L'arrestation d'une quarantaine de personnes pour atteinte aux mœurs au moussem de sidi Ali, signifie que les autorités ne veulent pas donner de prétexte aux islamistes pour exploiter politiquement des pratiques d'un autre âge. Le syndrome Ksar El Kebir a, semble-t-il, joué à fond. Une quarantaine de personnes ont été arrêtées, samedi 22 mars dernier, par la gendarmerie Royale, pour atteinte aux mœurs, au moussem de Sidi Ali Ben Hamdouch, dans la commune rurale de Mghassiyine, préfecture de Meknès. Selon une source locale, plusieurs associations locales avaient dénoncé les atteintes aux moeurs auxquelles se livrent des groupes de gay et de lesbienne qui viennent de toutes les régions du Maroc. Le spectre du mariage homo de Ksar El Kébir est toujours là. Les autorités, en procédant à l'arrestation de plusieurs homosexuels à Sidi Ali, veulent envoyer un message clair à cette communauté, pour faire profil bas. Cette action vise aussi à éviter la confrontation avec les islamistes comme à Ksar El Kébir, le mois de décembre dernier, où un soi disant mariage homo avait provoqué des manifestations soutenues par les associations islamistes de la ville dont, le MUR, Al Adl Wal Ihssan et le PJD. Ce dernier avait lancé, à partir de cette ville, une campagne nationale pour les bonnes mœurs. En attendant, les personnes arrêtées à Sidi Ali, ont été déférées devant le parquet le 24 mars dernier et libérées sous caution estimée à 500 Dhs la personne. Les moussems de Sidi Ahmed Dghoughi et Sidi Ali Ben Hamdouch débutent sept jour après l'Aïd Al Mawlid et prennent fin avec la grande soirée, qui est généralement le dernier vendredi du moussem. Avant même le début de la manifestation, les autorités ont mené une campagne préventive contre les homos. Les habitants de cette petite bourgade, qui louaient des chambres d'hôtes pendant le moussem, ont été obligés, par les autorités locales de Zarhoun, de tenir un registre où ils devaient consigner toutes les informations sur les personnes qui vont loger chez eux. Selon un témoin sur place, à la station des grands taxis, chaque individu qui présentait des apparences homo, était photographié et consigné dans un registre. Certains ont même été interdits d'entrer à Sidi Ali, qui a pris l'apparence d'une forteresse gardée par des centaines de gendarmes, des compagnies des forces auxiliaires mobiles et des informateurs de la DAG de la province. Les gendarmes assistent depuis le début du Moussem à un drôle de casting. Ils doivent identifier toute personne susceptible de semer le trouble. Selon un responsable local : «les autorités ne font que veiller à la quiétude des visiteurs et au respect de l'ordre public». Pour l'occasion, les gendarmes ont placé quelques indics parmi les courtiers à la station de taxi pour avoir à l'œil les nouveaux arrivants, surtout ceux qui viennent de Tanger et Tétouan. Ces mesures draconiennes ont porté leurs fruits. Dans les rues de Sidi Ali, les homos ne s'affichent plus en couple, plus encore, les extravagances vestimentaires n'ont plus droit de cité. Idem pour les «hdias» et les cérémonies de mariage à la marocaine dans des maisons particulières. La gendarmerie a reçu l'ordre du parquet de Meknès de pénétrer à tout endroit où des homos célèbrent leur rituel habituel. Le Moussem aux œufs d'or Chaque année, la municipalité de Zarhoun, qui est le chef-lieu de la commune de Sidi Ali, cède la gestion des parcelles du Moussem à un promoteur par voie d'appel d'offres. Cette année, le marché a été adjugé à 160 millions de centimes. L'année dernière, l'évènement à été concédé à 114 millions de centimes. Le promoteur loue des parcelles à d'autres particuliers où ils installent tentes, gargotes à ciel ouvert et toute sorte de commerce forain. Selon une source bien informée, l'homme qui s'est adjugé le marché est originaire de Taza. Il vient de protester auprès de la municipalité de Zarhoun contre le risque de perdre financièrement sa transaction si les autorités continuent de maintenir la pression sur les homos, qui constituent sa principale clientèle. D'autres activités plus lucratives se pratiquent pendant ce moussem. En dépit des pratiques superstitieuses, du marché de la voyance et de la sorcellerie. La prostitution, la vente illicite d'alcool et de drogue prospèrent pendant cette période. Les tentes se transforment la nuit en dortoir pour 10 Dhs la place. Dans certaines tentes moins exposées aux regards des passants, il se passe bien des choses la nuit. Certains parlent de lieux de passe et de débauche.