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Géographie d'une récession
Publié dans La Gazette du Maroc le 15 - 02 - 2008

Les dernières statistiques nationales américaines sont sombres. Elles montrent que la récession de l'économie de l'Oncle Sam sera répartie de manière différente.
Ious n'entendrez pas trop le fameux mot commençant par “R” dans la modeste résidence du gouverneur à Helena, dans le Montana. Son occupant Brian Schweitzer, affirme à qui veut l'entendre que l'économie du Montana est au mieux de sa forme. Il a l'un des taux de croissance le plus élevé de l'emploi du pays. L'Etat est en train de tirer sa prospérité aussi bien d'un nouveau boom minier et agricole que d'une croissance constante du tourisme. Paul Polzin, professeur à L'Université du Montana, prévoit un taux de croissance de 4,1% en 2008, la cinquième année consécutive de croissance supérieure à 4%. «Nous avons recherché des scénarii pessimistes réalistes, mais nous n'en avons pas trouvés».
En revanche, il suffit de se rendre dans le Michigan pour voir qu'il est difficile de tout trouver sauf la morosité économique. L'effondrement de l'industrie automobile américaine, associé à l'affreuse crise hypothécaire des subprimes, fait chanceler l'Etat. Il a le taux de chômage le plus important (7,6%) et le troisième taux de saisie immobilière le plus élevé et a été le seul Etat à perdre un nombre élevé d'emplois en 2007. Dans la course aux primaires Républicaines qu'il a d'ailleurs remportées, Mitt Romney à traversé le Michigan, en promettant de sauver les électeurs de la récession.
Le Montana et le Michigan sont représentatifs des disparités qui apparaissent derrière les chiffres globaux de l'économie Américaine. Les statistiques nationales laissent entrevoir que le pays serait déjà dans une vraie récession. La production n'a cru que de 0,6%, en glissement annuel, au cours des trois derniers mois de l'année 2007, un chiffre qui pourrait facilement être revu en baisse. Les chantiers immobiliers sont en baisse, les prix des résidences sont en chute, les dépenses des ménages ralentissent et l'économie a perdu 17.000 emplois rien qu'en janvier, soit la baisse la plus forte depuis 2003. Un indicateur mensuel du secteur des services, publié le 5 février, a chuté de manière dramatique et laisse entrevoir des conditions d'une récession. La grande question, particulièrement pour les candidats à la présidentielle, est de savoir là où les conséquences seront plus désastreuses et à quel point le seront-elles. Jusqu'ici, la plus grande partie de la misère est concentrée sur un seul secteur, l'immobilier, et deux types d'Etats : ceux industriels du Centre-Ouest (Midwest) et ceux où la bulle immobilière était la plus forte, particulièrement la Californie, le Nevada, l'Arizona et la Floride. Ces deux groupes, politiquement parlant, ont une importance disproportionnée. Ils comprennent beaucoup d'Etats qui ont déjà voté dans les primaires. Beaucoup d'entre eux sont traditionnellement des Etats qui peuvent faire basculer les choses dans les élections générales.
La situation est toujours aussi lugubre dans le Michigan, l'Ohio et les puissances industrielles de jadis, où la crise des subprimes est venue faire oublier les nombreuses pertes d'emplois des usines. Mais les conséquences les plus dramatiques sont ressenties par les Etats ayant connu la bulle immobilière. Les économies, alors tirées par le boom immobilier et la spéculation foncière sont aujourd'hui en train de sombrer dans l'abime.
La puissante économie californienne est visiblement en train de vaciller. Dans certaines villes, les prix de l'immobilier subissent une régression à deux chiffres et le taux de chômage est passé de 4,8% à 6,1% l'année dernière, une augmentation deux fois plus forte que le rythme national. A Los Angeles, le dollar faible et le ralentissement des consommations des ménages a considérablement diminué les importations via le port. Cette récession n'est pas aussi catastrophique que celle de 1990 et 2001 quand le secteur de l'armement et des technologies a sévèrement souffert. Mais, c'est assez rude pour désorienter le budget de l'Etat et remettre au lendemain l'ambitieux plan de réforme sociale du gouverneur Schwarznegger.
En Floride, au Nevada et en Arizona, l'histoire est similaire : chute des prix immobiliers, hausse des saisies immobilières et augmentation disproportionnée du chômage. Tout n'est pas aussi sombre. Dans ces Etats, comme dans le reste des Etats-Unis, la croissance mondiale et la faiblesse du dollar a dopé les exportations et a boosté le tourisme. L'aéroport international d'Orlando, la porte d'accès à Disney World, a enregistré un nombre record d'arrivées en 2007. Mais ces points positifs n'ont pas du tout réussi à contrecarrer la crise immobilière et la baisse des dépenses de consommation des ménages. Mark Zandi, économiste en chef du site internet Economy.com de Moody's, reconnaît que les quatre Etats à bulle immobilière, de même que le Michigan, sont déjà en récession. Ensemble, a-t-il fait remarquer, ils représentent 25% du produit intérieur brut (PIB) américain.
Le bonheur dans la plaine et sur les montagnes
Pourtant, il suffit d'avancer à l'intérieur depuis la côte, mais en s'éloignant tout de même du Midwest industriel, pour apercevoir une image moins sombre. Une ceinture allant du Nord-Ouest du Texas traversant les grandes plaines et les montagnes rocheuses (rockies) est en train de bien tirer son épingle du jeu, grâce à la croissance des exportations et aux prix élevés des biens de consommations. Les subventions au profit de l'éthanol et l'agflation (inflation des produits agricoles) sont une aubaine pour les Etats agricoles. Les exportations agricoles ont augmenté de 20% par rapport à 2006, alors que les revenus agricoles augmentent considérablement. Les industries extractives connaissent un boom. Les mineurs se réjouissent de pouvoir creuser le cuivre à Butte, dans le Montana, même si les opérateurs affirment que c'est la plus faible teneur dans le monde. Ces Etats ont actuellement le plus bas taux de chômage du pays. Avec de loin le plus faible boom immobilier, ils ont également évité la crise des subprimes.
Pour les politiciens de Butte à Topeka, la question est de savoir si cette bonne fortune se poursuivra. Les disparités régionales, aussi bien dans les bons moments que dans les mauvais, ne sont pas une surprise dans une économie continentale aussi vaste. Lors de la récession de 1991, la Californie et la Nouvelle Angleterre en avaient souffert de manière disproportionnée, à cause de la crise bancaire et de la réduction du budget de la défence. La crise de 2001 avait avant tout touché les Etats des hautes technologies, alors qu'il avait épargné les Etats industriels du Midwest. Cette fois, cela dépend beaucoup du reste du monde. Si les économies émergentes résistent à la récession américaine et les prix des biens de consommation restent élevés, les régions exportatrices américaines en tireront profit.
Ce coup de fouet mis à part, beaucoup de facteurs laissent penser que les Etats américains les plus forts feront face à des temps beaucoup plus durs encore. Le marché de l'immobilier est déjà fortement affaibli au-delà des Etats à bulle immobilière. Selon l'indice Standard&Poor/Case-Shiller, les prix ont baissé dans chacune des 20 plus grandes métropoles américaines en novembre 2007. Et en grande partie à cause de la crise des crédits, les difficultés s'étendent largement au reste de l'économie. Le rapport trimestriel sur les crédits de la Réserve fédérale, publié le 4 février, a montré que les banques exigeaient des conditions sévères aux consommateurs et aux entreprises. Et si, comme le laisse entrevoir le marché, les prix de l'immobilier devaient baisser davantage, la crise de l'immobilier du crédit ne fera que s'empirer.


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