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La LIBYE de Kadhafi après 36 ans de révolution : Grands enjeux et spéculations «mathématiques»
Publié dans La Gazette du Maroc le 31 - 07 - 2006

A la veille de la célébration du 36ème anniversaire de la prise du pouvoir en Libye par son père Moammar Kadhafi, le cadet de ses fils, Seïf al-Islam, monte au créneau pour critiquer vivement les institutions «jamahiriyennes» en place, y compris les préceptes du «Livre Vert». Il propose des solutions, s'engage même sur des dates butoirs. Le patron de la «Fondation kadhafi pour le Développement» a-t-il eu le feu vert du Guide ou bien voulait-il ainsi tester sa popularité face aux différentes composantes du système avant de se positionner comme éventuel successeur ? Analyse
Le régime libyen n'a jamais été aussi à l'aise comme il l'est aujourd'hui, même durant les cinq premières années qui avaient suivi le coup d'état mené par les «officiers libres» le 1er septembre 1969. Les risques politiques, internes comme externes, sont réduits aujourd'hui à néant ; notamment après la levée par les Etats-Unis des dernières sanctions à caractère sécuritaire et militaire. Parallèlement, le pays assiste à une libéralisation économique, mesurée certes, mais effectuant des percées significatives ; ce, malgré les perturbations et les erreurs qui l'accompagnent, faute de culture démocratique et d'expérience en matière de gestion économique. Nonobstant, force est de souligner que les revenus pétroliers réalisés en 2005 ont atteint les 29 milliards de $. Un montant qui devra frôler les 35 milliards à la fin de 2006 avec l'envolée consolidée des prix.
Les visiteurs habitués de la Jamahiriya libyenne remarquent que ce pays respire différemment en dépit du poids et de l'influence toujours présente des Comités populaires et des Comités révolutionnaires. Ceux-ci sont considérés comme étant la soupape de sécurité du pouvoir actuel. Cela dit, il n'est pas question, au moins pour l'instant, de se débarrasser de cet instrument monté de toutes pièces par le colonel Kadhafi au début des années 80. Ces comités tentent de le prouver par tous les moyens. Des milliers de panneaux dispatchés dans les principales villes, précisément la capitale Tripoli et la ville de Syrte, fief des «Gdadfahs», tribu du chef de l'Etat avec une seule phrase signée par ces mêmes comités que comporte des panneaux montrant le portrait du guide: «nous ne resterons fidèles et loyaux qu'à vous», et qui veut dire grand chose sur le plan interne ; d'autant qu'elle est un fort message adressé à Seïf al-Islam pour lui faire comprendre que seul Moammar Kadhafi succèdera à lui même.
Cette levée de bouclier de la part des Comités révolutionnaires ne semble pas intimider le fils cadet. Celui-ci a saisi l'occasion, lundi dernier lors du 1er Forum de la jeunesse libyenne (Association de la société civile regroupant environ 15 000 membres) tenu à Syrte, pour lancer son projet d'avenir. Malgré les fortes critiques formulées faisant état de l'absence d'une Constitution en Libye où il n'y a ni démocratie ni presse, Seïf al-Islam a cependant affirmé que son projet consiste à «défendre» la Révolution d'Al-Fateh des «chats obèses» qui avaient sucé pendant des décennies la moelle de la patrie et qui continuent à le faire encore maintenant. Ce discours virulent, considéré de responsable de la part d'une catégorie assez représentative du peuple libyen, est-il le début d'une guerre ouverte entre, d'une part, le fils Kadhafi et ses partisans, et, de l'autre, les différents clans et ténors du régime. Ceux-ci qui, malgré leurs reculs tactiques bien calculés ces dernières années, préservent cependant une réelle influence au niveau d'une base qu'ils entretiennent sans relâche ; d'autant qu'il ne faut pas oublier, par ailleurs, la dimension de leur capacité de nuisance. Un fait qu'ils avaient prouvé maintes fois comme, par exemple, avec l'écartement de l'ancien Premier ministre, Chucri Ghanem, homme de Seïf de la Primature.
Si Seïf al-Islam a, à travers son projet «réformiste», selon ses proches, et ultra-libéral, d'après les observateurs, jeté un pavé dans la mare, et réussi à avoir le soutien du secteur privé libyen, il devra, en outre, arracher l'aval de certains centres du pouvoir qui gravitent autour de son père. En d'autres termes, Kadhafi doit s'exprimer explicitement cette fois, pour montrer s'il cautionne vraiment le projet de son fils. Ou bien s'agit-il simplement de messages que le pouvoir compte adresser à l'Occident, notamment aux Etat-Unis afin d'atténuer les quelques pressions exercées par une frange de l'administration Bush qui ne porte guère Kadhafi et son régime dans son cœur.
Les quelques étudiants des universités de Tripoli et de Gar Younès rencontrés en dehors des campus, dont la majorité avait apprécié les derniers propos «courageux» de Seïf al-Islam, se doutent néanmoins de ses capacités pour aller jusqu'au bout de ses objectifs. Même si ce dernier a laissé comprendre dans son intervention que les Etats-Unis soutiennent son projet démocratique et réformiste. Seïf a annoncé, dans ce contexte, que lors de la réception ces derniers jours d'un haut responsable américain - s'abstenant toutefois de dévoiler son nom-, ce dernier s'est engagé à accorder un don de
500 000 ordinateurs pour les enfants libyens. Alors que certaines forces de l'opposition, telle que l'organisation des Frères musulmans, qui a annoncé son soutien au projet «Ensemble pour la Libye» de Seïf, ces étudiants ont, en revanche, indiqué qu'il est prématuré de prendre une position. Surtout que les modalités, les instruments et les mécanismes de réalisation de cette «nouvelle révolution», comme tient à affirmer son entourage, sont jusque-là flous. Interrogé par La Gazette du Maroc, le membre de la Quiada (Commandement autour de Kadhafi), Abdel Ati al-Obeïdi, qui est, à l'heure actuelle, le plus écouté, s'est contenté de répondre :«Attendons le discours du Guide, le 1er septembre prochain pour, à la fois voir plus clair et mieux s'exprimer». Pour ce qui est d'un dirigeant de la LAFICO (Libyan Arab Foreign Investment Corporation), le bras séculier de la Finance libyenne, qui a préféré garder l'anonymat, «il faut d'abord avoir les moyens de ses politiques avant d'annoncer des projets de réformes et de changement allant jusqu'à 100 ans». Allusion faite à l'engagement pris par Seïf al-Islam devant le forum de Syrte. Ce financier, diplômé d'Oxford, a néanmoins indiqué que la défense par le fils Kadhafi des intérêts des investisseurs libyens, en appelant à leur accorder les mêmes avantages que les étrangers sur le plan de l'encouragement et des facilités bancaires, jouera en sa faveur. Egalement, en revendiquant l'obligation des 750 sociétés étrangères travaillant actuellement en Libye à associer les locaux dans leurs projets.
Réformes dans la continuité
De la place verte, à la longue corniche les projets immobiliers, hôteliers ainsi que les cafés poussent comme des champignons. «Cela devait être fait depuis de longues années», nous disait Salem.B, général de l'armée libyenne aujourd'hui à la retraite ; et d'ajouter : «Nous avons perdu assez de temps d'autant qu'une génération a été sacrifiée pour les beaux yeux de la Grande Jamahiriya». Quoi qu'il en soit, les représentants des grandes entreprises occidentales s'accordent à affirmer que le démarrage a eu lieu, et qu'il n'est plus question que la Libye fasse marche arrière. Ces derniers estiment que le seul obstacle qui existe, c'est l'ouverture du secteur bancaire à la participation étrangère. Car pour le secteur des hydrocarbures, c'est une autre paire de manche. Les Libyens, compris Seïf al-Islam qui se place en tant que «visionnaire» en matière de libéralisation économique, n'osent pas aborder ce sujet qui constitue une ligne rouge.
Le colonel Kadhafi qui gère personnellement, depuis environ 15 ans, le secteur des hydrocarbures, sait mieux que quiconque, que son pays récupère aujourd'hui son rôle, comme l'un des principaux acteurs sur le marché pétrolier. Il est également très conscient de l'importance grandissante accordée par les géants américains aux ressources énergétiques de la Libye. Pour preuve, l'arrivée en force de Chevron. Son président exécutif vient de passer une semaine dans le pays du Livre vert où il a rencontré le Guide ainsi que le président de la NOC (National Oil Company), Chucri Ghanem. Le dirigeant de Chevron a discuté le positionnement de sa compagnie sur le marché libyen, contre un engagelment ferme du transfert de la technologie pétrolière américaine.
Dans les salons de l'hôtel «Bab Ifriquia»- qui affiche en permanence complet -, les représentants des compagnies pétrolières occidentales s'interrogent dès à présent des modalités accompagnant le lancement du 3ème appel d'offres concernant les contrats de participation à l'exploration et à la production du brut. L'ouverture du bal a déjà commencé jeudi dernier dans une atmosphère de curiosité exceptionnelle. Les représentants de la française Total et de l'espagnole Repsol, n'hésitent pas à se poser la question traditionnelle depuis le rapprochement de la Libye avec les Etats-Unis : les compagnies américaines décrocheront-elles cette fois la part du lion ; ou bien le gouvernement poursuivra l'application de la stratégie mise en place portant sur la diversification des partenaires ? Les responsables de la NOC restent, comme d'habitude, de marbre, refusant de donner la moindre information qui réconforte les représentants de ces compagnies qui n'hésitent pas à payer le prix fort pour avoir quelques éclaircissements.
La Libye, dont la capacité de production pétrolière pourrait atteindre 3 millions de barils/jour, ce, au moment où les réserves mondiales diminuent progressivement et où les prix connaissent une flambée persistante, est devenue incontournable pour Washington. A cet égard, les analystes politiques, estiment que ce pays aura beaucoup plus d'importance dans son contexte arabe et africain, du fait de l'intérêt qu'il représente aux yeux des compagnies pétrolières américaines, et plus particulièrement texanes. On apprend de sources concordantes, que des membres de la famille Bush se rendent régulièrement depuis des mois à Tripoli où ils rencontrent des proches du colonel Kadhafi, notamment Seïf al-Islam, Chucri Ghanem et récemment le Premier ministre Al-Mahmoudi al-Baghdadi.
En dépit de cette ruée américaine, visant à créer un lobby pro-américain formé de toutes les tendances, y compris celles émanant des Comités révolutionnaires et de l'armée, le colonel Kadhafi résiste toujours, à sa manière certes, évitant la provocation d'une administration américaine, prête à tout pour garantir ses intérêts, notamment énergétiques. Une des formes concrètes de cette résistance, la poursuite de la stratégie de diversification des partenaires. C'est dans ce cadre que Tripoli a acheté récemment des Airbus au détriment de Boeing, qu'elle opte pour la réouverture de son marché aussi bien énergétique aux Russes avec le positionnement de Gazprom et l'achat de Mig 31. Idem pour les pays du Sud-Est asiatique. L'octroi, mardi dernier, par la «Société Syrte pour la production et l'industrie pétrolière et gazière» au groupe indien, Bong Lloyd, l'exécution du projet d'oléoduc gazier liant, d'une part, Tripoli à Mellita, et, de l'autre, Al-Khums à Tripoli, confirme cette orientation de l'Etat libyen. Peut-on ainsi conclure que la nouvelle approche d'ouverture politico-économique entreprise par Seïf al-Islam, n'est qu'un appel aux réformes dans la continuité du régime. Le discours du colonel Kadhafi prévu le vendredi 1er septembre prochain à l'occasion de ses 36 ans au pouvoir, notamment après l'allocution du fils devant le Forum de la jeunesse, devra répondre à toutes les interrogations. Mieux encore, il montrera que le projet «Ensemble pour la Libye de demain» avec ses grandes lignes, ses points précis, ses critiques a eu vraiment le feu vert de sa part ?


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