Le géant du sucre a retrouvé ses marques au cours de ce premier semestre. Il dégage un bénéfice de 189 millions de DH à une activité revigorée. Mohamed Fikrat, son patron, explique l'évolution du résultat par la saisonnalité, mais aussi le caractère anormalement bas de la production de 2006. Le groupe Cosumar commence-t-il déjà à bénéficier des effets de synergie qu'attendaient les investisseurs depuis l'acquisition des anciennes sucreries qui lui confèrent désormais un statut de monopole de fait?? La question de l'analyse des résultats du premier semestre 2007 et elle n'est pas la seule interrogation à laquelle Mohamed Fikrat, le PDG de la Cosumar a bien voulu répondre. Au cours des six premiers mois de l'année, le chiffre d'affaire de la maison mère s'améliore de 31%, passant de 1,7 à 2,2 milliards de dirhams par rapport à la même période de 2006. Alors qu'en y adjoignant les filiales, la performance commerciale est beaucoup moins reluisante. La croissance des ventes n'est plus que de 13%, atteignant 2,7 milliards de dirhams. Faut-il y voir un manque de croissance de la part des filiales qui freinent ainsi la maison mère ? «Sûrement pas», explique Mohamed Fikrat. Selon lui, «si la contribution des anciennes sucreries a été faible, c'est parce que la campagne agricole 2006-2007 a été décevante», explique le PDG de la Cosumar. De ce fait, les besoins du marché ont été couverts non pas à partir de la production nationale de betterave et de canne à sucre, mais à partir des importations de sucre brut. Environ 80% de la production du premier semestre ont été couverts par la matière première en provenance du Brésil, contre 20% seulement. Dans une année normale, la production nationale couvre jusqu'à 56% des besoins du marché national de sucre. Ce qui explique l'effet ralentissement qu'ont eu les filiales sur les ventes. A Tadla par exemple, le programme n'avait pas été réalisé, ce qui a été à l'origine d'une baisse de 70.000 tonnes de sucre, par rapport au niveau normal de production. Hors, seule la Cosumar SA, c'est-à-dire la maison mère, dispose de raffineries adaptées à la transformation de sucre brut importé en produit fini. C'est pourquoi c'est Cosumar SA qui a permis au chiffre d'affaires de s'apprécier. De plus, l'activité de production sucrière est saisonnière. La campagne de betterave s'étale de mai à août, alors que pour la canne à sucre, elle s'étend de janvier à juillet. Dans les deux cas, la récolte est effectuée à partir des mois de juillet et août, c'est-à-dire durant le second semestre. C'est pourquoi, toujours selon le patron du groupe, ce déséquilibre conjoncturel devrait se rétablir d'ici la fin de l'année 2007. En revanche, les synergies se font plus visibles concernant l'exploitation, puisqu'il y a une meilleure maitrise des charges d'exploitation. En témoigne le résultat d'exploitation du groupe qui s'améliore de 47%. Et le résultat net du groupe a doublé sur la période à 189 millions de dirhams. Libéralisation Mais là également, le président du groupe explique que cette progression relativement forte s'explique essentiellement par un retour à la normal, après une année 2006 anormale. En effet, la production n'a pas dépassé 375.000 tonnes, contre une moyenne de 425.000 attendues en 2007. Par ailleurs, la faiblesse de la production nationale en 2006 est de nature à réduire la rentabilité du groupe. Puisque la marge d'exploitation est autrement plus intéressante qu'à l'importation dont la politique d'encadrement des prix réduit considérablement les marges. En tout cas, pour le moment, la compagnie ne semble plus se plaindre et le programme d'intégration des filiales est bien en cours. Et depuis l'acquisition des sucreries que possédait l'Etat avant 2005, la Cosumar s'oriente vers d'autres horizons et arbore un nouveau discours. Désormais, il n'est plus question de réclamer la libéralisation. La libéralisation aux oubliettes À son arrivée à la tête de l'entreprise Mohamed Fikrat, patron du groupe Cosumar, avait réalisé une étude comparative avec beaucoup de pays dans le monde. La conclusion a été sans appel, tous les Etats cherchent avant tout à être autosuffisants en sucre. Les échanges internationaux ne représentent que 30% de la consommation mondiale de sucre. Du coup, il n'est plus question de libéralisation. L'objectif secret commun affiché aujourd'hui par le gouvernement et la Cosumar est de laisser aux oubliettes le processus de libéralisation. En 2001 et 2002, la Cosumar menait un vrai lobbying, mobilisant la presse pour pousser l'Etat à accélérer le processus de libéralisation. La demande de la compagnie qui partageait le marché avec les sucreries publiques portait essentiellement sur la suppression de l'encadrement des prix. Puisque jusqu'à présent, le sucre brut importé du Brésil est soumis à une taxe devant porter le prix de revient de la tonne à 4200 dirhams. En plus, le prix de cession du produit fini est également fixé à 4300 dirhams la tonne. En contre partie de cet encadrement, pour chaque tonne de sucre écoulée, l'Etat reverse à la compagnie via la Caisse de compensation, une subvention de 2000 dirhams. Cette situation contraignante n'était pas pour plaire aux compagnies sucrières y compris celles alors contrôlées par l'Etat. Mais depuis l'acquisition de ces dernières par la Cosumar, le discours a légèrement varié. La libéralisation n'est plus une priorité.