Des syndicalistes des secteurs bancaire et de la Santé publique, auparavant affiliés à la CDT, ont tenu, le week-end dernier, les congrès constitutifs de leurs organisations. La rupture est consommée. Il ne fait plus aucun doute que la CDT n'est plus ce qu'il était. De jour en jour, ses adhérants la désertent et une partie de ceux qui s'y trouvent encore s'apprêtent, eux aussi, à la quitter. S'agit-il d'un phénomène cyclique qui se reproduit chaque quart de siècle comme l'a annoncé Mohamed Guessous, membre du Bureau politique de l'USFP ? Ou s'agit-il d'un fait beaucoup plus profond qu'on pourrait analyser à la lumière d'une évolution spécifique à cette centrale syndicale ? Loin de toute polémique, il est un fait qui se confirme au fil des jours à savoir que l'USFP est en train de resserrer l'étau autour de Mohamed Noubir Amaoui et de faire le vide autour de lui. Deux événement ont caractérisé, à cet effet, le week-end dernier. Il s'agit d'abord, du Conseil national du Syndicat national des Banques qui s'est tenu, dimanche dernier, à Casablanca dans le but de rompre définitivement avec la Confédération démocratique du travail, et de changer, par la même occasion, le nom du syndicat. Selon des sources proches de cette sphère, la majorité des membres du SNB (Syndicat national des banques) rejoignent l'élan des syndicats démocratiques qui préparent le congrès constitutif de leur «confédération», du 4 au 6 avril prochain. Le Conseil national précité penche vers une nouvelle restructuration de ses instances syndicales. En effet, contrairement à la formule actuelle, les membres de ce syndicat préconisent l'adoption d'une structure fédérale laissant à chaque groupe bancaire une autonomie de gestion lui permettant de décider de son sort. Le second événement qui a marqué les journées des 15 et 16 mars, est sans conteste, la tenue du Vème congrès du syndicat national de la Santé publique. Un syndicat dont les membres ont toujours refusé de changer de nom, puisqu'ils ils estiment faire le monopole du secteur dans lequel ils agissent. La présence de Abderrahman Youssoufi, à la séance d'ouverture de ce congrès, constitue en soi, un fait riche de significations. Il s'agit d'un acte adressé au monde syndical, qui se répète hebdomadairement, puisqu'une semaine auparavant, cette même personne avait assisté au congrès des collectivités locales. Une façon de dire que l'USFP et le mouvement contestataire ayant abandonné la CDT est en mesure de secouer les assises de cette centrale dans cette même ville qui l'avait vu naître. Abdelmajid Boubekri a renchéri dans ce sens en annonçant que le projet de couverture médicale adopté par le gouvernement de l'alternance est l'acquis social le plus important au Maroc depuis son indépendance. Ceci étant, cinq cent personnes, dont 101 femmes, 76 médecins, 10 ingénieurs et 6 enseignants universitaires participent à ce congrès. Sur le plan politique, le congrès connaît la contribution, outre des cadres de l'USFP et du PSD (Parti socialiste démocrate), de plusieurs islamistes et syndicalistes sans appartenance politique. Selon la présidence du congrès, les participants sont appelés à voter en faveur d'une Commission administrative composée de 15 % de femmes, 20 % de médecins et 60% représentants les autres catégories socioprofessionnelles. Au moment où nous mettons sous presse, tous les indices portent à croire que l'élection du nouveau Bureau national sera reportée ultérieurement.