Après plus de cinq ans, l'affaire Aït Haddout, ancien directeur de l'Office du développement des coopératives (ODECO), est bouclée. Le juge d'instruction de la Cour d'appel de Rabat, a décidé de ne pas engager de poursuites contre Aît Haddout. Ahmed Aït Haddout, ancien directeur de l'Office du développement des coopératives (ODECO) a été blanchi par la Justice. C'est ce que vient de décider le juge d'instruction chargé du dossier à la Cour d'Appel de Rabat. L'affaire remonte à l'année 2002. A l'époque, Ahmed Lahlimi, ministre de l'Economie sociale, avait décidé de limoger Aït Haddout et de le poursuivre devant la défunte Cour Spéciale de Justice (CSJ) pour détournement de fonds publics et abus de pouvoir. S'en est suivi l'arrestation d'Ahmed Aït Haddout pendant deux mois et demi. Après la dissolution de la CSJ qui, soit dit en passant, était farouchement critiquée par les organismes de défense des droits de l'homme, le dossier a été transmis à la Cour d'Appel de Rabat. Et c'est ainsi que le juge d'instruction a décidé la «non poursuite» contre Ahmed Aït Haddout. Le magistrat a expliqué dans sa décision, que le rapport de l'Inspection générale des Finances, (IGF) sur lequel s'est basé l'accusation «n'était pas impartial, ni indépendant, car l'inspecteur qui l'a réalisé travaillait sous l'égide et les instructions du ministre concerné», à savoir Ahmed Lahlimi, ministre de l'Economie sociale dans le gouvernement Youssoufi II, quelques semaines avant les élections législatives de septembre de la même année. D'ailleurs, un premier audit a été réalisé par l'IGF en 2000 et avait conclu à une «gestion financière satisfaisante». Deuxième remarque du juge d'instruction : le même inspecteur qui a réalisé l'audit sur la gestion de l'ODECO a été désigné immédiatement après le limogeage d'Ahmed Aït Haddout, à la tête de l'ODECO. Mieux encore, le magistrat motive sa décision de ne pas poursuivre Aït Haddout, par le fait que l'Office ne gère pas de fonds publics, et que les décisions prises par le directeur s'inscrivent dans le cadre des prérogatives que lui confère la loi. Enfin, le fait que le ministère de l'Economie sociale se soit présenté dans le dossier comme partie civile, est une preuve qu'il n'y a pas de deniers publics en jeu. Rappelons que l'Office du développement des coopératives, l'un des principaux intervenants dans ce secteur, est celui qui octroie les autorisations pour la création des coopératives. En fait, cet office est hautement stratégique. Il s'occupe de quelque 3.500 coopératives à travers le Maroc, dans pratiquement tous les secteurs sociaux et économiques. Environ, 600.000 citoyens vivent directement de ces coopératives. En d'autres termes, ils représentent une population assez importante. A quelques semaines seulement des élections législatives (l'affaire a éclaté en juin 2002), la crise au sein de l'Odeco ressemblait beaucoup à une campagne électorale prématurée.