Moulay Hafid Elalamy, le président du Groupe Saham, envisagerait de monter dans le capital de la Banque Centrale Populaire. La rumeur se fait insistante, malgré les difficultés légales qu'il devra surmonter. Il voudrait, toujours selon les bruits de salon, acquérir plus de 5% du capital de la Banque Centrale populaire. Or, aujourd'hui, la loi portant réforme du Crédit populaire du Maroc limite la participation des entités autres que l'Etat et les banques populaires régionales à 5% au plus. Bien que la BCP soit cotée sur la bourse de Casablanca, une OPA est catégoriquement exclue. Pour monter dans le capital de cette bancaire, il faudra réviser les textes. Moulay Hafid Elalamy ne manque pas d'entrées dans les arcanes du pouvoir pour obtenir une telle faveur. Mais cela reste à concrétiser. Toutefois avant de s'interroger sur la faisabilité d'un tel projet, il convient peut-être de jeter un œil sur l'opportunité et les implications d'un éventuel monté de capital du Crédit populaire. Etre un actionnaire de référence de la BCP procurerait un avantage certain au Groupe Saham et plus particulièrement à la CNIA Assurance. Cette dernière utilise jusqu'ici le réseau du Groupe Banques Populaires pour la distribution des produits de banques assurances. Ce partenariat ne date pas d'aujourd'hui. Bien qu'il ait été menacé de rupture à plusieurs reprises, il a toujours tenu. On se rappelle en 2000, la Banque Centrale Populaire signait un accord avec son Homologue Français pour la création d'une compagnie d'assurance. Ce projet n'a pas trouvé une oreille réceptive chez Fathallah Oualalou, alors ministre des Finances et du Tourisme. A l'époque, ce n'était pas Moulay Hafid Elalamy qui contrôlait la CNIA, mais le groupe Bahreïni Arig. Ses actionnaires s'étaient alors fait entendre auprès de Oualalou, affirmant qu'au moment de la privatisation de la CNIA, on leur avait laissé croire que le réseau du groupe Banque populaire leur était acquis. Mais, il n'y avait pas que cela. Puisque le Conseil Consultatif des Assurances, agissant en véritable lobby, n'avait pas donné son aval. Finalement, la requête de la Banque Populaire est restée lettre morte. Au début de l'année, la Banque Centrale populaire a récidivé avec une demande similaire. En effet, elle envisageait de prendre près de 30% des parts de la Marocaine-Vie. Il s'agit d'une compagnie, certes modeste par sa taille, mais si la Populaire en devient un actionnaire de référence auprès de la Société générale qui est le majoritaire, c'en sera fini du partenariat avec la CNIA. Pour sûr, cette compagnie d'assurance perdra du terrain alors que les autres continueront d'en gagner. L'importance pour une compagnie d'assurance d'avoir un réseau aussi dense que celui de la BCP, n'est plus à démontrer. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder le bouleversement que vit le secteur. En moins de trois ans, la Wafa Assurance est passée du rang de troisième compagnie à celui de co-leader. Seuls 24 millions de dirhams de chiffres d'affaires la séparaient encore de RMA Watanya au terme de l'année 2007. Pour Moulay Hafid Elalamy, l'enjeu ne se limiterait pas à obtenir un siège d'administrateur au sein de la BCP. Mais c'est une véritable assurance-vie pour sa compagnie.