Le président Nicolas Sarkozy se rend à partir de lundi au Maroc pour une visite d'Etat destinée à réaffirmer les liens privilégiés entre Paris et le royaume et à parapher une série de contrats, dont la probable construction d'une ligne de train à grande vitesse. Initialement prévu en juillet comme simple étape d'une tournée au Maghreb, ce séjour avait été reporté à la demande du roi Mohammed VI, qui n'a pas voulu se contenter d'un passage éclair de son "ami" français, a fortiori dans la foulée d'une visite à son rival et voisin algérien. Cinq mois plus tard, le roi du Maroc recevra donc Nicolas Sarkozy en grande pompe, afin, selon le ministre marocain de la Communication Khalid Naciri, de donner à sa visite "tout ce qu'elle mérite comme attention et considération". Pour tirer rapidement un trait sur ce "couac" diplomatique, le premier déplacement marocain de Nicolas Sarkozy depuis son arrivée à l'Elysée sera d'abord l'occasion d'exalter les liens privilégiés entre la France et son ex-protectorat, ainsi que les excellentes relations de leurs deux dirigeants. "Le président a beaucoup d'estime et de respect pour sa majesté le roi", a souligné le porte-parole de l'Elysée David Martinon. "Il a d'ailleurs eu l'occasion de saluer à plusieurs reprises le courage et la détermination du souverain, qui a mené depuis 1998 des réformes importantes sur le chemin de la démocratie et de la modernité". Les deux hommes s'entretiendront à plusieurs reprises lors des trois jours de la visite et Nicolas Sarkozy prononcera devant le Parlement un discours qui, selon l'Elysée, doit "souligner la qualité de la relation bilatérale et les progrès du Maroc vers la modernité". Sur le plan diplomatique, M. Sarkozy doit également évoquer, lors d'un autre discours à Tanger, son projet d'Union méditerranéenne pour lequel le Maroc, carrefour de l'immigration africaine vers l'Union européenne, a déjà manifesté son intérêt. Le voyage comportera aussi un important volet économique. Selon l'Elysée, il devrait être l'occasion de signer "une quinzaine" de contrats qui renforceront encore la place de Paris comme premier partenaire commercial du royaume chérifien. En matière d'armement, la France espère effacer une petite partie de l'échec essuyé par l'avion de combat Rafale, auquel Rabat a préféré selon la presse marocaine et française des F16 américains d'occasion, en livrant une frégate à la marine marocaine, selon des sources industrielles. Plus substantiel, le groupe Alstom, dont le PDG Patrick Kron sera du voyage, compte bien ajouter le Maroc à la liste des clients de son train à grande vitesse (TGV) et un accord devrait être signé lundi, selon une source marocaine. Nicolas Sarkozy, qui sera accompagné de 70 chefs d'entreprises français, participera mercredi à Marrakech à une rencontre économique et y prononcera un discours sur les relations commerciales entre les deux pays. Dans le domaine de la justice les deux pays signeront deux accords de coopération, le premier concernant "l'actualisation" du cadre juridique qui régit leur coopération depuis 1957, alors que le second est une clause additionnelle à l'accord de 1981 sur le transfèrement des détenus entre les deux pays. En vertu d'un accord bilatéral de 1981, un détenu français incarcéré au Maroc, ou un prisonnier marocain purgeant sa peine en France a le droit de bénéficier d'un transfèrement pour pouvoir exécuter le reste de la peine dans son pays d'origine. L'avenant à l'accord qui sera signé lundi à Marrakech (sud) inclut désormais la possibilité pour les bi-nationaux de choisir le pays où ils préfèrent purger leurs peines, a précisé la même source. Seule ombre à ce tableau, l'association Reporters sans Frontière s'est inquiétée, à la veille de ce voyage, de la "détérioration notable" de la liberté de la presse au Maroc. Elle a demandé au président français, qui affirme régulièrement sa volonté de "dire les choses" sur le plan diplomatique, d'évoquer le sujet avec le roi.