Pour sa première participation à la phase finale de la Coupe du Monde, le Sénégal réalise une performance exceptionnelle. Tout un pays et tout un continent apportent leur soutien à cette équipe. Une démonstration magistrale de la relation de cause à effet entre l'assainissement démocratique institutionnel et la réussite sportive. Après l'élimination prématurée de la France, tenant du titre, c'est le Sénégal qui fait, désormais, peur. Et c'est le moins que l'on puisse dire après leur qualification pour les quarts de finale de la coupe du monde. Un nouveau statut d'une grande équipe qui est en train de naître. Dimanche à Oita au Japon, les «Lions de Téranga» ont réussi à écarter de leur chemin la solide formation de la Suède. Et de quelle manière ! Pour leur première participation, les hommes du Français, Bruno Metsu, ont inscrit, par le biais du buteur du club français de Sedan, Henri Camara, le premier but en or de la coupe du monde, le deuxième dans les annales du mondial après celui de Laurent Blanc contre le Paraguay en 1998, également en 8e de finale. Un but qui a laissé exploser la joie de tous les Africains, mais aussi celle des Français. Car les Sénégalais, dont la majorité évolue dans l'Hexagone, ont non seulement représenté dignement leur continent, mais ils ont aussi pris la revanche des champions du monde sur les Scandinaves. Le Sénégal est la deuxième équipe africaine à atteindre ce stade de la compétition après le Cameroun en 1990. De Oita à Dakar en passant par Paris, les Diouf, Fadiga, Camara, Silva et autres ont gagné le cœur des milliers de supporteurs qui les voient déjà en demi-finale. «On se bat pour le Sénégal, l'Afrique et surtout... euh, je veux aussi, pour la France», lâche El Hadji Diouf, déjà sollicité par le club anglais de Liverpool. Pour Bruno Metsu, que l'on surnomme «le Lion Blanc», la révolution du football sénégalais n'est qu'à ses débuts. «Une grande équipe est en train de naître après la victoire contre la France et la Suède», a déclaré le Français. Il faut dire que le parcours sans faute du Sénégal dans ce mondial, une victoire face au tenant du titre et deux matchs nuls, contre le Danemark et l'Uruguay, n'est pas le fruit du hasard. L'équipe a déjà fait parler d'elle lors de la dernière coupe d'Afrique des nations qui s'est déroulée au Mali où elle a été battue en finale par l'autre mondialiste sortant de l'Afrique, le Cameroun. Deux ans auparavant, les coéquipiers du Lensois Diouf se sont contentés des demi-finales, mais, dans un pays comme le Sénégal qui n'a jamais fait partie des grands, c'était déjà un exploit. Un exploit qui n'a pas de secrets et qui trouve son origine dans la refonte totale du football sénégalais marquée par la restructuration des instances dirigeantes. Les responsables sénégalais se sont inspirés de l'exemple français pour créer une équipe compétitive, homogène capable de rivaliser avec les grands. Et si le Sénégal est, aujourd'hui, quart-finaliste c'est, surtout, grâce à la maturité des joueurs. Une qualité qu'ils ont acquise dans le championnat français. À laquelle il faut ajouter le «french touch» du coach Metsu, premier Français à atteindre les quarts de finale de la coupe du monde de football à la tête d'une sélection étrangère. Désormais, les Sénégalais de France sont les nouveaux héritiers des Tricolores. Et ce n'est pas le président de Lens, Gervais Martel, qui dira le contraire. Lui, qui après l'élimination de son pays, avait déclaré «Maintenant on va supporter le Sénégal». Pour sa prochaine sortie, samedi prochain à Osaka, le Sénégal rencontrera le Japon ou la Turquie. Un quart de final qui s'annonce à la porté des mains des coéquipiers de Fadiga, mais la méfiance reste de mise. «On respecte toutes les équipes. On va rester à notre place. On est toujours la petite équipe du Sénégal et on va jouer match par match», a déclaré Diouf, à l'issue de la rencontre Sénégal-Suède. Décidément, les Lions de Téranga ont encore faim et ne veulent pas lâcher le morceau !