Après le sacre espagnol du Partido Socialista PSOE, voilà la France qui fait confiance aux socialistes du PS pour la gestion municipale. Entre une confirmation de Zapatero et le revers à Sarkozy, la montée de la gauche en Europe et ailleurs ne fait que commencer. Espagne : Zapatero n'est pas monté sur le drame des trains de Madrid ! En papotant avec le chauffeur de Taxi qui nous transportait de l'Aéroport de Barcelone vers notre destination, il remarque le pin's de la rose que je mettais fièrement sur mon manteau. J'ai remarqué son regard, qu'il a cherché à dissimuler. En passant sur l'autoroute, une grande affiche de Zapatero brandie lors de la compagne des législatives, le chauffeur revient vers moi pour m'indiquer : « C'est Zapatero, notre premier ministre ». Un de mes compagnons de route lui réplique : « nous sommes contents, Zapatero est un ami du Maroc » et le chauffeur de répliquer : « Il est l'ami de tout le monde, il fait un bon travail ». Ce témoignage simple d'un citoyen espagnol transmet l'attachement qu'ont eu le peuple et l'électorat espagnols au leader du PSOE. Zapatero s'est débarrassé de la dernière chose que ses détracteurs lui en voulaient : Il n'a pas gagné les législatives de 2004 sur le dos des victimes des attentats de Madrid ! Ses détracteurs de droite lui reprochent d'avoir voulu négocier avec l'ETA et d'être clément vis-à-vis des doléances des catalans. Fier d'un bilan économique performant, d'une paix sociale et surtout d'une pacification des relations extérieures de son pays (il a retiré ses troupes d'Irak directement après son ascension au pouvoir), il a présenté au peuple espagnol un bilan de législature convaincant. Cependant le nouveau – ancien premier ministre fait face à une législature difficile : La conjoncture économique internationale et la flambée des prix exercent de fortes pressions sur le pouvoir d'achat, sur l'inflation et le taux de chômage. Le parti socialiste PSOE, fier de sa « large victoire » (selon Zapatero), est confiant qu'une « une nouvelle période de changement et de progrès » s'ouvrait en Espagne, avec un ambitieux programme électoral à mettre en œuvre. En battant le Parti populaire de droite, soutenu par l'église par ailleurs, pour la seconde législature et en instituant un bipartisme en Espagne (les petites formations reculent drastiquement, le PP obtient 153 siège au Cortés contre 169 pour le PSOE), le parti socialiste confirme la réussite de sa politique de rajeunissement et de réalisme économique. France : Grande victoire du PS et une claque au Sarkozisme. En 2007, les Français ont voté massivement et ont choisi Sarkozy, comme président de la rupture, mais aussi et surtout un président qui promet l'amélioration du pouvoir d'achat des français. Une année plus tard, ils ont bien compris que Sarkozy a réalisé la rupture, mais vers quoi au juste ? Sarkozy est un homme fait, nourri et travaillant par les médias. Il n'a pas hésité un instant pour étaler sur la voie publique tous les sujets, y compris les péripéties de sa vie privée. Sarkozy a pêché en voulant devenir « un monarque absolu en France et a oublié que les français désiraient un monarque présidentiel » (Avis de Colombani du Journal Le Monde sur les ondes de la radio Médi 1). Sarkozy a pêché en promettant « trop sur le pouvoir d'achat », a confié un de ses proches à L'Humanité. Sarkozy pêche encore en minimisant la claque qu'il a reçu lors des municipales et sa portée nationale. Il a cru qu'en cooptant quelques potentialités de gauche, il arriverait à déstabiliser son adversaire. Bref, La droite au pouvoir est devenue minoritaire selon les dernières consultations françaises et j'ose croire que Sarkozy est devenu minoritaire, même dans son propre camp ! « Si l'on observe les villes de + de 100 000 habitants –les grandes agglomérations françaises-, le gain est de 9 villes. Il n'y a aucune perte. Ce qui fait qu'à partir d'aujourd'hui, la gauche dirigera 24 des 36 villes de + de 100 000 habitants. Nous avons donc atteint l'objectif pour les élections municipales, quelle que soit la taille des villes, quelle que soit leur localisation. De ce point de vue, le résultat est à la fois local et national car il traduit un mouvement d'ensemble. » déclarait Hollande, patron du PS, à l'issue du scrutin. Sur cette grande victoire, 10 mois après l'élection de Sarkozy, le PS prépare les échéances électorales européennes et son congrès du printemps. C'est dans ce dernier que se jouera l'avenir de ce parti, avenir prometteur s'il arrive à faire émerger un leadership capable de capitaliser sur ce sacre et conter l'hégémonisme du Sarkozisme dont la force a été mise à rude épreuve lors des communales de France. Quel avenir à la rose en Europe, et ailleurs ? Le socialisme en tant qu'idéologie a commencé par être touché de réalisme. Le but suprême de cette pensée, à savoir rassembler les prolétaires pour faire triompher les idéaux d'équité est désormais un leurre. Le réalisme est d'avouer que la classe moyenne est diverse, multiple et des fois à intérêts contradictoires. Le discours socialiste en Europe, tout en évitant de décevoir la population de gauche, s'adresse désormais aux jeunes de plus en plus apolitiques. Le message est plus rassurant, plus équilibré et surtout pragmatique et didactique. Il accompagne la jeunesse dans mouvance. Le socialisme gagne lorsqu'il est capable de mobiliser. Et pour mobiliser, il faut qu'il soit au cœur des préoccupations citoyennes, qu'il les accompagne. Il gagne quand il régénère sa capacité à proposer, à créer l'espoir. Mounir BENSALAH.