Face à la diffusion, sur les réseaux sociaux, de documents internes attribués à la CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale), le gouvernement marocain a choisi de se voiler la face, évoquant une «attaque concertée» menée par des entités étrangères animées, selon ses termes, par une hostilité persistante envers Rabat. Lors d'un point de presse tenu à l'issue du conseil de gouvernement, le porte-parole de l'exécutif, Mustapha Baitas, a affirmé que cette intrusion dans les systèmes informatiques du CNSS relève d'un «acte criminel prémédité», émanant de ce qu'il a qualifié de «puissances adverses» cherchant, toujours selon lui, à «entraver la progression diplomatique du Maroc.» Ce discours a été prononcé au lendemain de la publication d'un communiqué du CNSS qui reconnaît l'existence d'une fuite partielle de données, tout en contestant vigoureusement l'authenticité de certains éléments divulgués, dénonçant des «altérations volontaires des faits.» Explications maigres Fait notable : M. Baitas lie explicitement ce piratage au soutien réitéré des Etats-Unis en faveur de sa position sur le Sahara. Pour lui, la concomitance entre cette cyberattaque et la déclaration américaine renouvelant son appui au plan marocain d'autonomie «ne relève pas du hasard.» Il y voit la marque d'un «dessein manifeste» pour discréditer les succès du Maroc sur la scène internationale, tout particulièrement après ce qu'il qualifie de «réaffirmation solennelle» de Washington en faveur de la souveraineté marocaine sur les provinces sahariennes. Mais à mesure que les autorités s'enferment dans une posture d'aveuglement volontaire, elles peinent à répondre de manière précise aux interrogations légitimes soulevées par cette affaire. Ni l'ampleur exacte de la brèche de sécurité, ni la nature des données compromises n'ont été clairement détaillées, alimentant un climat d'inquiétude et de suspicion. Le CNSS affirme avoir saisi les autorités judiciaires compétentes et lancé des «vérifications approfondies», sans fournir de calendrier ni de données chiffrées. De son côté, le gouvernement assure que les systèmes numériques de l'institution font désormais l'objet d'un renforcement des «moyens de protection», une formule évasive qui trahit le malaise. La posture défensive adoptée par le gouvernement laisse transparaître une volonté manifeste de détourner le débat des lacunes structurelles en matière de cybersécurité, préférant invoquer l'ombre de menaces extérieures pour se soustraire à ses responsabilités internes. À défaut de transparence, l'exécutif privilégie le registre du soupçon, révélateur d'une gestion de crise plus préoccupée par le contrôle de l'opinion que par la rigueur dans l'action publique.