Recettes de privatisation Programmée au courant de cette année 2002 dans le cadre de la loi de Finances,l'opération de vente par le gouvernement de 16% du capital de Maroc Telecom n'aura probablement pas lieu. Les déboires financiers de Vivendi Universal n'aideront pas à la réalisation de cette opération. Pis encore, il serait possible que l'Etat marocain reprenne ses parts dans Maroc Telecom au cas où son actionnaire de référence décide de vendre sa participation marocaine.En l'absence «éventuelle» de cette opération, le gouvernement compte sur d'autres opérations comme la Régie des tabacs et Fertima. «D'ici le 31 décembre 2002, tout est possible». C'est ainsi que Fathallah Oualalou, ministre de l'Economie, des finances, du tourisme et de la privatisation s'est exprimé au sujet des recettes de privatisation d'un montant de 12 milliards de dirhams prévus dans la loi de Finances de l'année 2002. «Qu'on les encaisse ou pas, cela ne va pas compromettre la situation de nos finances publiques», explique-t-il. Il s'est aussi abstenu de donner une quelconque indication sur l'état d'avancement des tractations éventuellement engagées entre le gouvernement et Vivendi Universal sur les intentions de ce conglomérat à propos de sa participation dans Maroc Telecom. Auprès de la direction de l'opérateur historique, c'est le black-out total. Normal, puisque la direction de Maroc Telecom ne représente pas celle de son actionnaire de référence. Alors que Jean-René Fourtou, le nouveau patron de Vivendi Universal, multiplie les communications à l'adresse des investisseurs et des marchés au sujet des mesures «urgentes» à prendre pour sortir de la crise le groupe qu'il dirige depuis seulement deux mois, certaines voix aussi bien marocaines que françaises s'élèvent pour indiquer qu'une liste probable aurait été concoctée pour montrer les participations que la direction de Vivendi souhaiterait conserver. Selon une source bien informée, Maroc Telecom ne figure pas sur cette liste. Mais cela ne veut pas dire que Vivendi se résoudrait à une cession automatique de sa participation pour laquelle un fort ticket de 23 milliards de dirhams a été déboursé par Jean-Marie Messier, remercié en juillet dernier pour avoir entraîné son groupe dans une stratégie trop expansionniste dont les conséquences se sont révélées plus tard «dramatiques» sur les équilibres financiers du groupe. Déboires financiers Cette hypothèse de cession à laquelle de nombreux analystes accordent beaucoup de «crédit» renforce les craintes d'un gouvernement qui pourrait connaître un drame financier dans l'histoire des budgets de l'Etat. Non seulement, il pourrait ne pas réaliser la cession de 16% du capital de Maroc Telecom dont il attend des recettes estimées à environ 10 milliards de dirhams, mais il pourrait se retrouver acculé à reprendre les 35% que Vivendi pourrait vendre au cas où ses déboires financiers atteignent des sommets intolérables. Sur ce point, Fathallah Oualalou estime aussi que tout est possible. Car l'Etat, au moment de la cession en 1999 des 35% de Maroc Telecom, avait conclu avec Vivendi un pacte d'actionnaires qui donne le droit au gouvernement de reprendre ses parts dans le capital de l'opérateur historique au cas où son repreneur n'est plus capable d'assumer ses responsabilités. Toutefois, une chose est probable : le gouvernement actuel pourrait ne pas encaisser le produit de la vente de 16% du capital de Maroc Telecom. Ses chances se réduisent sous l'effet des difficultés financières publiquement annoncées par le nouveau patron de Vivendi Universal. En l'absence «éventuelle» de cette importante recette dans son budget, le gouvernement se contenterait alors de quelques opérations dont le produit de la vente avoisinerait 2 à 3 milliards de dirhams. La privatisation de la Régie des tabacs est l'une des opérations les plus importantes sur laquelle compte le gouvernement pour sauver son budget. Après avoir été question de la vente de seulement 51% du capital de la Régie, histoire d'accorder la majorité au futur repreneur, les dernières informations non officielles qui circulent dans les milieux financiers font état de l'intention du gouvernement de vendre 90% de son capital. Ni Fathallah Oualalou, ministre de l'Economie et des finances, ni Larbi Bellaha, président du directoire de la Régie, n'ont voulu se prononcer sur cette information. Toutefois, un des connaisseurs de la régie avait évoqué sous couvert de l'anonymat, que l'entreprise souffre de nombreuses insuffisances techniques et industrielles rendant «moins importante» sa valeur de transfert. Derniers recours «Le pourcentage de 51% de capital ne va attirer personne», explique-t-il. Selon lui, celui qui va reprendre la régie se trouverait contraint d'entamer une série de travaux liés à la restructuration et la modernisation de ses structures internes. Mais, depuis quelques semaines, la direction de la Régie a annoncé dans la presse le début d'un processus de mise à niveau sur le plan industriel et commercial. Le lancement, il y a quelques mois, de sa nouvelle marque de cigarettes «ANFA» a révélé la capacité de la régie à innover même en l'absence d'un partenaire stratégique. Après le succès de cette nouvelle marque de cigarettes, la direction de l'entreprise annonce le lancement pour bientôt d'autres marques qu'elle va commercialiser progressivement en fonction d'un plan marketing et publicitaire bien travaillé. Cette dynamique de changement promet, pour de nombreux observateurs, la réalisation d'une privatisation dont le schéma de transfert serait en cours d'élaboration. Autre opération, moins importante, sur laquelle compte le gouvernement pour boucler ses fins d'années consiste à vendre 16% du capital de Fertima. L'opération est en cours de montage. Selon certaines sources bien informées, les 16% à vendre seront répartis entre les actionnaires qui constituent le noyau dur de la société. S'ajoute à toutes ces opérations la vente programmée de quelques unités hôtelières de taille modeste et dont les recettes ne dépassent pas les quelques millions de dirhams.