Le soleil se lève tard à derb sultan. Normal, rien n'oblige qui que ce soit à se réveiller tôt, puisque la majorité est soit au chômage, soit elle commence son activité un peu plus tard dans la journée. Je me demande toujours d'où vient cette habitude dans derb sultan et dans tous les quartiers du bled : de squatter les "ras derb". Une sorte de club pour fumer, parler et être au courant des "nouvelles". Une espèce d'Intranet. Je me rappelle un jour, c'était l'été 1988, alors que j'étais en vacances et à l'inverse de mes camarades de classe, je ne passais pas mes vacances en Espagne ou dans un camping privé... mais je le passais à "ras derb". Je sortais à peine de la maison que j'apercevais, comme d'habitude, Joha qui ouvrait déjà le bal. Ah ! Le bon vieux Joha, je me rappelle bien de lui. C'était un homme de 34 ans, presque 13 ans de différence par rapport à moi. Il me faisait rire avec sa manie de dire n'importe quoi. Il est midi. Tout le monde s'ennui et Maizo me sort "Ce qu'on s'ennui ici à ne rien faire, pourvu que les vacances se terminent !" Et là, le vieux Joha répondait : "cela fait 34 ans que je suis en vacances, mais je ne m'ennuie pas" Une ironie bien forte qui caractérise le scénisme et désespoir de Joha qui était un bon parleur, mais aussi un bon musicien, converti en dealer genre "gentil". J'ai grandi dans quartier où le deal était une activité normale. Personne n'en était choqué. On entendait souvent les mots : "khassak chi haja a maaizo", on le disait surtout aux gens qui n'habitaient pas le quartier.