Depuis l'ère où quelques villes du Maroc avaient le ''privilège'' de capter la première chaîne de télévision égyptienne, ce fut une fierté pour ces citoyens d'avoir le monopole de la culture de ce pays dans leurs propres foyers. Mais c'étaient surtout les prémisses d'un fâcheux endoctrinement et de l'effacement identitaire. Le septième art égyptien devint par la suite l'opium de tout un peuple, après l'arrivée des chaînes satellitaires quelques années plus tard. Un bon nombre de population féminine, d'hommes aussi mais à moindre proportion, devinrent experts en langue égyptienne spécialisée tous domaines confondus, bilingues ou traducteurs/interprètes sans la moindre difficulté. Beaucoup parmi eux sont diplômés en Histoire d'Egypte contemporaine. Leurs thèses décrivaient notamment la période coloniale britannique en Egypte, la guerre du ‘'6 octobre'' (guerre du Kippour pour les incultes), ou encore les tentatives d'espionner le Mossad israélien pour servir la nation égyptienne. D'autres, connaissant tous les noms des quartiers et des ruelles du Caire et d'Alexandrie pourraient se vouer à devenir guides touristiques en Egypte sans le moindre scrupule. Les chaînes télévisées égyptiennes offrent une gamme de choix très diversifiée ; des films en blanc et noir, d'autres en couleur, des feuilletons relatant l'histoire des martyres égyptiens, des paysans et leurs règlements de comptes sanguinaires lors des mariages, de la danseuse du cabaret qui court après les hommes mariés, du père de la famille -nombreuse et si pauvre- qui fuit et dont les enfants deviennent trafiqueurs de drogues et le plus jeune ; officier de police et qui finit par mettre sa propre famille en prison, les deux hommes cherchant désespérément une fiancée blonde et aux yeux verts, ou encore le brave homme si loyalement polygame etc… Face à tout cela, on est devenus égyptiens cœurs et âmes ! Plus que le pas de la naturalisation à franchir et on sera tous des citoyens égyptiens modèles ! L'intégration s'est déjà réalisée avec brio ! Dans cette pluralité cinématographique, le machisme est un ingrédient capital. Que cela concerne le grand écran ou les séries télévisés, l'homme égyptien est toujours fidèle à lui-même, brutal, phallocrate et moustachu pour une touche perfectionniste. Qu'il s'agisse d'un paysan, d'un prisonnier, d'un architecte, d'un veuf coureur de jupons, ou d'un boucher il a toujours la voix grave, élevée et il dégage un air sordide. Pas de virilité sans brutalité ! Cela est loin des images féériques que l'on s'imagine en lisant un arlequin. Quant au romantisme égyptien, cela change de scènes de baisers à l'américaine, du beau jeune homme parti à la quête de sa bien-aimée. L'homme égyptien, aussi amoureux qu'il soit, se doit indispensablement d'être une brute ; commençant toujours par déchirer les sous-vêtements de sa partenaire en guise de préliminaires. En cas d'abstinence de celle-ci, une paire de gifles et monsieur réclame son « droit ». Il est surtout primordial qu'il soit habillé en pyjama sous forme de collant blanc, d'exigence et non de préférence, autrement on doutera de son égyptienneté ! Une autre idée prédominante et très fréquente dans les scénarios ; le panarabisme. « Chaque arabe est arabe avant tout et surtout ! Que tous les arabes doivent s'unir pour le - futile- fait qu'ils soient arabes ! Et que grâce à l'Egypte, la mère fraternelle, la terre de la culture et de l'art ce projet verra le jour. » Des discours, quoique relevant de la fiction, à vous faire entrer en transe à vouloir s'expatrier là-bas ! En définitive, si vous reconnaissez au moins un élément parmi ce que j'ai évoqué, sachez que vous êtes quelques parts égyptiens. Je vous incite vivement à aller sur place pour vérifier si vous n'êtes pas plus égyptiens que les descendants des pharaons. Ainsi, vous ne serez plus des égyptiens ''refoulés'' ! —Meryem KAGHATE—