C'est une avalanche de revers diplomatiques qui vient de s'abattre sur les gouvernants d'Alger. Coup sur coup, M. Peter Van Walsum, l'Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara, M. Zalmay Khalilzad, le Représentant permanent des Etats Unis auprès de l'ONU et Sir John Sawers, Représentant permanent du Royaume Uni auprès de l'ONU, ont administré des claques tonitruantes à la junte d'Alger. Compte-rendu et analyse. C'est la première fois qu'un haut responsable onusien abandonne la langue de bois pour signifier au gouvernement algérien et à ses sbires polisariens, l'irréalisme de l'option indépendantiste au Sahara marocain. «L'indépendance du Sahara occidental n'est pas une option réaliste», a-t-il asséné. Il va même jusqu'à reconnaître qu'il a personnellement ressenti le besoin de le clamer. Un constat qu'il qualifie d'«aujourd'hui encore pertinent, puisqu'il se trouve à l'origine du processus de négociations en cours». Et toc ! En effet, pour l'Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara, la philosophie même de son mandat s'articule autour de deux impératifs incontournables : «j'ai mis l'accent sur la nécessité du respect de la réalité politique parallèlement au respect de la légalité internationale», ajoutant que ce qui importe est de parvenir à un compromis entre les deux concepts. Et M. Peter Van Walsum, de livrer une vérité que le Maroc n'a cessé de défendre : «Je n'accepte pas l'idée selon laquelle la prise en compte de la réalité politique constitue une concession ou une capitulation». En d'autres termes, la réalité du terrain constitue un paramètre tangible qu'on ne peut ignorer. Le Maroc se trouve sur son Sahara et les Algériens n'ont qu'à l'accepter, afin que les négociations empruntent, enfin, le chemin de la raison. Mais il est un passage dans les propos tenus par l'Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahara qui devra faire réfléchir la soldatesque algéroise. Il s'agit de la reconnaissance implicite du responsable onusien de l'implication directe des gouvernants d'Alger : « La principale raison pour laquelle je trouve intolérable le statut quo est qu'il est trop aisément accepté, non pas seulement par des spectateurs non engagés des pays lointains, mais aussi par les partisans inconditionnels du Front Polisario, qui n'ont pas vécu eux-mêmes dans les camps, mais qui sont convaincus que ceux qui y vivent préfèreraient y rester indéfiniment au lieu d'opter pour une solution négociée en deçà de l'indépendance totale », a-t-il affirmé. Clair et net ! Aussitôt assénées, les vérités de M. Peter Van Walsum trouvèrent les échos les plus favorables auprès des principaux membres du Conseil de Sécurité de l'ONU que sont les Etats-Unis et la Grande Bretagne. D'autres échos ne tarderont sûrement pas à rejoindre ceux-là. Par la voix de son Représentant permanent auprès de l'ONU, M. Zalmay Khalilzad, les Etats-Unis ont affirmé que les idées présentées par l'Envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara, M. Peter Van Walsum, « méritaient d'être sérieusement prises en considération ». Et M. Khalilzad de rendre un hommage appuyé à l'Envoyé onusien : « C'est un homme qui a passé beaucoup de temps à travailler sur ce dossier et il a présenté une analyse et des suggestions franches qui méritent une considération sérieuse », a-t-il affirmé. Et re-toc ! Aller de l'avant Le troisième coup de massue viendra du côté de la Tamise : « La proposition marocaine mérite une considération sérieuse et c'est aux parties dans ce conflit maintenant d'aller de l'avant », a déclaré Sir John Sawers, Représentant permanent du Royaume Uni auprès de l'ONU en réponse à des journalistes qui l'interrogeaient sur la position de son pays concernant les propositions formulées par M. Peter Van Walsum, lors des consultations du Conseil de sécurité sur le Sahara. Auparavant, le diplomate britannique avait affirmé que la proposition marocaine de négocier un statut d'autonomie pour le Sahara méritait « une considération sérieuse ». Et Chahhh ! Comme disent nos beurs des banlieues françaises. En réalité, le pouvoir algérien ne peut indéfiniment ressasser les sempiternelles allusions au « droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ». Des fissures de plus en plus béantes frappent son mur de défense fait de dogmes datant de la guerre froide. Des voix, au cœur même de l'édifice FLNiste, commencent à évoquer la possibilité d'ouverture des frontières. Grâce, avouons-le, au « petit pont » de la réouverture des frontières que la diplomatie marocaine vient d'administrer aux gouvernants d'Alger. Et pour cause : l'édifice de la reconnaissance de la fantomatique RASD est en ruines ; les marges de Boutef face à l'omnipotence des galonnés d'Alger se réduisent à vue d'œil, ce qui ne lui laisse guère que le choix de la duplicité; la bande sahélo-saharienne qui abrite Al Qaïda du Maghreb Islamique, terrifie de plus en plus le monde civilisé, d'autant que les connexions entre les bandes salafo-terroristes et les hordes polisariennes sont désormais avérées. Tout cela place l'Algérie dans une situation diplomatiquement peu enviable. En vérité, l'anachronisme des gouvernants d'Alger se nourrit toujours de l'euphorie du triomphe de la révolution algérienne face à la colonisation française. Ces gens-là se délectent toujours des hauts faits de cette révolution qu'on a vite pervertie au profit d'une caste d'affairistes sans idées. Ni les raclées administrées par les FAR à l'ALN durant la guerre dite des sables et, plus tard, à Amgala, ni les promesses d'un Maghreb enfin apaisé et prospère, n'ont pu détourner Alger de son délirium hégémonique. Un délirium qui habite Bouteflika depuis l'âge de 24 ans ! Dans ses mémoires, l'ancien Premier ministre Abdellatif Filali, a raconté dans le détail, le culot de l'actuel président et ancien ministre des Affaires Etrangères algérien qui, lui, a, sans sourciller, exprimé le désir d'Alger se s'accaparer le Sahara marocain à l'issue de sa libération du joug colonial espagnol ! En fait, le peuple frère d'Algérie, parce qu'il est écorché vif du fait de sa vassalisation continue durant près de six siècles (Ottomans, colonisation française, unipartisme totalitaire du FLN, terrorisme islamiste), se trouve encore entre les mains d'une camarilla opportuniste sans savoir comment s'en séparer. Ce peuple nous est cher. Mais ses gouvernants actuels continuent à penser que la cohésion ethnoculturelle, sociétale et, par conséquent, politique de l'Algérie passe par le harcèlement systématique, voire systémique, du Maroc voisin. Un Royaume qui, plus que jamais, n'aspire qu'à la paix, à la démocratie et au développement.