Fusion Wafabank-Crédit du Maroc Inattendu était le rachat par le groupe français BNP Paribas des parts de l'Etat dans le capital du Crédit lyonnais. Pour avoir des chances réelles de fusionner avec le Crédit du Maroc, le groupe Wafabank comptait beaucoup sur le Crédit Agricole, l'un de ses actionnaires étrangers les plus importants, pour que ce dernier rachète les 10% du capital du lyonnais que l'Etat français avait mis aux enchères. Après que BNP Paribas ait racheté ces parts, les espoirs de Wafabank pour se rapprocher du Crédit du Maroc se sont effondrés. “Au mieux, nous réaliserons une fusion avec le Crédit du Maroc, au pire, nous réaliserons une plus-value confortable”. Voilà comment Abdelhak Bennani, patron de Wafabank, avait commenté l'importante prise de participation de son groupe dans le capital du Crédit du Maroc. Ces propos ont été publiés dans une interview parue dans la presse pour répondre à la vague de critiques qui ont nourri des analyses opposées à la montée en puissance de Wafabank dans le capital du Crédit du Maroc. Seulement, ces critiques n'étaient pas gratuites. Wafabank s'est vue “chassée” du conseil de surveillance du Crédit du Maroc alors qu'elle détenait près de 35% de son capital. C'est le Crédit lyonnais, actionnaire de référence du Crédit du Maroc, qui a pris cette décision. Jean Peyrelevade, l'emblématique patron de la banque de Lyon, avait affirmé, noir sur blanc, dans une interview parue dans la presse étrangère qu'il s'opposait à toute forme de fusion, d'OPE ou d'OPA. Ce sentiment d'aversion cultivé tout au long de son parcours a énervé les dirigeants de Wafabank. Leur seul espoir se résumait en deux points essentiels. Le premier consiste à voir le patron du Crédit lyonnais prendre sa retraite le plus tôt possible. Le second, et c'est le plus efficace sur lequel compte beaucoup la direction de Wafabank, est de voir le Crédit Agricole, l'un des actionnaires étrangers les plus importants du groupe marocain, prendre le contrôle des 10% du capital de Crédit lyonnais que l'Etat français avait mis aux enchères. Ni l'un, ni l'autre ne s'est réalisé. Jean Peyrelevade est toujours en place. Le Crédit Agricole a perdu la course à l'obtention des parts de l'Etat dans le Crédit lyonnais. C'est finalement BNP Paribas qui a réussi à s'en emparer. Cette nouvelle donne renforce les craintes des dirigeants de Wafabank qui renvoient dos-à-dos leurs détracteurs pour avoir réduit à néant les chances du groupe pour une possible fusion avec le Crédit du Maroc. En vertu de ce qu'avait annoncé Bennani en guise de commentaire concernant son entrée en fanfare dans le capital du Crédit du Maroc, le scénario le plus proche serait la possibilité pour le groupe Wafabank de vendre ses parts dans la banque qu'il convoitait depuis longtemps. BNP Paribas serait-elle intéressée par cet achat ? Il est encore trop tôt pour l'affirmer. Néanmoins, BNP Paribas est devenue l'actionnaire de référence du Crédit lyonnais. Son poids est important dans les futures prises de décisions. Depuis plusieurs années déjà, le groupe français dirigé à la force du poignet par Michel Pebereau, s'intéresse davantage au marché marocain. Sa filiale marocaine, la BMCI, il l'a développée au point qu'elle bouscule aujourd'hui la quiétude de nombreuses banques de la place. En dépit d'un effort certainement louable déployé pour renforcer la couverture du territoire national, la BMCI souffre encore d'une insuffisance commerciale caractérisée par une faiblesse d'un réseau commercial, certes, à la forme éblouissante mais au nombre limité. Pour enrichir son réseau, elle a récemment fusionné avec la filiale locale du groupe néerlandais ABN Amro. Vingt-deux agences seulement se sont ajoutées à son réseau commercial. Est-ce suffisant ? Certainement pas. Le rachat de 10% du capital du Crédit lyonnais va aiguiser l'appétit de BNP Paribas qui aura probablement des visées sur le Crédit du Maroc, une banque en plein développement dont le nombre d'agences est relativement important. La constitution d'un bloc BCM-BMCI-Crédit du Maroc n'est pas exclue. Khalid Oudghiri, un ancien de la BMCI et actuel responsable de la zone Moyen-Orient de BNP Paribas, a été récemment nommé à la tête de la BCM. Il prend officiellement ses fonctions à partir du 6 janvier 2003. Cette nomination est annonciatrice d'un rapprochement longtemps prétendu entre la BCM et la BMCI. Le fait que BNP Paribas devient premier actionnaire du Crédit lyonnais permettra à la BMCI de compléter le puzzle en lorgnant vers le Crédit du Maroc. Pour arriver à cette fin, la tâche de BNP Paribas sera rude. Il devra composer avec plusieurs banques et grandes institutions de la place. D'abord, avec l'ONA, actionnaire de référence de la BCM. Ensuite, avec le groupe Wafabank, pour une éventuelle cession des parts de ce dernier dans le Crédit du Maroc. Cette vision très poussée sur l'évolution stratosphérique du groupe BNP Paribas au Maroc, n'écarte pas la thèse selon laquelle Wafabank pourrait créer la surprise en obtenant de la direction de BNP Paribas un accord qui lui permettrait de racheter les parts du Lyonnais dans le Crédit du Maroc. Mais, cette thèse est lointaine compte tenu de la part très importante que détiennent les Français dans la banque marocaine.