La coordination nationale des étudiants en médecine du Maroc (CNEM) a tenu ce mardi 28 mai une conférence de presse pour éclaircir plusieurs points concernant notamment leur «combat pour faire valoir leurs droits légitimes et protéger leur formation et leur cursus», qui dure depuis le 25 mars. Ils ont également évoqué plusieurs points relatifs au projet d'accord proposé par les deux ministères de tutelle, et que les étudiants de médecine ont rejeté avec une majorité écrasante. Les détails. Les futurs médecins du public ne semblent pas vouloir trouver un juste milieu avec les ministères de tutelle pour mettre fin à la crise au sein des facultés publiques et CHU. Ils ont annoncé le maintien du boycott jusqu'à ce que le ministère de la Santé et le ministère de l'Enseignement supérieur répondent favorablement à l'ensemble de leurs revendications. Ils organisent dans ce sens une marche nationale à Rabat, jeudi 30 mai, qui démarrera depuis le ministère de la Santé jusqu'au Parlement. Lors de la conférence de presse tenue ce mardi 28 mai au siège du Syndicat national de la presse marocaine (SNPM), la CNEM a réitéré l'attachement des étudiants en médecine (générale, dentaire, pharmacie) à son dossier revendicatif, soulignant qu'ils ne craignent pas le spectre de l'année blanche, en dépit des menaces du ministère de la Santé et le ministère de l'Enseignement supérieur. « On le dit et on le répète, une année blanche vaut mieux qu'un avenir noir. Les étudiants en médecine sont attachés plus que jamais à leurs revendications et sont convaincus par le combat qu'ils mènent et que le ministre de la Santé et le ministre de l'Enseignement supérieur a d'ailleurs reconnu sa légitimité», a déclaré un membre de la CNEM lors du point de presse. Suite à la réunion de la CNEM avec leurs ministères de tutelle, mardi 14 mai dernier, le département de Said Amzazi et d'Anass Doukkali ont proposé un projet d'accord aux futurs médecins, qui s'est vu refuser par 91% d'étudiants des 9 facultés de médecine du Royaume, souligne le coordinateur de la CNEM, Ayoub Aboubaigui. En conséquence, il a été décidé de maintenir le boycott des cours, TP-TD, stages hospitaliers et examens de S2. Interrogé sur la décision du ministre de l'Enseignement supérieur de maintenir la date prévue pour les examens de S2, du 8 au 15 juin, malgré le rejet du projet d'accord et le maintien du boycott, le représentant des étudiants en médecine, Ayoub Aboubaigui, a été ferme dans sa réponse: « Nous ne craignons pas les menaces des ministères de tutelle, pour la simple et unique raison est que nous défendons notre formation et notre cursus universitaire ainsi que les intérêts du citoyen marocain, qui se soigne au sein des CHU ». « 91% des étudiants des 9 facultés de médecine générale dentaire et pharmacie ont rejeté leur projet d'accord, qui n'a rien de concret, ce qui montre leur attachement et leur conviction de la légitimité de l'ensemble de leurs revendications« , a-t-il expliqué. Contre les promesses non tenus par les deux ministères de santé et de l'enseignement supérieur En ce qui concerne le projet d'accord proposé par les ministères de tutelle, Ayoub Aboubaigui explique que les étudiants en médecine ont constaté qu'il ne répondait pas concrètement à leurs revendications, mais qu'il ressemblait plutôt aux précédents accords et promesses non tenus par les deux ministères de santé et de l'enseignement supérieur. Il a ajouté, par ailleurs, que lors de toutes les réunions tenues avec les ministères de tutelle, le dialogue a toujours été autour du dossier revendicatif qui concerne la formation des étudiants en médecine. Aboubaigui a précisé que «la CNEM n'est affiliée à aucun mouvement ou parti politique. Elle est plutôt une instance indépendante avec un objectif académique qui est de défendre la faculté publique et la qualité de formation au sein de ses facultés». La CNEM refuse que le ministère de la Santé remédie au manque flagrant en médecins dans les hôpitaux périphériques, en ayant recours aux étudiants de la 7e année. Ayoub Aboubaigi est également revenu sur l'une de leurs revendications qui est la suppression de la 6e année pour les étudiants en médecine dentaire, qui vise également à remédier au manque de médecins dentistes au sein des CHU, en ajoutant une 6e année. Pourtant, les étudiants en médecine dentaire sont, à la base, confrontée à plusieurs problématiques lors de leurs stages tels que le manque en équipements biomédicaux. Ce qui les pousse à se les procurer par leurs propres moyens et régler même la facture d'un patient pour pouvoir valider leur service. « Il faut que le ministère de la Santé recrute des médecins au lieu de profiter des étudiants qui sont encore en formation », a-t-il fustigé. Les étudiants étrangers contraints de regagner les amphithéâtres Concernant le concours d'internat et de résidanat, la CNEM a été claire sur ce point. «Nous n'avons rien contre les étudiants en médecine privée. Au contraire, ce sont nos confrères et nous allons les rencontrer lors de l'exercice de notre fonction. Toutefois, ce que nous refusons ,c'est qu'ils viennent passer leurs concours au sein des CHU publics,. Sachant que le nombre de postes, qui s'ouvre chaque année, reste faible par rapport à la totalité des étudiants des 9 facultés de médecine du Maroc qui méritent en premier lieu d'avoir ses postes, sans oublier que les terrains de stages sont restreints. Il faut que l'Etat leur assure leurs propres CHU». Il y a également le manque d'équité entre les facultés de médecine privée et publique, souligne un membre de la CNEM. «Que ce soit au niveau de la qualité de formation, voire même la correction des examens, il n'y a pas d'équité entre les deux facultés et ce sont les profs universitaires qui le disent. Depuis l'ouverture des facultés de médecine privée, un grand nombre de nos professeurs ont démissionné pour aller enseigner dans les facultés privées. Ce qui a entraîné un grand manque dans le corps enseignant au sein des facultés de médecine publiques et impacté de facto sur la qualité de la formation du futur médecin du public». Alors que les étudiants en médecine des 9 facultés du Maroc boycottent les cours magistraux, TP-TD, stages hospitaliers et examens depuis le 25 mars dernier, les étudiants étrangers, eux étaient contraints de regagner les amphithéâtres «suite aux nombreuses menacent qu'ils ont subi, à savoir le retrait de leur bourse, etc». Dans ce sens, la CNEM a exprimé sa compréhension face la reprise des cours des étudiants étrangers soulignant ainsi «qu'ils ont été obligés à le faire».