tomate valorise l'eau à plus de 25 DH le mètre cube, on a les cultures maraichères à 25 DH. Pour les oranges, la moyenne qu'on a elle valorise à 5 DH, les gens qui travaillent bien ils valorisent 15 DH le mètre cube. Les cultures fourragères ne valorisent même pas à 1 DH le mètre cube. Si on a un choix sur une culture qu'on doit choisir, la céréale c'est encore moins, vers 2 DH le mètre cube, les céréales n'ont pas besoin de beaucoup d'eau. Mais, si on doit choisir, il faut choisir la culture qui rentabilise mieux l'eau, avec cet argent je peux acheter les céréales. Dans notre région SMD, il faut oublier la culture des céréales, nous ne sommes pas une région de la culture vu les changements climatiques, nous avons la pluie une fois tous les dix ans, les pauvres qui cultivent chaque année, souvent, ils perdent même le semé. Alors il faut voir quelles sont les cultures qui sont d'abord adaptées à notre climat ? Pourquoi on a la tomate ici ? Parce qu'on a un climat propice. En Europe, on ne peut produire la tomate comme on le fait ici puisqu'ils n'ont pas le climat d'Agadir, en tenant compte de ce climat, il faut choisir les cultures qui sont plus adaptées. Je vous donne deux exemples : pour Massa, la tomate convient très bien puisqu'elle valorise au mieux le mètre cube. Pour Aït Baâmran, les gens de cette région l'ont compris depuis longtemps, puisqu'ils faisaient les céréales pendant des années, ils ne récoltent plus rien, ils ont transformé leurs terrains en cactus, figues de barbarie, aujourd'hui les figues de barbarie sont beaucoup plus rentables. Donc, ils gagnent au moins 20 000 DH à l'hectare au lieu de 3 000 DH s'il pleut. Là également, ils ont mis une spéculation qui est adaptée au climat, qui est adaptée au sol et qui a une grande valeur. Ils valorisent sans irrigation. C'est pour cela que nous encourageons tous les produits du terroir, parce que ces produits ont une grande valeur, et ils vont remplacer les céréales qui ne sont plus des cultures adaptées. Aujourd'hui il faut raisonner valorisation, comment valoriser au mieux le mètre cube d'eau. On est en train de faire un travail extraordinaire dans cette région qui n'est pas encore très bien connue en matière de l'économie de l'eau. Nous utilisons des techniques modernes, je vous invite à visiter l'Institut Agronomique pour voir quelques fermes où les gens utilisent des techniques moderne pour l'irrigation, maintenant l'irrigation est gérée par ordinateur, c'est plus que les goutes à gouttes, c'est gérer en temps réel les besoins de la plante par informatisation. Avec cette technologie nous avons pu économiser par rapport aux gens qui font du goutte-à-goutte plus de 2 000 mètres cubes par hectare sur les agrumes. Si on fait ça sur les 33 000 hectares, on a économisé plus de 60 millions de mètres cubes, c'est presque un barrage, et la technologie va encore nous donner plus d'économie seulement il faut que l'arrêt des superficies soit respecté.
-A. O. : Ne pensez-vous pas que les nouveaux barrages, notamment celui prévu dans la région de Taroudant pourrait priver d'eau les montagnards d'une part, et d'autre part ça empêcherait l'eau de pluie d'atteindre la nappe ? Puisque dans la région de SMD, il y a deux sortes de réservoirs naturels, la nappe phréatique qui s'alimente grâce à la pluie et cette espèce de lac souterrain une fois épuisé, plus rien qui puisse l'alimenter, qu'est-ce que la région SMD prévoit pour cela ?
-B. H. : Je pense que ça fait déjà trois ans maintenant qu'on a mis en place une convention cadre signée par 16 partenaires, parmi lesquels il y les associations professionnelles des agriculteurs, les acteurs les plus importants, puisque dans le Souss l'eau est consommée par l'agriculture à 95%. On connait notre déficit il est énorme, le déficit de la nappe, on a de grandes nappes dans le Souss Massa, la nappe du Souss qui arrose la région de Taroudant et Ouled Berhil qui est destinée à l'irrigation des agrumes. Cette nappe a un déficit de plus de 230 millions de mètres cubes, c'est le déficit annuel, c'est-à-dire ce qu'on tire dépasse ce qui est renouvelable, de 230 millions, donc un déficit énorme. La nappe de Massa-Chtouka qui est destinée à irriguer les cultures des serres et primeurs a un déficit de 59 millions de mètres cube, c'est un déficit qui n'a existé qu'après 2003. On connait cette situation, alors pour mettre fin à ça, d'abord on a décidé d'arrêter des extensions, il y une politique des barrages, d'ici 2020 on va construire tous les barrages possibles, même les petits. On n'a pas beaucoup de possibilités, on a cinq barrages moyens et le reste c'est de petits barrages pour mobiliser ce qu'on peut. Il y a également un axe de la recherche de nappes profondes, qu'on n'a pas encore fait. Les agences du bassin entament des travaux de recherche des nappes profondes. Mais on a pris des mesures, si on fait l'économie correctement, puisqu'on a plus de 50 000 hectares qui sont encore irrigués à la raie, donc on doit faire la reconversion en goutte à goutte, et dans cette convention on a fait la recherche sur 30 000 hectares à reconvertir en goutte à goutte. Le programme a déjà commencé, on a un échéancier jusqu'à 2012 et jusqu'à 2009 on a atteint notre objectif soit 9 000 hectares en conversion. Le Ministère de l'agriculture a pris tout récemment une décision courageuse, c'est de subventionner à 100% le goutte à goutte pour tous les agriculteurs qui ont moins de cinq hectares, donc pour tous les petits agriculteurs, ça va nous permettre d'aller plus vite, puisqu'on ne va plus attendre la participation des agriculteurs qui sont pauvres, qui n'arrivent à honorer les 20% qu'ils doivent payer. Ce qui va nous faciliter le cas. Cette reconversion va nous permettre de réduire énormément ce déficit. Il y a le projet d'El Guerdane qui vient de commencer et qui va atténuer la pression de la nappe.
-A. O. : Qu'est-ce que c'est le projet d'El Guerdane ?
-B. H. : Le projet d'El Guerdane consiste à apporter l'eau du barrage d'Aoulouz, puisque ce barrage était destiné à l'alimentation de la nappe. On va donner 40 millions de mètres cubes par an à partir de ce barrage, donc il y a une grande canalisation qui est venue d'Aoulouz jusqu'à Sept El Guerdane, c'est presque 100 kilomètres. C'est un travail énorme et on va donner aux agriculture 40 millions de mètres cube sur 10 000 hectares pour sauver cette zone, puisqu'à El Guerdane il y a des gens qui sont arrivés au fond de la nappe, ils l'ont épuisé, donc on va donner 50% de son besoin, pour chaque agriculteur qui garantit le goutte à goutte. Avec les nouvelles méthodes qu'on a mises en place depuis le pilotage de l'irrigation, on va encore gagner, si on respecte ces instructions, pour l'économie de l'eau, ça veut dire qu'on va réduire énormément le déficit.
-Pour la nappe de Chtouka, là, la situation est différente, puisque Chtouka est à côté de la mer, on ne peut se permettre de garder un déficit pour plusieurs années, puisqu'il y a le risque d'intrusion d'eau de mer dans la nappe, tout sera perdu, on aura de l'eau salée partout, et ça c'est grave, là également nous avons décidé de créer une station de dessalement pour l'agriculture dans la région. Nous avons tout fait, nous sommes allés en Espagne, on a vu leurs expériences, on a pris la décision, on a convaincu tous les acteurs, les études ont démarré, elles sont presque à leur fin, bientôt, on aura notre première station de dessalement pour l'agriculture dans la région qui va irriguer et ainsi sera comblé ce déficit qu'on a à Chtouka.
-A. O. : Si on parlait de la pêche ? C'est un grand problème dans la région de SMD et aussi au Maroc, d'autant que les prévisions mondiales prévoient que la mer ne produira plus de poisson d'ici un demi-siècle. Le Maroc est l'un des pays les plus riches en produits halieutiques, que prévoyez-vous pour résoudre ce problème ici et surtout quelle est la position de la région et du Maroc vis avis des pays de l'Union Européenne qui ne cessent d'épuiser les ressources halieutiques du Maroc ?
B. H. : Le Ministre de l'agriculture et de la pêche maritime a présenté sa stratégie nationale, comme vous avez parlé des ressources, au niveau mondial il y a le problème de la ressource halieutique, mais il y a la tendance pour combler le déficit. Au niveau mondial, l'aquaculture a pris une relève importante. Le développement de l'aquaculture pour répondre aux besoins mondiaux et des consommateurs de poisson. Comme on fait l'élevage des autres animaux, aujourd'hui on fait l'élevage du poisson.
-Pour notre région, on a opté pour la valorisation du poisson, puisqu'on a toute l'infrastructure nécessaire. C'est d'ailleurs l'objectif du parc industriel 'Haliopolis' qui va démarrer à Drarga. Ce parc, va héberger toutes les industries de transformation de poisson, avec une grande valeur ajoutée dans l'avenir, il ne faut plus penser uniquement à nos ressources, mais on peut en acheter en Afrique où il y a encore le poisson, le valoriser ici et l'exporter dans le monde entier, c'est ça la vision de ce parc « Héliopolis ». Nous allons entamer bientôt des recherches de sites, surtout avec nos amis Canariens qui ont une grande expérience en aquaculture pour identifier les différents sites où on peut faire de l'aquaculture dans notre région pour augmenter la matière première.
-A.O. : Y a-t-il du nouveau concernant les accords entre la communauté Européenne et le Maroc sur la pêche au large des côtes marocaines ? C'est quand même énorme de voir une armada d'usines flottantes européennes qui pompent 24h/24h les ressources halieutiques du Maroc ? Qu'est-ce que le Maroc a fait à l'égard de ces européens ? Il y a aussi les pêcheurs de la pêche artisanale d'Imssouane à Tifnit qui ne cessent de se plaindre quotidiennement contre les grands chalutiers nationaux et internationaux qui viennent traîner de long filets de pêche le long de la zone réservée à la pêche artisanale et que tous les responsables semblent ignorer...! Même les surfeurs ne cessent de se plaindre contre la transgression de ces grands bateaux. Résultat, les pêcheurs des cette région de SMD risqueraient d'abandonner la pêche. Qu'est-ce que la région SMD et le Ministère de la pêche maritime peuvent faire pour ces gens-là ?
-B. H. Pour les accords internationaux, avec le Ministère de la pêche et avec le Ministère des affaires étrangères, ils sont réglementaires, ce n'est plus comme avant, il y a un suivi, maintenant il y a des repos biologiques, il y a également beaucoup d'arrêts. Pour ceux qui ne respectent pas la loi, il y a une police maritime qui commence à faire son travail, mais la surexploitation, je pense, est le résultat de pêche sans contrôle. Aujourd'hui avec la nouvelle stratégie, il y a des mesures de contrôle de ressources, c'est comme l'eau. Pour la pêche artisanale, les pêcheurs doivent se regrouper et être encadrés et disposer de plus de moyens. Ils doivent s'organiser autrement pour respecter les arrêts biologiques et toutes les mesures du Ministère.
A. O. Quand-même, les pêcheurs d'Imssouane, Aghroud, Imiouaddar et Taghazout ne cessent de se plaindre contre l'abus de ces grands bateaux de pêche, j'en ai moi-même parlé à plusieurs reprises aux responsables de la Chambre des Pêcheurs, aux responsables maritimes et surtout au Ministre de la Pêche maritime, Monsieur Aziz Akhannouch, et à chaque fois ils me disent qu'ils vont faire appliquer les lois, qu'ils vont faire respecter les limites de pêche pour chaque catégorie de pêcheur… mais toujours rien n'est fait, aucune mesure n'a été prise. Car n'oubliez pas que près de 60% de la pêche artisanale fait vivre tout le Maroc méridional. Ne pensez-vous pas qu'il est temps de se pencher sérieusement sur ce problème ?
-B. H. : Personnellement je ne connais pas encore en détail tous les problèmes de la pêche artisanale, mais au niveau de la région, nous avons une commission qui va s'occuper de la problématique de la pêche. II y a une nouvelle équipe à la Chambre de la Pêche Maritime qui va aussi défendre les intérêts de ces petits pêcheurs et nous allons les appuyer comme nous avons fait pour les autres tranches de la population, nous allons appuyer tous les acteurs de la pêche artisanale pour améliorer leur situation, leur revenu, améliorer aussi leur organisation.
-A.O. : Il y a aussi ce dossier proportionnel qui est celui du tourisme rural. Dernièrement, lors d'une exposition en Europe où j'ai constaté dans les milieux des campus des affiches publicitaires sur le tourisme rural au Maroc, ce qui est une nouveauté de l'industrie touristique. Qu'est-ce que la région SMD peut faire pour améliorer ce genre de tourisme ?
-B. H. Le tourisme rural c'est quelque chose qui nous intéresse beaucoup, la région a déjà accompagné par des subventions une cinquantaine de jeunes qui ont créé leurs auberges dans différentes préfectures et régions. Il y a des points d'accueil à Imouzzer Idaoutanane, à Agadir, des points touristiques à Chtouka Aït Baha pour lequel la stratégie est faite. Dans la région de Tiznit et Tafraout, l'étude est en cours. Nous sommes en train d'organiser tous les acteurs pour créer d'abord une offre, il faut avoir d'abord des gîtes. Dans la région de Zagora et Ouarzazate, ils sont déjà avancés, puisqu'il y a une tradition de tourisme rural depuis très longtemps, le tourisme du désert aussi. J'ai personnellement fait une tournée, c'est quelque chose qui m'intéresse beaucoup, j'ai rencontré des jeunes, la majorité d'entre-deux sont très motivés et ils font du très bon travail, mais il manque un peu de marketing, de commercialisation. J'ai constaté que les auberges sont mieux connues par des étrangers qui lisent le Routard, alors que ce type de tourisme peut également être utilisé par les nationaux. Nous voulons aider tous ces acteurs à mieux s'organiser, pour faire du marketing et vendre leur produit, puisque c'est un excellent produit. A cet égard, nous avons une coopération décentralisée avec le conseil régional de L'Isère, Grenoble, qui vont nous aider pour la mise en place de points attirants : quelques musées, la grotte de WinTinmdouine qu'on va aménager et qu'ils vont nous aider dans la conception d'aménagement. J'ai visité une grotte pareille à Grenoble, un grand nombre de visiteurs la visitent chaque jour, il faut voir comment elle est valorisée avec des éclairages, avec des sentiers. Nous avons également une coopération décentralisée avec le conseil général de l'Hérault qui a développé le tourisme il y a 40 ans, ils vont nous aider à mettre en place une organisation, comment faire le marketing. La région soutient financièrement le conseil régional du tourisme et les conseils provinciaux du tourisme. Avec tous ces acteurs nous allons travailler ensemble pour valoriser mieux notre tourisme rural pour le tourisme de l'arrière-pays puisque c'est quelque chose de très recherché et qui a un impact direct sur la population. Puisque vous êtes artiste, je vous invite à visiter une auberge du village d'Aït Hddou, là-bas vous pouvez vous y rendre, vous avez une piste, après, il y a un artiste qui a fait une auberge où il peint ses tableaux, dans une palmeraie, là il reçoit des touristes de qualité qui viennent séjourner très longtemps.
-A. O. : Il y a en ce moment un grand problème pour remplir les hôtels d'Agadir, est-ce que cela est dû à la politique nationale qui gère l'industrie touristique au Maroc, ou est-ce dû à la politique commerciale des agences de voyages ? On constate une sorte de politique de « deux poids, deux mesures » surtout concernant les avions à destination de Marrakech et Agadir, il y a plus de vols entre Paris et Marrakech qu'entre Paris et Agadir, pourtant en hiver tout Paris se rend à Agadir. On leur dit qu'Agadir est plein, mais pas Marrakech, qu'est-ce que la région peut faire pour ça ?
-B. H. : On a parlé du tourisme rural et balnéaire, j'ai oublié de parler de l'axe sur lequel nous travaillons et d'ailleurs pour créer une meilleure intégration de la région. Nous sommes en train de travailler sur une ligne aérienne, entre Agadir-Ouarzazate-Zagora-Marrakech, une ligne interne, ça va permettre de créer une symbiose entre le tourisme rural, le tourisme du désert et le tourisme balnéaire, on travaille sur ce projet qu'on a lancé.
-Pour le tourisme balnéaire, aujourd'hui, il y une crise qui est liée la crise financière mondiale, donc toutes les villes souffrent. J'ai été à Ouarzazate il y a deux jours, le grand aéroport est vide ; à Agadir, la situation est aussi morose. Notre projet phare de Taghazout n'a pas abouti à cause de la crise financière, je vous informe que l'exportation de la tomate en souffrira aussi cette année, pendant des mois la commercialisation est très mauvaise. Il faut avouer que nous traversons une conjoncture de crise économique mondiale qui fait que les Européens, les Occidentaux qui sont les plus grands consommateurs ne le sont plus, donc il y a un retrait de l'activité. Je pense que c'est la principale cause de ce qu'on voit, mais ça n'empêche pas bien sûr, au niveau de notre tourisme, qu'on doit être un peu plus agressifs, mieux organisés. Il faut s'organiser autrement, notamment le CRT, le Conseil Régional du Tourisme, doit réfléchir à comment améliorer l'offre Agadir. A mon avis, pour Agadir il faut que les gens se mettent ensemble, faire plus de marketing, aller chercher des lignes, peut-être avoir un bureau comme agence de voyage. Il faut créer des bureaux en Europe. Agadir ou la région doivent créer dans le monde des tours opérateurs, il faut travailler autrement pour mieux vendre notre région, on ne doit plus penser Agadir, on doit penser région puisque nous avons une offre extraordinaire qu'il faut valoriser. Je pense qu'il y a des efforts qui se font dans ce sens, il y de nouvelles lignes qui seront ouvertes sur Agadir, il faut aller de l'avant, il faut être plus agressif en ce qui concerne la politique régionale du tourisme ?
-A.O. : Avant de terminer cet entretien, il y a la question de l'arganier ; puisque vous êtes aussi le Président d'Agrotech, vous savez que cet arbre est un endémique typiquement marocain, l'un des premiers arbres sur terre. Il date de la période quaternaire, il a plusieurs centaines de millions d'années, il est le patrimoine régional, national et mondial, il est le symbole de la culture amazighe, il est l'arbre indissociable de l'environnement d'Agadir et de la région SMD, il est économiquement rentable, puisqu'il a atteint presque 100 US$ le litre, mais voilà que l'espace de l'arganier est en train d'être usurpé par le développement urbanistique. Qu'est-ce que la région SMD peut-elle faire pour sauver son espace contre l'expansion et l'extension immobilière ?
-B.H. : L'arganier c'est quelque chose qui me tient à cœur, je suis un natif de l'arganeraie, j'ai toujours œuvré à ce qu'on préserve notre arganier, il vaut mieux tard que jamais, aujourd'hui les choses sont sur la bonne voie.
Au cours du XXème siècle, on a perdu 2/3 de notre patrimoine, pas tellement par la superficie ou par les villes, on l'a perdu en densité, puisque l'arganier s'étale sur 800 000 hectares, à peu près, d'Essaouira jusqu'à Sidi Ifni, jusqu'à même Guelmime. Au début du siècle dernier, on avait 300 arbres par hectare, aujourd'hui on n'a même pas 100 arbres par hectare, donc là où on l'a perdu c'est en densité. A mon avis le problème, si on veut récupérer l'arganier, il faut reboiser, il faut planter de l'arganier. Il y a 15 ans, on disait qu'il était impossible de multiplier l'arganier. Je pense qu'on a résolu ce problème. Aujourd'hui, on peut planter l'arganier comme on plante tous les autres arbres, on a la technologie pour le planter en pépinière, le transplanter, le voir grandir, on peut le faire en arbre verger, on peut le planter en forêt, on est en train de perfectionner toutes ces études, toutes ces expériences pour avoir plus de réussite.
Donc toutes les expériences sont là, vous avez un verger à l'Institut agronomique dont les arbres ont produit au bout de trois ans, c'est comme les autres arbres. On l'a mis dans le barreau est-ouest, près de l'université. Il y a cinq barreaux, on y a mis les plantes de l'arganier qui ont bien poussé. Elles sont là pour que tout le monde les voie, on a voulu marquer l'identité de la ville par l'Arganier comme partie intégrante de l'espace vert. Il y a le projet financé par la communauté européenne qui accompagne les coopératives féminines qui sont organisées. Elles ont valorisé l'huile, ce qui a poussé les gens à reboiser.
Quel est le plus du conseil régional ? Nous, au conseil régional, nous avons attaqué du côté juridique, comment protéger le produit, l'huile de l'arganier, on a travaillé avec la coopération décentralisée de la région d'Aquitaine. Cette région a beaucoup de produits de terroir qu'elle protège. Nous voulons aujourd'hui protéger l'huile de l'arganier et même le mot arganier ; il y a trente sociétés qui utilisent le mot argane, alors qu'ils n'ont pas le droit, c'est notre produit, donc on doit le protéger. Nous avons travaillé pendant deux ans avec les différents acteurs, toutes les coopératives, les privés, les administrations et la première loi de protection d'un produit de terroir c'est la loi de l'arganier, elle est sortie l'année dernière ! La première indication géographique de l'arganier est sortie en 2009. On a également une protection de l'huile de l'argane, nous avons créé ici une Association Marocaine de l'Indication Géographique de l'Argan (AMIGHA) qui va mettre en œuvre le suivi du CTG. La protection a sa finalité, c'est d'avoir une huile d'argane qui, en quelque sorte, est certifiée, quelle est produite dans la région avec les méthodes ancestrales de la région, mais également avec les méthodes modernes, mais il y a un cahier de charge, c'est-à-dire que celui qui achète cette huile, il est sûre qu'elle est de qualité, donc on vend, on donne un label de qualité. Il y a tout un cahier des charges que nous avons établi ensemble : comment doit se faire la cueillette, comment doit se faire le processus, l'emballage etc...On garantit que l'huile qui a ce label, ce titre VG, est de haute qualité qu'elle a été produite selon le cahier des charges, et nous sommes en train de mettre en place un groupe qui suivra tous ce processus. Donc là c'est une protection juridique. On l'a attaqué également sur le côté de la recherche, on l'a attaqué sur la promotion, puisque nous avons financé également les coopératives et des jeunes qui veulent valoriser l'arganier. Le travail de l'arganier se déroule bien. Maintenant, ce qui me gêne un peu c'est la sensibilisation, puisqu'il y a encore des populations qui refusent le reboisement, les eaux et forêts on le budget pour le faire, on a la technologie pour réussir ce reboisement, donc la population doit mieux participer et doit être consciente de l'importance du reboisement, puisqu'aujourd'hui on est en crise de la matière première. Il y a la demande, on n'a plus la matière première, donc il faut planter et c'est là l'arbre le plus adapté à notre climat surtout dans les montagnes qui ne demandent pas beaucoup d'eau. Et, si on suit ce processus, je crois qu'on va bien développer l'arganier. Je pense que les extensions des villes ne sont pas très importantes par rapport aux 800 000 hectares qu'on a encore à repeupler. Je tiens quand-même à dire quelque chose sur le grand Agadir, il faut qu'on respecte une ceinture verte de l'arganier puisque les infrastructures sont protégées par l'arganier, je pense que c'est une erreur d'éliminer tous les arganiers qui protègent Agadir et de vouloir planter quelque chose par la suite, si on élimine cette forêt, c'est le sable qui va rentrer dans les infrastructures d'Agadir, et ça, nous allons lutter pour préserver la ceinture verte naturelle au niveau du grand Agadir.
-A. O. : Que faire de ce projet des anciens maires, El Ouatik et El Bouzidi qui voulaient déraciner plusieurs hectares d'arganiers pour transformer cet espace en décharge pour les ordures ménagères ?
-B. H. : Vous pensez au projet de Tagadirt, l'étude d'impact a été faite, ils ne vont pas toucher l'environnement global. Je pense que les paysagistes qui sont passés avant les architectes ont pensé à ce qui est à préserver. Je pense qu'il y a une bonne concertation entre les paysagistes et les architectes des villes, avec la volonté on peut faire un développement harmonieux de nos villes tout en gardant les arbres là où on peut les garder.
-A. O. : Ne pensez-vous pas qu'il faut quand même faire attention aux décharges qui risqueraient de s'infiltrer dans les nappes phréatiques ?
-B. H. : je suis d'accord avec vous. Nous avons déjà une station de traitement des eaux usées à El Mzar qui commence à traiter une grande quantité des eaux usées utilisées pour les golfs. Également, Sa Majesté au cours de sa dernière visite, a inauguré cette station, puisqu'il y aura une extension de superficie à arroser avant 2012, là également on a une eau très importante qui va nous permettre d'arroser les espaces verts. Le seul petit problème qui se pose c'est le taux du sel dans ces eaux usées, puisqu'il y a des usines de poissons qui traitent avec du sel qui se jette dans des eaux usées en arrivant à la station. Même si cette eau est traitée, on ne traite pas la salinité. Pour traiter la salinité, il faut une unité de traitement de dessalement, donc l'eau n'est pas tellement pure et correcte à utiliser pour l'irrigation. Je pense qu'aujourd'hui, c'est aussi l'avis de monsieur le Maire d'Agadir, ce sera très difficile d'amener l'eau de El Mzar jusqu'à Agadir, ce sera très coûteux, ce qu'il faut, c'est penser à des stations d'épuration par quartier dans des zones localisée. Il y aura une première expérience à côté du jardin Ibn Zaidoun, qui sera étudié. Nous, à l'Institut Agronomique, nous avons également une expérience là-dessus puisque nous avons mis en place une technologie d'une expérience pilote, qui est une technologie américaine. Nous avons un bassin qui reçoit les eaux usées de tout l'institut et les traiter. On les réutilise, elles n'ont aucun dégagement de mauvaise odeur. C'est très utilisé aux USA, le bassin des eaux usées devient comme un lac, les gens pique-niquent autour du lac, une technologie permet d'injecter l'air dans l'eau usée et ça se décompose.
-A. O. : Effectivement on peut avoir dans ce cas deux robinets, un pour l'eau potable et l'autre pour l'eau usée non potable, est-ce cela votre projet ?
-B. H. : Oui c'est vers ce but qu'on va et qu'il faut réfléchir pour avoir l'eau des industries de pêche, qu'elle aille directement à la mer, qu'elle ne soit pas connectée au grand réseau, il faut trouver des solutions au dessalement des eaux usées.
-A. O.: Il y a aussi un grand dossier pertinent, c'est celui de l'éducation dans le monde rural où il y a un tas de villages qui manquent d'enseignants et dans d'autres où il y a des écoles, la plupart des classes sont privées d'instituteurs, surtout de français, qu'est-ce que la région doit faire pour donner un maximum d'éducation dans la campagne?
-B.H. : Le problème de l'éducation nationale touche tout le Maroc, ce n'est pas uniquement spécifique à notre région. Là, il faut vraiment étudier les choses de très près. Il y a l'académie régionale qui a son programme, à mon avis, il faut adapter des solutions à chaque région. On est en train de compter sur une réglementation nationale qui est valable pour tout le pays, je pense qu'il n'est pas adapté à toutes les zones. Il y a des régions qui souffrent beaucoup plus que d'autres, la région de Zagora souffre énormément tout simplement parce que les instituteurs ne veulent pas rester là-bas, dès qu'il passe deux ans, l'instituteur cherche sa mutation, il y a même des grèves là-bas, tous les représentants de la population ne sont pas contents de ce qui se passe. A mon avis, il y a des solutions à adapter à cette région. Il y a le problème du milieu rural, parfois, d'après ce que j'ai appris, parce que je n'ai pas étudié le dossier à fond, il y a des classes avec plusieurs niveaux, il y a des classes où l'instituteur est présent mais les élèves sont absents, même l'instituteur n'a pas le minimum de conditions de vie pour rester là-bas, donc il y a un tas de problèmes qu'il va falloir étudier cas par cas. L'éducation c'est l'affaire de tout le monde, c'est ce qu'on doit faire au niveau du conseil régional, c'est mettre ensemble les acteurs dans chaque zone pour penser à la solution de leur problème, mais dans ce secteur social, de l'éducation d'une façon générale et de la santé, il y a deux choses qui me tiennent à cœur, je voudrais qu'on les attaque sérieusement durant le mandat de notre conseil : l'alphabétisation et la santé.
Notre pays et notre région sont classés par indicateurs (le développement humain, le taux d'alphabétisation, le taux de scolarisation …), notre pays est classé 126ème dans le monde ! On recule !
-A. O. : Quel est le taux d'analphabètes ?
-B. H. : Environ 47%, puisqu'on n'a même pas les donnés exactes. L'alphabétisation, ça fait des années qu'on en fait, mais quand on va dans les statistiques qu'on a, on a celles de 2004, aujourd'hui on est en 2009, qu'est ce qu'on a fait depuis ? Ce n'est pas enregistré, il n'y a pas un suivi, j'aimerais qu'on reprenne ce dossier avec les indicateurs pour connaître la situation, faire le suivi puisqu'on a aussi beaucoup de moyens pour faire l'alphabétisation. Il y a des projets de coopération, mais tout cela demande une autre méthodologie, d'abord savoir ce qu'on a aujourd'hui, impliquer tout le monde, les présidents des communes, les associations, le président du conseil, pour qu'ils soient d'abord conscients, avoir les statistiques et assurer le suivi. Donc, faire un programme qu'on doit évaluer chaque année. L'alphabétisation c'est un ensemble d'heures à donner à une personne pour qu'elle soit alphabétisée en une année ou une année et demie, on le déclasse des analphabètes pour le classer dans les alphabétisés c'est comme ça qu'on peut dire le vrai chiffre d'alphabétisés et d'analphabètes.
-Pour la santé, c'est la mortalité de la mère et de l'enfant à la naissance : là également, c'est un indicateur très important qui nous tire vers le bas, puisque le Ministère de la Santé a des projets pour financer, mais il y a quelque chose qui cloche, donc on doit mobiliser tout les acteurs de notre population, les gens du Ministère de la Santé, les élus, les associations, on doit travailler pour mettre en place un programme. Il y a des expériences qui ont été faites dans notre région et au Maroc et qui doivent être généralisées est suivies de près pour améliorer la santé publique.
-A. O. : Il y a quelque temps, l'UNICEF a fait une enquête dans le Maroc sur la mortalité maternelle ou de l'enfant à la naissance, leur rapport a indiqué qu'il y a moins de mortalité dans le milieu rural que dans le milieu urbain, est-ce que cela est dû au fait que le climat de la campagne est plus favorable à la mère et au nouveau-né que le climat de la ville ?
-B.H. : La région a beaucoup à faire dans ce domaine de la santé en parcourant toute la région.
-A. O. : Au fait, quelle est la superficie de la région SMD ?
-B.H. : 70 880 Km carré, c'est 10% du territoire du Maroc, et nous avons 3 300 000 habitants, soit 10% de la population nationale.
Dans l'ensemble, c'est vaste, c'est grand, mais dans chaque région, dans chaque province il y a tous les acteurs, l'essentiel c'est d'avoir une politique régionale.
-A. O. : Cette dernière question concerne l'énergie, étant donné que cette région n'a pas de pétrole, mais il y a le soleil, le vent et la mer, est-ce que la région peut faire quelque chose pour mettre en valeur l'énergie renouvelable ?
-B. H. : Là également nous avons la chance d'avoir dans notre région le démarrage de la nouvelle stratégie nationale en matière des énergies renouvelables. Lors de la dernière visite de Sa Majesté à Ouarzazate, Madame la Ministre de l'énergie a présenté la nouvelle stratégie de conduction de l'électricité à partir de l'énergie solaire, donc il y aura cinq grandes stations, la première sera faite à Ouarzazate, l'année prochaine, il y aura déjà des appels d'offre pour une station qui va produire 500 mégawatt à partir de l'énergie solaire à Ouarzazate. Ce projet va démarrer dans notre région. En 2010, on aura la plus grande station de production de l'électricité ? On a des expériences, d'ailleurs le conseil régional a signé avec le CDR, le centre des énergies renouvelable à Marrakech, le centre national pour l'efficacité énergétique, il travaille avec les petites entreprises, on est déjà conscient de cet axe des énergies renouvelable. Nous avons également des contacts avec des entreprises allemandes, nous avons de grandes potentialités pour la production de l'hydrogène, H2, à partir de l'eau de mer et du soleil, donc nous avons de grandes potentialités, c'est un axe de ce mandat que nous allons envisager, nous avons beaucoup de potentialités pour produire assez d'énergie à partir du soleil et à et du vent que nous avons dans la région. D'ailleurs dans le petit port d'Aglou, on mène une petite expérience avec nos collaborateurs canariens qui ont installé une petite unité avec de l'énergie éolienne qui fabrique de la glace grâce au vent, cette petite expérience on peut la reproduire pour la pêche artisanale.
-A. O. : Enfin, il y a ce grand projet germanique qui date des années 70, celui d'importer l'énergie solaire de l'Afrique vers l'Europe et qu'aujourd'hui l'Allemagne réunifiée étend ce projet de l'Afrique du Nord en Arabie Saoudite dans le même but, pensez-vous que ceci soit une bonne manière de faire du troc entre le Maroc et l'Europe, soleil contre eau ?
-B. H. : L'énergie c'est quelque chose de vital pour l'économie mondiale, aujourd'hui les ressources pétrolières commencent à diminuer, je pense qu'on a encore deux décennies pour utiliser le pétrole comme principale énergie, mais de part le monde on est en train de réfléchir aux alternatives, je pense que les énergies renouvelables seront les énergies alternatives, même si elles sont aujourd'hui très chères, leur production est très chère, mais pour l'avenir ce sera une alternative très importante, je pense que les pays où il y a beaucoup de soleil constituent aujourd'hui un centre d'intérêt pour toutes les grandes firmes qui vont produire de l'énergie, comme le Moyen Orient présent un centre d'intérêt pour les grandes sociétés pétrolières, donc nos régions, le désert, ce sera la zone d'intérêt pour produire de l'énergie. Aujourd'hui il y a beaucoup de produits technologiques, il y a beaucoup de centres pour les énergies renouvelables, l'Allemagne est l'un des pays qui sont très avancés sur ces énergies renouvelables, il sera peut-être le premier producteur. Aux Iles Canaries, il y a aussi un centre de recherche que j'ai visité dédié à la recherche sur les énergies renouvelables. Nous, nous avons un grand potentiel, nous avons beaucoup de soleil. Il y a le projet désertique où on va mettre des plaques solaires sur des milliers de kilomètres pour produire de l'énergie et la transférer en Europe, donc tout le monde s'est braqué sur les zones d'intérêt, là où il y a autrefois le pétrole, il y a le soleil. Nous sommes bien positionnés, heureusement que le Maroc a mis en place son programme pour pouvoir produire sa propre énergie et peut-être l'exporter, si demain le soleil devient la seule énergie possible.


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