Congrès constitutif d'un nouveau syndicat Une nouvelle centrale syndicale vient de voir le jour à l'issue du congrès constitutif qui s'est tenu les 4, 5 et 6 avril à Bouznika. Elle porte le nom de Fédération démocratique du travail. C'est l'USFP qui a supervisé de bout en bout le processus qui a abouti à ce nouveau-né destiné à remplacer la CDT comme fer de lance de ce parti sur le plan social. Un millier de congressistes ont été associés à l'événement de la création de la nouvelle centrale syndicale. La séance d'ouverture s'est déroulée vendredi soir à Casablanca, au complexe Mohamed Zafzaf du Maârif, en présence de l'état-major de l'USFP. Les travaux du congrès constitutif devaient se poursuivre ensuite à Bouznika. La nouvelle centrale regroupe essentiellement une vingtaine de syndicats sectoriels qui ont quitté la Confédération démocratique du travail, lassés, arguent-ils, du comportement qualifié d ' “anti-démocratique” de Noubir Amaoui et de son entourage du Bureau exécutif. Une bonne partie des cadres syndicaux ittihadis à l'origine de cette initiative est constituée des membres fondateurs de la CDT en 1978. Comme ils en ont gardé la nostalgie, le nouveau-né a été baptisé Fédération démocratique du travail. En effet, FDT rime avec CDT. Mais tout le monde appelle de ses vœux pour que la ressemblance s'arrête à ce niveau. Et pour cause, l'expérience des errements de la CDT a été douloureuse. Aussi, les projets des statuts de la nouvelle centrale ont-ils plus particulièrement visé à mettre en place des garde-fous pour parer à toute éventualité. L'accent a été mis sur le principe d'une “confédération” au sein de laquelle les syndicats sectoriels membres gardent leur autonomie de décision. De même, les rapports entre les organes centraux et les unions locales et régionales ont été balisés. Enfin, les fonctions du secrétaire général de la centrale ont été clarifiées, outre qu'il ne pourra pas exercer plus de deux mandats. Le B.P. de l'USFP divisé Par ailleurs, comme l'initiative de création de cette centrale a été fondamentalement une décision politique prise par la direction de l'USFP, la nature des liens futurs avec la FDT a soulevé un débat houleux au sein de la direction du parti. Devant la difficulté d'aboutir à un consensus sur cette question cruciale, les membres du Bureau politique de l'USFP ont dû recourir au vote pour trancher. Deux options s'étaient en effet opposées. La première, appuyée par Abderrahman Youssoufi, Habib Malki et Taïeb Mounchid entre autres, soutenait que le Bureau politique du parti devait avoir un droit de regard sur la composition des organes dirigeants de la nouvelle centrale syndicale qui émaneront du congrès constitutif. La deuxième, défendue notamment par Mohamed Elyazghi, Mohamed Guessous et Mohamed Karam plaidait, au contraire, la liberté de choix aux syndicalistes ittihadis d'élire les responsables en qui ils ont confiance pour diriger la FDT. Le résultat du vote, qui s'est déroulé mardi 1er avril, a fait pencher la balance en faveur de la deuxième option avec 10 voix contre 7. Quatre membres du B.P. se sont abstenus. La décision du vote a été communiquée aux congressistes ittihadis lors de la réunion tenue la veille de l'ouverture du congrès, à Bouznika, en présence de plusieurs membres de la direction du parti. C'est d'ailleurs au cours de ce conclave qu'a été tranchée la question de l'appellation de la nouvelle centrale, de même qu'a été fixé le quota à accorder aux autres tendances partisanes au sein des instances dirigeantes de la FDT. A ce propos, l'USFP a eu la part du lion, puisque le parti s'est approprié 111 sièges sur les 121 composant le Conseil fédéral (l'équivalent de la Commission administrative à la CDT). Les 10 autres sièges sont à partager entre le PSD, qui est officiellement membre fondateur de la FDT, et quelques cadres syndicaux du PPS et de la GSU, qui ont rejoint à titre individuel la nouvelle centrale. Les femmes –sans précision de leur appartenance politique- occuperont 11 sièges sur les 111 des syndicalistes ittihadis. Conformément aux statuts, c'est ce Conseil fédéral qui est appelé à se réunir à la fin des travaux du congrès pour élire le Bureau fédéral de 13 membres qui dirigeront en fait la centrale syndicale. Le secrétaire général devrait être choisi en son sein par vote à bulletin secret. Au deuxième jour du congrès, seuls deux candidats à ce poste menaient discrètement campagne. Il s'agit de Houcine Kafouni et de Taïeb Mounchid. Et à l'heure du bouclage de notre édition, il était encore difficile de se prononcer sur le nom du (premier) secrétaire général de la FDT (voir p. 4 le profil des deux candidats).