On en a l'habitude, l'administration territoriale a encore fait un savant dosage pour concocter sa liste. Depuis l'énoncé du nouveau concept de l'autorité, le ministère de l'Intérieur et ses fantassins, les walis et gouverneurs, ont entamé une mue dont on voit les résultats sur le terrain. La fonction a changé de nature, il était donc normal que les profils changent. Cependant, les cadres issus du ministère, ceux qui y ont fait toute leur carrière, restent majoritaires, ce qui est normal. Le rajeunissement n'empêche pas certains cadors de figurer. Le cas le plus impressionnant est celui de Tricha qui prend la direction des Affaires Intérieurs (DAI). Mohieddine Amzazi, remis au placard, a payé la gestion de l'affaire Belliraj entre autres. Sur le terrain, Casablanca a toujours droit à un ingénieur. Halab y succède à Mohamed Kabbaj, qui avait relevé M'hammed Dryef. Le nouveau, Halab a eu une expérience peu fructueuse à Tanger. Il s'attaque à un défi hors normes : la restructuration de la mégapole. Mener à bien cette mission, nécessite un attelage de très haut niveau. Marrakech, Agadir et Oujda gardent leurs walis. Ils ont pour eux la programmation et l'entame de projets d'envergure. C'est sans doute pour assurer la continuité qu'ils n'ont pas été touchés par le mouvement. D'autres, qui ont aussi bien réussi, ont été mutés. Aziz Dadès laisse l'INDH à une femme, Nadira Guermaï, et retrouve Mohammedia. Neutralité de l'Administration Ce pur cadre de l'Intérieur allie efficacité, simplicité et discrétion. Abdeslam Bikrate avait réussi des merveilles à Essaouira, non seulement sur la ville où il a farouchement défendu l'urbanisme et évité que le développement, réel, n'aboutisse à la défiguration de la cité, mais aussi et surtout dans l'arrière pays qu'il a secoué via l'INDH. Il est nommé à Ouarzazate, préfecture qui a les mêmes caractéristiques que celle d'Essaouira. C'est cohérent. Faouzi, après une expérience à Casa-Anfa, hérite de Meknès, une province très étendue, au potentiel énorme et aux défis tout aussi imposants. Son prédécesseur, Hassan Aourid, a mis en route plusieurs chantiers. La ville impériale a retrouvé un peu de son éclat. Le nouveau wali devra confirmer ce renouveau et en accélérer le mouvement. Encore faut-il que les élus soient de concert, ce qui n'a pas été le cas auparavant. La relation entre l'Administration territoriale et les élus est d'autant plus à l'ordre du jour que les nouvelles nominations ont lieu à 5 mois des élections communales. L'on sait que la neutralité de l'Administration est réelle. Il faut cependant veiller avec plus de vigilance à la transparence de la constitution des bureaux et l'élection des présidents. Il y va de la crédibilité des institutions du pays, mais aussi de la réussite des walis dans leur mission d'agent du développement. Aujourd'hui, les conflits entre la tutelle et les élus bloquent plusieurs projets structurants dans des villes importantes. Ailleurs, la tutelle impose son temps face à des présidents effacés. On attend donc de ce scrutin, l'émergence de conseils homogènes et efficaces. C'est la responsabilité des partis, celle de l'Administration territoriale se limite à éviter l'achat des voix des élus et les enchères pour la présidence. Pour en revenir à la nouvelle liste, il faut aussi noter le retour d'un grand commis, M'hamed Dryef à l'Administration centrale. Les provinces du Sud ont d'ailleurs toutes changé de responsable, puisque Tamek quitte lui aussi Dakhla pour revenir à Rabat. Il y a sûrement une raison derrière autre, que la nécessaire mobilité et la règle, non écrite, des quatre ans. Madame Guermaï, chargée de l'INDH, est la deuxième femme gouverneur du pays. C'est un signal, mais cela reste très faible. D'autant plus, qu'aucune des deux n'a la charge exécutive d'une province. L'ouverture de l'école des cadres aux femmes créera un vivier, qui sera utile en cas de volonté politique réelle d'en finir avec ces disparités. ■