Après les contrats, les contrats à venir. Au deuxième jour de sa visite au Maroc, Nicolas Sarkozy a visité hier le site du port de Tanger-Méditerranée. Cette plateforme portuaire est «le» grand projet du roi Mohammed VI. Situé à quelques encablures de l'Europe et à la croisée des routes entre les marchés asiatique, européen, américain et africain, Tanger Med vise autant à être une plaque tournante commerciale, à l'instar de Dubaï, qu'un lieu de sous-traitance et d'assemblage. Renault-Nissan a annoncé en septembre son plus important investissement de l'année dans la zone franche jouxtant le port : 200 000 puis 400 000 véhicules y seront construits. Chasse gardée. Les autorités marocaines voient grand, à tel point qu'un Tanger Med II est sur le point d'être mis en chantier. Bouygues, qui a assuré l'essentiel de la préparation des infrastructures des deux terminaux de Tanger Med I, est sur les rangs. Tout comme l'armateur CMA-CGM, qui détient 40 % du capital de la société gérant le deuxième terminal. Avec une croissance de 8,1 % en 2006 – due notamment à des pluies abondantes qui ont dopé le secteur agricole – le Maroc est une terre d'investissements de plus en plus convoitée. Riches émirs du Golfe, entrepreneurs espagnols, grandes sociétés américaines… ils lorgnent tous le Maroc, jusqu'ici chasse gardée de la France, qui a raflé, au début du règne de Mohammed VI, en 2000-2001, l'essentiel des grands contrats. Les entreprises françaises représentent toujours 60 % des investissements directs étrangers au Maroc et Paris reste de loin le premier partenaire économique de Rabat. Mais dans certains domaines comme le textile, les Espagnols ont pris le dessus. «La différence entre un businessman français et un espagnol, c'est qu'en sortant de l'aéroport, le Français va voir son ambassade pour savoir dans quel domaine investir tandis que l'Espagnol demande où il peut construire son usine», résume un chef d'entreprise marocain. La moisson de contrats – 3 milliards d'euros au total – annoncés lundi soir tombe donc à pic pour rassurer les 70 chefs d'entreprises françaises venus au Maroc avec Sarkozy. Echec. Le plus important porte sur la construction, d'ici à 2013, de la première tranche d'un TGV entre Tanger et Casablanca pour deux milliards d'euros, dont un pour les entreprises françaises. A ceux qui s'étonnent de l'achat d'une technologie aussi chère pour la bourse du Marocain moyen, un diplomate rétorque : «Nous sommes assez grands pour évaluer nos besoins. Si nous avons envie de dépenser notre argent à tort et à travers, c'est notre problème.» Le discours d'hier au Parlement marocain où Nicolas Sarkozy a parlé de «partenariat d'égal à égal» a donc beaucoup plu (lire aussi page 10). Autres contrats, le tramway de Rabat (20 locomotives Alstom pour 74 millions d'euros), une frégate de guerre de type Fremm (500 millions pour la DCNS), la réhabilitation de 25 hélicoptères Puma et de 150 véhicules blindés. Cela ne masque pas l'échec – un de plus – du Rafale : le Maroc a préféré des F-16 américains moins chers et financés par un prêt saoudien. La vente du chasseur bombardier français (3 milliards d'euros) devait pourtant être financée par des prêts français. Quant aux Airbus, le Maroc, quasi exclusivement équipé de Boeing, n'a rien promis. Dernier domaine prometteur, le nucléaire civil. Anne Lauvergeon, la PDG d'Areva, a signé avec son homologue de l'Office chérifien des phosphates un accord dans le domaine de l'uranium. Mais l'essentiel est dans l'officialisation de discussions qui ouvriraient la porte à la livraison d'une centrale nucléaire civile. Les Etats-Unis, qui ont mis en service un réacteur expérimental en 2003, sont sur les rangs. «Le Maroc a de vrais besoins en énergie, souligne un diplomate français. Il a signé tous les accords internationaux et il a une bonne réputation en matière de non-prolifération.» Contrairement à la Libye et à l'Algérie qui s'était vue promettre la même chose en juillet.