La 15ème édition du festival des musiques sacrées du monde s'est ouverte vendredi à Fès au Maroc. Organisée par la fondation Esprit de Fès, cette manifestation internationale est un événement incontournable du dialogue des cultures et des religions en terre d'Islam. Pendant une dizaine de jours - jusqu'au 6 juin -, la ville de Fès donnera à voir diverses expressions culturelles et spirituelles. Danses, théâtre, expositions de peinture, de sculpture et autres expressions culturelles, se mêleront aux chants pour aller à la rencontre des religions. Toutes les religions. Le Maroc, terre d'Islam connu pour son ouverture aux deux grandes autres religions monothéistes. Le festival des musiques sacrées va plus loin. A côté des formations musulmanes de différentes traditions et des groupes chrétiens et juifs séfarades, se produiront aussi des musiciens et des chanteurs qui défendent des traditions bouddhistes, hindouistes et animistes. Placé sous le haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, c'est le compositeur libanais, Marcel Khalifa, chrétien maronite, qui a ouvert le festival en hommage au poète palestinien Mahmoud Darwich récemment disparu. De l'avis de tous les spectateurs, le festival a bien commencé. Depuis trois ans, cette manifestation internationale est devenue thématique. C'est ainsi que cette 15ème édition est placée sous le thème de la vie et du sacré, avec pour emblème l'arbre de vie, parce que «l'arbre est symbolique de la vie dans toutes les religions» précise Mohamed Kabbaj, le directeur du festival. L'originalité de cette édition c'est aussi l'existence de deux «créations» : «cordes et âmes» du célèbre violoniste de jazz Didier Lockwood et sa rencontre avec la chanteuse marocaine Ihsana R'Miki ; et «Mélos-chants de la Méditerranée» où le percussionniste iranien Keyvan Chemirani croise ses tambours avec les chants de Grèce, du Maroc et d'Espagne. Prévu jeudi, Sami Yussuf, l'une des jeunes voix qui montent au firmament du monde arabe avec des chansons imprégnées de foi, devrait être le point d'orgue de ce festival. Marwa Wright, la reine du gospel et de la soul music de la Nouvelle-Orléans ; l'ensemble Razbar d'Iran ; Ah Torat et les confréries Derkaouiya avec Haj Mohamed Bennis et Issawiya avec Abdellah Yaacoubi, sont aussi au programme très éclectique de cette année. Une place spéciale est donnée aux spectacles de danse cette année, avec l'Indienne Shantalla Shivalingappa, des derviches tourneurs de Konya sur des chorégraphies contemporaines du turc Ziya Azazi qui réécrit à la lumière du présent l'antique giration de ces mêmes derviches. Loreena Mc Kennit, muse aux chants inspirés des légendes du monde celte, emportera vers des horizons plus inhabituels pour le public Marocain. Depuis 2001, le festival de Fès est aussi un lieu de débats et de conférences ; cette 15ème édition ne déroge pas à cette règle. Des experts des différentes religions animent des colloques au musée Batha de la ville impériale sur des thèmes divers : «L'origine du monde : Big Bang et explications divines», «L'origine de l'homme : créationnisme et évolution», «Le questionnement contemporain sur la vie et sur la mort», «Le caractère sacré de la vie et la sacralisation de la femme». ■