Les différents discours du président français ont flatté le sentiment national des Marocains. Au-delà des contrats, on traite d'égal à égal. La diplomatie nationale peut être fière, la visite du président français est une réussite. Le Maroc qui avait refusé une visite éclair est récompensé. La visite d'Etat de 3 jours a donné lieu à un recentrage espéré par la partie marocaine, mais peu attendu par des observateurs intoxiqués par les rumeurs. Nicolas Sarkozy, a repris les termes des attentes de Rabat. A chaque fois, il a martelé qu'il savait qu'il s'adressait à une nation très ancienne, avec ce que cela comporte comme atavismes à respecter, parce que fortement respectables. Le Président français a repris des termes forts : Le Maroc debout, le Maroc pièce essentielle de l'édifice Sud-Méditerranéen et le Maroc qui -courageusement- a fait siennes les valeurs universelles. En fait, Nicolas Sarkozy, adopte l'attitude de la majorité de ses conseillers et de l'élite française. Dans la région, l'Etat fort de manière institutionnelle c'est le Maroc. La Nation profondément ancrée dans l'histoire c'est le Maroc. Le pays où la démocratisation avance, malgré les à coups c'est le Maroc. Sans rente pétrolière, ce marché est intéressant. A sa manière Sarkozy en fait même trop aux yeux d'un certain parisianisme. L'une des nouveautés du discours de Sarko, c'est qu'il entérine la volonté de Rabat de traiter d'égal à égal. Jusqu'ici, la diplomatie française défendait ses intérêts en y mettant une couche de paternalisme. Egal à Egal C'est fini et Sarko en prend acte. Quand il parle de nations qui ont subi toutes les invasions et qui en sont sorties plus fières, il remet la colonisation dans son contexte historique. Fauz Fanon n'a plus rien à y voir, le Maroc a une histoire trop riche pour être comprimée à 40 ans de protectorat. C'est un revirement essentiel de la diplomatie française qui ne se considère plus en terrain conquis, mais en pays ami. Au-delà des satisfecits, sur la démocratisation sur la question de la femme, sur la lutte contre l'intégrisme, acquis du nouveau règne, Sarko a pu obtenir des accords de premier ordre. Pas d'avion Rafale parce que celui-ci n'offre pas le rapport qualité prix de ses concurrents. Par contre là où la France est compétitive, on a fait affaire. Il est d'ailleurs curieux que la presse française ne se soit intéressée qu'à cet aspect de la visite. Le Maroc et la France sont maintenant liés par un partenariat exigeant. Les Etats n'en donnent plus le là, c'est le secteur privé qui est déterminant. Les grands groupes Français ont depuis 3 ou 4 ans fait leur choix : le vrai potentiel de la Région c'est le Maroc. Sarko a suivi le mouvement, au grand dam de ceux qui en sont encore à surestimer le pouvoir attractif du sous-sol. L'amitié Franco-Marocaine a enfin trouvé ses rails, sans condescendance, dans l'intérêt bien compris des deux parties.