Avec la qualification de la Turquie et de la Corée du Sud, pour la toute première fois de leur histoire, aux demi-finales, la Coupe du Monde n'aura certainement pas manqué de surprises. Les Coréens affrontent mardi l'Allemagne. Une équipe contre un pays. Les Turcs seront opposés au Brésil. L'heure est à la revanche. La Coupe du Monde aura décidément été celle de toutes les surprises. Si la qualification de l'Allemagne et du Brésil paraît plus au moins logique, étant donnée la grande tradition footbalistique des deux pays, celle de la Turquie et de la Corée du Sud a chamboulé toutes les donnes. Surprenant, le football turc l'été par excellence, réalisant son plus bel exploit de l'Histoire : une qualification pour les demi-finales du Mondial, décrochée samedi grâce à sa victoire 1-0 sur un but en or contre les vaillants Lions du Sénégal. L'action s'est passée à la 94e, alors que les deux équipes jouaient la prolongation, après un match nul 0-0 à la fin du temps réglementaire. Ilhan Mansiz a victorieusement pris du droit un centre d'Arif Erdem, pour la joie de toute une nation. «Nous vivons l'une des journées les plus importantes de notre histoire», s'est réjoui le sélectionneur Senol Gunes à l'issue du quart de finale. Et le buteur Mansiz de commenter : «Nous avons constaté qu'aucune équipe ne nous est supérieure». Des paroles mais aussi des actes et surtout une équipe à toutes épreuves qui, même si difficilement qualifiée aux huitièmes, a su se frayer un chemin vers la gloire. Après celle de 1954, les Turcs participent pour la deuxième fois au Mondial et ont été à la hauteur de leurs ambitions. Le résultat, on l'a bel et bien vu devant les Lions de Terenga. Ces derniers n'ont par ailleurs pas démérité. Participant pour la toute première fois à la Coupe du Monde, les Sénégalais ont tout simplement honoré leur pays, leur continent. L'entraîneur Bruno Matsu, le président Wade et même le président Chirac, tous sont fiers de la manière avec laquelle les Lions ont bousculé la hiérarchie mondiale, en dépit de leur défaite. «Nous avons prouvé que nous sommes au niveau mondial», a déclaré Metsu. Le président Jacques Chirac a déclaré que le monde entier a découvert une sélection sénégalaise exemplaire, composée de joueurs d'un talent exceptionnel qui ont apporté à la compétition un style nouveau, fait d'inventivité, de fraîcheur et de solidarité. Mais, dominés tout au long de la rencontre, ils ont dû céder le passage à une équipe encore plus ambitieuse. La Turquie affrontera le Brésil en demi-finale mercredi à 11h30 GMT à Saitama pour une revanche du premier tour. Dans le groupe C, les Brésiliens avaient battu les Turcs 2-1 grâce à un penalty de Rivaldo dans les derniers instants de la partie. Les Turcs, qui s'étaient ensuite plaints de l'arbitrage, avaient terminé la rencontre à neuf à cause notamment d'une simulation de Rivaldo entraînant l'exclusion de Hakan Unsal. L'heure de la revanche à bientôt sonné. Avec 13 joueurs sur 23 évoluant dans un championnat national sous estimé, le football turc est arrivé à maturité. Qualifié pour les deux dernières phases finales du Championnat d'Europe des nations (1996 et 2000), transcendé par la victoire de Galatasaray en Coupe de l'UEFA (2000), la Turquie est sans doute la seule nation européenne à jouer sur sa valeur. Mais avant, l'on devra assister à une rencontre non moins intéressante qui opposera l'Allemagne à la Corée du Sud, l'équipe que l'on attendait le moins à ce stade de la compétition. Co-organisant le Mondial, la Corée ne pouvait afficher qu'un palmarès peu glorieux, et vierge de victoires en 14 matches disputés lors de ses cinq précédentes participations à la Coupe du monde. Mais les joueurs du sélectionneur néerlandais Guus Hiddink, soutenus par tout un pays, ont depuis réalisé l'impensable: battre la Pologne, mais aussi le Portugal, l'Italie et l'Espagne lors du quart de finale par les tirs aux buts, pour devenir la première sélection asiatique à atteindre les demi-finales de ce tournoi. Une grande première donc pour la Turquie et la Corée dans cette première sortie de la Coupe du Monde en Asie. Paradoxalement, et même s'ils totalisent chacun dix participations à ce stade de la compétition et sept titres du Mondial, l'Allemagne et le Brésil, deux vieux habitués du dernier carré, ont réalisé le parcours éliminatoire le plus faible de leur histoire, décrochant de justesse leur billet pour l'Asie. A cela s'ajoute la peine qu'ils ont eu à se qualifier en demi-finales contre les Etats-Unis et l'Angleterre. L'Allemagne compte miser une nouvelle fois sur les coups de pieds arrêtés et sur les contres pour se débarrasser d'une formation coréenne survoltée, aux joueurs incroyablement polyvalents, mais parfois imprudents dans leur soif d'aller vers le but adverse. La Seleçao, quant à elle, est présente au rendez-vous avec la meilleure attaque de la compétition (15 buts) et les meilleurs buteurs provisoires, Ronaldo et Rivaldo (cinq buts chacun, ex-aequo avec l'Allemand Miroslav Klose). Une certaine règle veut que l'on retrouve le Brésil et l'Allemagne en finale, mais la seul règle certaine en football, c'est qu'il n'y en a pas.