* Sur les 64 sociétés ayant publié leurs résultats, 7 affichent des capacités bénéficiaires en baisse. * Renchérissement du coût des intrants, baisse de régime, alourdissement des charges ou seulement impact d'éléments exceptionnels... Les raisons de la décroissance diffèrent d'un cas à l'autre. * Prise dans une tendance baissière depuis fin août, l'incidence des publications de résultats sur les cours boursiers de ces valeurs n'a pas été très visible. La saison des résultats est passée. Ce rendez-vous semestriel, tant attendu par la communauté financière, a rythmé tout au long des deux dernières semaines, une rentrée nonchalante, qui plus est a coïncidé avec le mois de Ramadan. Hormis les quatre sociétés ayant un exercice à cheval, la majorité des sociétés ayant publié ses résultats a réalisé un bon cru. En effet, 57 sociétés ont annoncé des bénéfices en progression par rapport à la même période de l'année dernière, contre sept seulement en recul. L'évolution favorable a touché plusieurs secteurs de la cote. Les banques, les cimenteries, les sociétés de matériaux de construction, les sociétés informatiques, de distribution..., Tous les établissements qui nous ont habitués, chaque année, à publier des résultats en progression, ont été au rendez-vous. Il y a eu cependant certaines sociétés, et pas des moindres, qui en ont surpris plus d'un parmi les professionnels du marché en annonçant des résultats en baisse, ce qui mérite une analyse détaillée. La Samir, Lesieur Cristal, Lydec, La Marocaine Vie, Sofac Crédit, Involys et Mediaco sont nos sept nominées. Cette dernière se distingue cependant du lot. La baisse de sa capacité bénéficiaire étant essentiellement due à des éléments exceptionnels. L'activité du numéro 1 du levage au Maroc, contrairement aux six autres sociétés, se porte à merveille. Bénéficiant d'un contexte favorable dans lequel évolue le secteur du BTP au Maroc, Mediaco affiche un chiffre d'affaires de plus de 115 millions de dirhams, en progression de +49%. Porté par cette bonne performance commerciale, le résultat d'exploitation a été multiplié par 4, passant de 863.786 DH à plus de 3,5 millions DH à fin juin 2007. Cependant, la constatation de quelque 15,7 millions de dirhams en produits de cessions d'immobilisations dans les comptes du premier semestre 2006, contre seulement 2,4 MDH cette année, a pénalisé le résultat non courant de la société, qui est passé de 9 MDH au 30 juin 2006, à seulement 2 MDH cette année. Chose qui n'a pas manqué d'impacter lourdement le résultat net de la société qui s'établit, ainsi, à 2,08 MDH en fin de semestre, contre plus de 6,33 MDH un an auparavant. La flambée des prix des matières premières se fait ressentir En ce qui concerne les six autres sociétés qui ont enregistré de mauvaises performances au cours du semestre écoulé, on peut dire qu'en général la flambée des cours des matières premières sur les marchés internationaux leur a été fatale. En effet, Lesieur Cristal affiche un chiffre d'affaires en retrait de 6% à 1,6 milliard de dirhams suite au recul des ventes à l'export de l'huile d'olive, en liaison avec la modeste campagne oléicole nationale. Son résultat d'exploitation a chuté de 32 MDH à 1 MDH en raison de la dégradation de la marge sur l'huile de table occasionnée par le renchérissement des cours des huiles brutes, notamment les prix des huiles de soja qui ont connu une hausse de plus de 80%, selon les déclarations d'Ahmed Rahou, Directeur général de la société. Ceci, combiné au recul des dividendes perçus sur les filiales, a généré un résultat net de 11 MDH contre 44 MDH pour le premier semestre 2006. Le raffineur de Mohammedia, la Samir, affiche également des réalisations semestrielles en dépréciation. L'activité a généré un chiffre d'affaires de 14,6 milliards de DH, en quasi stagnation par rapport au 30 juin 2006, et un résultat net en retrait de 21%, à 208 MDH. Ces résultats décevants ont pour cause la volatilité des cours du baril de pétrole sur les marchés internationaux, qui a détérioré les marges de raffinage de la Samir. Les analystes de la place recommandent à cet effet d'alléger le titre dans les portefeuilles. S'agissant du concessionnaire des services publics à la cote, Lydec, la dégradation des résultats sociaux a été pour le moins surprenante, même si son activité n'est pas liée à l'environnement international des matières premières. Bien que son chiffre d'affaires ait progressé de +4,2% à 2.352 millions de dirhams, grâce notamment à la hausse des tarifs d'eau et d'électricité opérée en 2006 ainsi que l'élargissement de la base clientèle (+4,3% pour les activités électricité et +7% pour celles de l'eau et de l'assainissement), son résultat d'exploitation a chuté de près de 19% entraînant une dégression de sa capacité bénéficiaire. Le résultat net de la société s'est délesté, en effet, de plus de 18% de sa valeur à fin juin 2006 pour s'établir à 75 millions de dirhams À l'origine de cette contre-performance, le management de la Lydec évoque un tassement des volumes distribués ainsi qu'un alourdissement des charges d'exploitation, qui ont bondi de près de 15% à 623 MDH. (voir page 13). La Marocaine Vie et Sofac Crédit, quant à eux, affichent des résultats pour le moins mitigés. Leurs capacités bénéficiaires ressortent en nette dégradation, malgré le bon comportement de leur cur de métier. En effet, en dépit de la croissance soutenue de l'activité, traduite par une croissance de +32% de son chiffre d'affaires à 376,5 MDH, les indicateurs de rentabilité du spécialiste de l'assurance Vie n'arrivent pas à décoller. En témoigne la forte dépréciation du Résultat Brut d'Exploitation (-49% à 10,1 MDH) et du Résultat Net (-61% à 6,5 MDH). Idem pour Sofac Crédit qui, malgré la nette amélioration de ses produits d'exploitation bancaires (+23%), qui passent d'une année à l'autre, de 204 milliards de dirhams à plus de 252 MMDH, peine à inscrire l'évolution de son Produit Net Bancaire et, partant son résultat net au vert. Ceux-là se dégradent respectivement de +13% à 46,5 MDH et de +51% à 13,72 MMDH. La situation est par ailleurs inquiétante pour Involys. Les réalisations semestrielles de la SSII, quoique en légère amélioration par rapport au premier semestre de l'année dernière, sont loin des prévisions communiquées lors de l'introduction en Bourse de la société intervenue en novembre 2006. Involys s'était engagée au moment de son introduction en Bourse sur un chiffre d'affaires de 62,6 millions de dirhams pour 2007. Or, à fin juin 2007, selon les résultats publiés par la société, elle était à peine à 11,87 millions de dirhams. Le résultat d'exploitation est ressorti à -2,5 MDH pour un résultat d'exploitation prévu au titre de l'exercice 2007 de plus de 12 MDH. Pis, la capacité bénéficiaire de la société croule à -2,4 MDH contre plus de 10 MDH de bénéfice prévu pour toute l'année. Involys arrivera-t-elle à se rattraper durant le deuxième semestre de l'année ? Joint au téléphone, Bachir Rachdi, Président Directeur Général de la société, dit quil faudra attendre la publication des résultats annuels pour juger du niveau dactivité dInvolys. «Notre activité est caractérisée par une saisonnalité qui est liée aux projets sur lesquels nous travaillons. Et, historiquement, le résultat net du deuxième semestre a toujours été supérieur à celui du premier semestre», explique Rachdi, qui sempresse dajouter que «le résultat net au titre de lexercice 2007 sera positif». Impact indéchiffrable sur les cours boursiers Tous les résultats publiés jusqu'au 30 septembre n'ont eu qu'un faible impact sur la Bourse de Casablanca. Des analystes de la place affirment que, quasiment, aucune annonce positive ou négative ne s'est traduite par la hausse ou la baisse des cours boursiers. En effet, le marché est inscrit depuis plusieurs séances dans une tendance baissière (recul de près de 5% entre le 31 août et le 02 octobre), marquée par la domination de quelque valeurs, notamment celles du secteur immobilier, ce qui n'a pas permis de dégager une tendance visible des cours suite à la publication des résultats. «Le marché est resté dominé pendant plusieurs séances par un important volume qui passe sur la CGI et Addoha et, malheureusement, avec une tendance à la baisse, et l'on n'a observé que de faibles mouvements sur les autres valeurs. Quelques unes ayant publié des résultats en net recul ont vu, certes, leurs cours baisser, mais l'on ne peut expliquer cela par le simple fait d'avoir publié des résultats en repli. Pire encore, pour celles qui ont annoncé de bons résultats, la hausse a été parfois très faible, voire nulle», explique un trader de la place. C'est seulement pour Auto Hall, Fénié Brossette, Maghreb Oxygène et Cosumar que de légères hausses ont été observées après la publication de résultats en hausse. Elles sont respectivement de 11,5%, 8,6%, 3,9% et 2,7%. Nos six valeurs ayant publié des résultats en repli ont, toutefois, affiché des baisses pour le moins importantes, et ce depuis le début du mois de septembres. Les investisseurs anticipaient-ils le coup ? Pas si sûr, puisque certains analystes estiment que ces valeurs ont été juste prises dans la tourmente du marché, qui s'est inscrit depuis début septembre dans un trend baissier. En tout cas, ces valeurs ont pris un coup dur ces derniers temps. Samir, Lesieur Cristal et la Sofac ont lâché respectivement depuis le début du mois dernier, 10,24%, 8,8% et 11,98% de leurs valeurs. La Lydec s'est pour sa part dépréciée de +6,7% à 371 DH. Idem pour Mediaco et Involys qui ont chuté dans la même proportion, se délestant respectivement de 5,88% à 640 DH et 7,7% à 334 DH. Enfin, La Marocaine Vie limite les dégâts en enregistrant une légère contre-performance de seulement 3,5% à 302 DH.