« Jardin des rides » est le dernier court-métrage écrit et réalisé par Hicham Lasri et produit par nabil Ayouch pour Ali n' Productions. Le court-métrage est interprété par Mohammed Khalfi et Houda Rihani et dont l'histoire est celle de Daoud, un sénile qui apprend sur ses derniers jours qu'il a une fille et s'apprête à la rencontrer. Elégiaque et dense, c'est un récit d'attente, de détresse et quelques dentiers par terre... Il Sera projeté au Rialto le 17 juillet à 19h avec aussi une rétrospective des autres courts-métrages du réalisateur : Géométrie du remords (2002) Ali J'nah Freestyle (2OO4) Lunati(K)a (2005) La projection se déroulera en présence du réalisateur du producteur et de l'équipe artistique et technique du film. Jardin des rides... Court-métrage de Hicham Lasri Synopsis Daoud est un homme âgé qui vit très mal sa vieillesse, son impuissance et sa dégradation physique. Il hante une maison de repos comme un fantôme qui se cache derrière les apparences d'une jeunesse qui a fui dans l'attente d'une mort messianique. Son seul compagnon est le livre de ses mémoires qu'il conserve précieusement. Le temps égrenait son compte à rebours inéluctable ... ... Jusqu'au jour où il apprend que son ex-femme est morte et qu'il peut maintenant voir sa fille dont il ignorait jusqu'à l'existence... Pour cette première rencontre, il ne veut pas se montrer à sa fille en homme sénile mangé par les rides et les tics de vieillard, alors il se cache derrière ses angoisses et une image plus reluisante qu'il déterre pour se montrer à son avantage... Une jeune infirmière l'aide à s'accepter pour affronter le regard de sa fille durant les longues heures d'attente fiévreuse et craintive... Maintenant, il doit attendre sa fille pour lui donner le livre de sa jeunesse... Hicham Lasri Note d'intention du réalisateur Jardin des rides "On est un sol vierge et le temps est notre jardinier" Zigzaguant à la fois entre mes propres histoires et les histoires que j'écris pour les autres. Je suis confronté chaque jour à la question de la "maturité". Un rapport à l'âge qui passe nécessairement par le filtre de l'expérience et le prisme du savoir. En tant que "raconteur d'histoires", mon défi est de me mettre à chaque fois dans la peau d'autres personnages, adoptant leur perspectives pour arriver à en tirer le meilleur. Et dans cette sorte de stratégie narrative, la vieillesse reste l'autre pôle, le point le plus éloigné vers lequel la vie me ramène... Et il faut avouer que se mettre dans la peau d'un vieil homme comme Daoud est une expérience formidable... Daoud, le personnage central du Jardin des rides est un homme au seuil de l'extinction obligé de faire face à une rencontre imprévue avec une progéniture jusqu'à là inconnue. Et c'est cette rencontre qui le pousse à affronter la réalité de son cas : il se voit vieux, sénile, laid, impuissant et un mauvais père emprisonné à l'extérieur de sa propre vie. Qu'est ce qu'il a à donner à sa fille ? Rien. Mais c'est cette fille - personnage fantôme mais omniprésent- profilant à l'horizon qui va tout lui donner, en le poussant à se réconcilier avec lui-même et avec la vie. Ultime voyage aux confins de sa propre vie pour faire la paix avec lui-même et accéder aux rivages de la sérénité... Il est question de la vieillesse non comme dégradation et déchéance mais comme un postulat narratif qui s'articule autour du ralentissement. La perte de la vitesse est symptomatique de la perte de l'énergie. L'histoire de Daoud est le récit d'une attente, toute en pesanteur, difformé par le prisme d'un ego détruit par l'érosion du temps et d'un narcissisme meurtri par le filtre de l'âge. De cette attente se dégage l'idée graphique de l'illustration de la vieillesse à travers les rides. Ce langage en arborescence, dont la logique et la syntaxe nous échappe, porte en lui une sorte de travail d'orfèvre transformant le corps lisse et impersonnel d'un bébé en un bijou abîmé qui porte en lui la vie et son sens. Regardant le phénomène de la vieillesse de loin, regard de jeunesse - forcément - poétique et sot, j'y songe comme un travail de création du temps qui passe. Non comme élément de destruction et de désolation, mais comme un sculpteur de génie obsédé par son art. Un sculpteur qui accompagne ses œuvres aux limites de la vie pour y graver le parcours de chacun. Transformant les corps et la chair en pages vierges où sa plume creuse des poèmes sublimes sur la vie et ses expériences les plus prosaïques ou les plus extraordinaires et retracent, en creusant des rides et des sillons, l'histoire de chacun comme un historien éternel et infatigable... Sur le fascinant phénomène de la vieillesse, cette histoire est un regard pétri de la légèreté et du détachement de la jeunesse quand, concrètement, un vieil homme évoquera le mal de dos, le rhumatisme et la déchéance de la vieillesse. De mon côté, je parle "d'icônisation" des personnes qui perdent en vitesse ce qu'ils gagnent en magnifique, touchant progressivement à l'essence des idoles figées dans une posture ou une fresque mettant en valeur la beauté d'un homme qui fait la pose pour l'éternité. Le temps construit tout. La libido se tanne, l'ego s'effrite, narcisse crève mais en même temps la précieuse chose qu'on est, prend un peu plus de valeur... Le temps se penche sur nous et dépose un baiser douloureux, celui de ses griffes qui tatouent sur nos corps l'épreuve de ce don magnifique qui est la vie. Daoud, piégé dans son propre corps vieilli, incapable de faire face au monde. De dégoût et de honte, il réapprendra le sens de la vie au contact d'une femme qui n'est pas encore rattrapée par la pesanteur du temps. La rythmique du récit est cette rencontre, rythmique cardiaque puisqu'il s'agit de vie et de mort. Et qui donne la cadence de l'histoire comme parcours initiatique dans l'apprentissage de la vie au seuil de la mort. " Ce qu'il y a de plus beau dans l'hiver est un sourire édenté. Sourire mélancolique et édenté, mais un sourire tout de même ." Capter ce moment de grâce et d'humanité est, humblement, l'ambition de ce scénario... Hicham Lasri [email protected] gsm 065 71 45 02