L'héritage, au lieu de constituer une protection et une source de vie aux héritiers, devient un véritable calvaire, un labyrinthe dont très peu de personnes se sortent C'est suite à notre dossier sur l'héritage que Me Soulimane Thaili, avocat au Barreau de Casablanca, nous a soumis un dossier dont il a la charge depuis des années. Il s'agit des héritiers de Hadj Thami Mezouari Glaoui qui, depuis les années 50, vivent le calvaire. Glaoui avait laissé sa fortune avec un testament attribuant le tiers de ses biens à ses héritiers. Des biens immobiliers, terriens et des actions s'élevant un million dans une société minière dont le siège social se trouve sur l'Avenue des F.A.R. à Casablanca. Le liquidateur judiciaire a été contacté par les héritiers à maintes reprises pour la restitution de leurs biens. Celui-ci, ayant adressé des correspondances aux intéressés qui n'ont jamais répondu favorablement à la demande des ayants droits, prétendait n'avoir aucune autorité sur eux. Les héritiers Glaoui devaient s'adresser aux tribunaux compétents pour régler leur litige qui devenait déjà une toile d'araignée. Entre les actions et les biens fonciers expropriés par les domaines, les héritiers devaient adresser des correspondances à plusieurs instances et engager une infinité de procédures devant toutes les juridictions du royaume. En 1993, une correspondance a été adressée à cet effet au liquidateur judiciaire au niveau de la Cour suprême réclamant l'exécution du partage et la restitution du tiers de l'héritage. En cette année-là, l'une des filles de Glaoui, Khaddouj, tombait malade. Elle présentait « un angor instable nécessitant la pratique d'une coronographie accompagnée d'une intervention chirurgicale à type de pontage aorto-coronaire à l'étranger », selon son médecin, Dr. Said Ejjennane. Le montant de cette intervention, à l'époque, était de 200.000 FF. Somme que l'héritière n'arrivait pas à décrocher pour cause de non-exécution des attendus du testament. Les tribunaux examinaient encore les dossiers et les parties adverses avaient recours à toutes les méthodes dilatoires pour retarder les jugements et arrêts qui permettaient aux héritiers Glaoui de récupérer leur héritage. C'est ce qui ressort d'un jugement daté du 22 février 2001 qui souligne qu'au cours de l'audience du 11 mars 1996, la défense des héritiers Glaoui avait présenté à la Cour une requête disant que « la réponse du liquidateur judiciaire n'était pas convaincante et que celui-ci cherchait à retarder la procédure… ». La défense a même remis au tribunal une copie de la correspondance qui leur a été adressée par le Cabinet du Palais Royal ordonnant l'exécution du testament selon les textes de loi et l'application des textes et procédures qui facilitent cette exécution. Pourtant, l'affaire traîne encore. Cet exemple est malheureusement significatif quant au traitement des dossiers relatifs aux conflits de l'héritage par notre Justice. Des centaines de dossiers et de procédures, des milliers d'audiences et de plaidoiries, autant de jugements et d'arrêts pour une seule affaire. Si l'on devait évaluer la quantité d'énergie déployée de part et d'autres, il y aurait de quoi se contenter de naître pauvre et de vivre au jour le jour au lieu de courir derrière un mirage et hériter de maladies…incurables !