Abdallah Kadiri était donc l'invité, mardi dernier, de Mustapha Alaoui, dans son émission mensuelle “Hiouar”. Connaissant l'homme, son parcours politique, ses compétences et surtout ses limites, on ne s'attendait pas à assister à une prestation médiatique de très haut niveau de la part du secrétaire général du Parti national démocrate (PND). Et de fait elle fut… banale à souhait, sans surprises, ni “scoop”, ni révélations. Le PND, on le sait, a été un des grands vaincus des élections du 27 septembre dernier et ce n'est qu'à grande peine et avec l'aide de son “compagnon d'infortune”, l'Union constitutionnelle, qu'il a mis sur pied un groupe parlementaire à la Chambre des représentants. Les analystes ont vu dans cet échec le résultat de la non-ingérence des autorités dans les élections législatives. Ainsi a été remis à sa place exacte, dans l'échiquier politique, un parti notoirement “administratif”. Pourtant, à aucun moment, Kadiri n'a voulu concéder la déroute électorale du PND. Mieux, il n'en a même pas parlé durant toute l'émission. Faisons donc semblant, comme il l'a fait lui-même, de croire que ces élections n'ont jamais eu lieu. Mieux encore, croyons-le sur parole, c'est la grâce qu'on lui fait, lorsqu'il affirme que le PND se porte on ne peut mieux, qu'il ne connaît ni remous internes ni dissensions domestiques. Les hauts cadres qui l'ont “déserté” (Benslimane, Saâdi, Lahlou) et se sont mis d'eux-mêmes hors du parti qui continue à militer pour la réalisation de son programme. On ne s'attendait certes pas, à propos du programme politique, économique et social du PND, à assister à un grand débat d'idées. Le débat d'idées, apparemment, n'est pas le fort de Kadiri. Ce fut alors un florilège de banalités vraiment navrant. La défense du monde rural que revendiquent tous les partis d'ailleurs ne peut servir d'éternel alibi, elle reste, en l'absence de projets concrets, en l'absence de vision politique un slogan sonore et creux. Entre le décès de son fondateur, feu Arsalane El Jadidi et la “non-vie” de son actuel “zaïm”, le PND peine à trouver un créneau vendeur et l'on peut craindre qu'à continuer ainsi, le parti ne laisse plus de plumes encore dans les futures échéances électorales. La bonne volonté comme la bonne foi d'Abdallah Kadiri ne sont pas ici mises en question. Mais hélas, en politique, la bonne foi et la bonne volonté ne suffisent pas. Il y faut aussi du talent et du savoir. Un peu de charisme aussi, ce dont manque terriblement Kadiri. Une bonne nouvelle toutefois : Kadiri nous promet un ouvrage sur la tentative du coup d'Etat de Skhirat avec, assure-t-il, des révélations surprenantes. Vous voyez bien que le PND se porte bien : son leader trouve le temps de faire de l'histoire. Oh ! la, la, que d'histoires !