Les portails d'information s'exposent à la fermeture Lancé en janvier 2002, le portail économique et financer andaloo.ma est menacé de disparition. Mercredi 4 décembre 2002, il a suspendu ses services. Une grave crise d'actionnariat aurait éclaté au sein de la société. Un conseil d'administration est prévu cette semaine pour décider de la continuité du portail ou non. Retour sur un projet, doté au départ d'un capital très confortable de 3,8 millions de dirhams, mais au parcours difficile compte tenu de la conjoncture économique morose. “Ce service est actuellement indisponible”. Ce message inhabituel aux internautes marocains fait la Une “exceptionnelle” du portail d'information “andaloo.ma” depuis mercredi 4 décembre 2002. Intrigués, nous avons pris contact avec ses responsables qui nous ont déclaré qu'un conseil d'administration se tient cette semaine pour trancher d'une manière claire et précise si le portail va continuer ou pas. “Andaloo.com” est en danger. Sa fermeture est probable. Jeudi 5 décembre, nous avons repris contact, à plusieurs reprises, avec la direction pour enrichir nos informations. En vain. Le téléphone sonne, mais personne ne répond au bout du fil. Raphaêl Mergui, fondateur du portail, est injoignable. Lui qui avait réussi à séduire deux institutions marocaines les plus importantes notamment le groupe de médias Caractères et la BCM pour financer son projet avait émis d'ambitieuses projections, jugées surestimées par certains, pour donner corps à son business plan. 3,8 millions de dirhams est le capital de départ qui a servi au démarrage de l'entreprise. La BCM à travers sa filiale Attijari Capital Risque avait pris la grosse part : 60%. L'engagement d'une banque dans une aventure pareille atteste de son ambition clairement affichée d'investir le créneau encore “peu rentable” de l'Internet au Maroc. Cela justifiait bien le risque d'investir dans un portail dont l'avenir est aujourd'hui “compromis”. À son lancement, ça sentait l'exagération. Personne, sauf ses concepteurs et ses financiers, n'était convaincu de la rentabilité du projet. Les chiffres avancés par Mergui semblent improvisés : “les recettes publicitaires vont constituer 30 à 40% de notre chiffre d'affaires”, avait estimé le malheureux président du portail qui n'a pas pu achever l'intégralité de son œuvre. Fin 2002 était en effet la date fixée pour mettre en place toute la galaxie de portails thématiques, prévue dans le programme d'investissement initialement communiqué aux médias. Qui ignore que la publicité sur Internet est encore timide, voire inexistante. Impossible de développer cette publicité tant que l'audience de la toile est infinitésimale : 1% seulement de la population marocaine, c'est un chiffre très optimiste, qui se connecte d'une manière irrégulière sur Internet. Le terme “irrégulière” n'est pas fortuit. Dans le 1%, seulement 0,1% sinon moins, emploie l'Internet d'une manière efficace et assidue. Les entreprises, elles, sont encore moins sensibles à l'usage de l'Internet comme support privilégié pour communiquer. Tous les indicateurs émanant des agences de communication de la place renseignent sur la part de plus en plus faible des budgets publicitaires affectés à la presse écrite et aux médias technologiques comme les portails d'information. Normal, car l'impact sur le public est moins fort que celui de la télévision par exemple. Le piège tendu par les investisseurs de ce portail avait comme “corollaire” le gonflement des chiffres à espérer de la publicité et des abonnements. Lancé gratuitement pendant 2 mois de son démarrage, andaloo.com avait mis à péage tous ses services d'information. Pour y accéder, il fallait payer entre 3000 et 5000 dirhams par an. Un prix que certains professionnels estiment dissuasif par rapport à un marché encore restreint. Le contenu révolutionnaire qu'on espérait trouver dans le portail pour justifier ce prix est, pour de nombreux observateurs, peu convaincant malgré le fait que la qualité d'une information est appréciée selon les catégories socioprofessionnelles qui consultent le site. L'ouverture du portail donnant sur une page qui regroupe un certain nombre d'informations est largement suffisante pour apprendre le contenu des éléments d'information publiés. Sans se référer au contenu détaillé des informations. La politique d'abonnements, menée par andaloo.com, a rendu le portail moins consultable, ce qui a concouru à réduire l'audience, sans laquelle, la publicité est théoriquement difficile à obtenir. Le rêve de Raphaël Mergui est-il tombé à l'eau ? Ses ambitions sont-elles démesurées ? Ce qui est arrivé aujourd'hui à son portail permet de l'affirmer.