Le moins que l'on puisse dire c'est que le Mondial 2006 n'est pas celui des surprises. Rien à voir avec son homologue nippo- coréen où l'on a vu de «petites» équipes se hisser jusqu'en quarts de finales, voire en demi-finales, pour ne citer que les seuls Sénégal, Turquie ou Corée du Sud. Là, en Allemagne, «les grands» semblent décidés plus que jamais à reprendre les choses en main. Et ils l'ont amplement prouvé, malgré quelques belles résistances affichées par des «figurants» (a priori du moins) avides de s'imposer en trouble-fêtes. Seulement la légendaire rigueur allemande s'est avérée payante d'entrée, puisque la Mannshaft a été la première qualifiée aux huitièmes, avec un début en fanfares, du côté de l'attaque qui a concrétisé quatre fois, mais une défense plutôt permissive qui s'est laissée naïvement surprendre par deux fois. Six buts pour un match d'ouverture, c'était inespéré. C'était plus que prometteur. Et dans ce groupe A, il n' y avait que l'Equateur pour faire mieux, puisqu'il a tenu à trancher dès le début en s'offrant une double promenade de santé, face à la Pologne (2-0) et au Costa Rica (3-0). Pas besoin donc de passer par un troisième match. Celui-ci aurait même pu s'avérer être une simple formalité, si ce n'étaient les calculs imposés par le souci d'éviter un tel adversaire pour en rencontrer un tel autre. Pour l'Allemagne, ce sont a priori les Anglais qu'il faut éviter. L'Angleterre, justement, avec une victoire étriquée face au Paraguay (1-0) et une autre obtenu dans la douleur face au Trinité et Tobago (2-0), est tout de même allée droit au but, s'offrant les huitièmes et s'épargnant quelques frayeurs inutiles. Pour le dernier match, c'était désormais aux Suédois, tenus en échec par le Trinité et Tobago et vainqueurs difficiles devant le Paraguay, de faire le jeu. Là non plus, les calculs ne devaient pas manquer. Avant le match Angleterre-Suède, le nom du premier du groupe A aura été connu. Et si c'est l'Allemagne, il ne sera pas étonnant de voir les coéquipiers de Beckham lever le pied pour s'éviter le pays organisateur, ce qui ne sera pas sans faire l'affaire des coéquipiers d'Ibrahimovic. Juste pour être des huitièmes, en attendant mieux. Dans le groupe C, les choses n'ont pas traîné. Argentins et Hollandais, avec deux victoires d'affilée, au détriment des Serbes et des Ivoiriens, ont vite fait de passer le cap. Et ce sont les Argentins qui ont de loin dominé les débats et offert un football attrayant, alléchant, digne des Crespo, Cambiaso, Rodriguez et autres Messi. S'ils s'étaient «contentés» d'un «petit» 2-1 face à la Côte d'Ivoire, c'est, en revanche, au prix d'un vrai récital qu'ils ont enchanté le monde du football aux dépens d'une Serbie-Monténégro qui ne savait plus où donner de la tête, ni du pied. La demi-douzaine de buts marqués, sans que l'adversaire ait pu réagir, n'est que la parfaite illustration d'une domination outrageuse, fruit d'un football aussi total que généreux. Au gré des premiers matchs, il n'y a que la Tchéquie pour contester cette suprématie argentine, tellement elle a su être performante face aux Etats-Unis. Sans oublier, non plus, l'Italie et son assez belle prestation face au Ghana. Il fallait attendre le week-end dernier, et même plus, pour y voir plus clair dans la plupart des autres groupes. Mais l'on aura eu le temps d'apprécier (ou pas) quelques sorties particulièrement attendues. La Seleçao, pour sa part, a trop habitué à un spectacle de haut de gamme. Mais là, pour son premier match, devant une Croatie accrocheuse, certes, il était évident que seul le résultat, au prix d'un seul et unique but, comptait. Ronaldinho et compagnie étaient attendus dimanche pour une meilleure prestation devant l'Australie, vainqueur du Japon de l'autre légendaire brésilien, le désormais entraîneur Zico. Grosse déception pour les Français et autres francophiles. Une chose est sûre, les Bleus sont loin, très loin de ce qu'ils étaient en 98, en 2000 et 2001, quand ils se sont respectivement imposés respectivement en champions du monde, d'Europe, et des Confédérations. L'équipe du très contesté Domenech se trouve être « la plus vieille » du présent Mondial. Les Thuram, Wiltord, Barthes, Zidane… n'ont plus leurs jambes de vingt ans, même si ce dernier a encore de beaux restes. On attendait des Bleus une maigre consolation, grâce à la Corée du Sud et surtout au Togo. L'Espagne, elle, a impressionné par un joli 4-0 face à l'Ukraine, dans un groupe où les deux seules équipes arabes du tournoi, Tunisie et Arabie Saoudite, se sont neutralisées par la faute de défenseurs plus que naïfs.