Benmoussa a gentiment répondu au parlementaire PJD qui lui a posé la question : les détenus salafistes peuvent profiter de la grâce royale ? De là à conclure une velléité de dialogue, rien n'est moins sûr… Tout a commencé par une lettre. Gourou de la Salafya Jihadia et mentor des cellules «Ansar al Mahdi», Hassan Khattab a adressé une directe à la société civile dans laquelle il prêche la bonne parole. «Conseil mutuel et réconciliation» en a été l'intitulé. L'idée maîtresse est que les islamistes de la mouvance de l'excommunication Attakfir se dit prête à un dialogue qui «tient en compte les mutations mondiales et l'entente nationale». Le détenu le plus célèbre des islamistes adresse également un clin d'œil aux autres fractions du prosélytisme islamiste et de l'activisme passéiste, pour «un modus operandi» afin que «nul ne monopolise l'action de la daâwa et diaboliser les autres». Dialogue Il va sans dire, que l'appel intégriste tenait en compte l'actualité marquée essentiellement par le recours des chefs islamistes, Abou Hafs et Kettani au tribunal de Deuxième Instance. Justement poursuivis après les attentats du 16 mai, les deux gourous et idéologues ont été condamnés à des peines lourdes. Depuis, plusieurs tentatives, dont celle de feu Abdelkrim Khatib en faveur de Kettani, ont été entamées pour dédouaner les détenus et les blanchir contre les accusations de terrorisme. Ce n'est paraît-il pas le hasard du calendrier qui inspirait Hassan Khattab. D'autant que le guerrier en chef de la Salafya a subtilement appelé à une reconnaissance mutuelle qui sonne comme une condition pour «accepter» un dialogue avec les autres groupuscules portant le même label et avec l'Etat. Un tournant ? En fait, le dialogue entre les moines soldats et l'Etat n'a eu de cesse de revenir sur la scène nationale. D'abord une certaine presse citant des sources salafistes avait fait circuler l'information selon laquelle les services seraient en contact avec les détenus en vue d'un échange éventuel. Ensuite, c'était au tour de M.Taoufik des Habous de faire la une de la même presse. Toujours rien. Sinon, quelque rappel d'ordre religieux concernant les constantes du royaume. C'est la première fois que le ministre de l'Intérieur se prononce officiellement sur la question du dialogue avec les salafistes. Messages : il est hors de question de revoir les peines, donc l'Etat ne se désavoue pas. Puis, les détenus peuvent profiter de la grâce royale. Encore faut-il la demander ! Autrement, les takfiristes doivent renouer avec les mêmes constantes déjà évoquées par le département des Affaires Religieuses. On retourne à la case de départ.