"J'étais sévère contre ce phénomène. Quand je passe les examens normalisés pour les élèves de 6ème primaire, je ne laisse jamais une mouche sans réagir. Maintenant, je laisse aller, je suis même généreux." C'est ce que dit Anouar à propos de la tricherie dans les examens. Anouar, 26 ans, deux ans de travail comme enseignant en primaire. Anouar philosophe déjà les choses "On est dans société de "trichards" et de corrompus. Allez voir le dernier rapport de Transparency Maroc. Si les parents trichent dans leur travail -toute fonction confondue-, ils vont sûrement l'évoquer devant leurs enfants. Ils défendent la tricherie devant leurs enfants, idem pour la corruption." Anouar avance l'exemple d'un parent qui "m'en voulait, sans scrupules, comme s'il défendait un droit." A propos, et comme la tricherie est équivalente à la corruption coté adulte, le Maroc occupe une position 78 parmi 178 pays dans le classement de l'indice de perceptions de corruption en 2005 et obtient la note moyenne de 3.2 points sur 10. Même le roi l'a évoqué dans beaucoup de discours. Aicha, 42 ans, elle aussi enseignante en primaire, vient de passer un examen professionnel pour accéder à un grade supérieur. "J'ai fait tous les efforts pour tricher, comme tous les autres. Des photocopies miniatures, des journaux et tout papier plus ou moins adéquat." Mais Aicha se justifie autrement. "Notre ministère ne fait allusion à aucun document qu'on peut étudier pour améliorer notre bagage intellectuel et pédagogique qu'on aurait à l'appui."