Une session de formation sur le crime économique et financier s'est ouverte, mardi à Rabat, avec comme objectif d'aborder les différents aspects de ce genre de crimes, ainsi que les moyens de lui faire face, dans un contexte de mondialisation. La formation est organisée dans le sillage du 3ème programme de renforcement de la bonne gouvernance et de la lutte contre le blanchiment d'argent, en partenariat avec l'Instance centrale de prévention de la corruption (ICPC) et la présidence du Ministère public, et financée conjointement par l'Union européenne (UE) et le Conseil de l'Europe. Cette formation de deux jours vise à doter le corps de la justice (magistrats du Ministère public, présidents des chambres de finances auprès des cours d'appel) des outils pédagogiques et juridiques nécessaires pour le traitement du crime financier, eu égard à ses répercussions néfastes, notamment sur le plan économique. A cette occasion, le procureur général du Roi près la Cour de Cassation, président du Ministère public, Mohamed Abdennabaoui s'est félicité de cette coopération tripartite entre l'institution qu'il représente, l'instance centrale de prévention de la corruption et la partie européenne, exprimant sa volonté d'élargir les domaines de coopération pour inclure d'autres secteurs, en vue d'élaborer des mécanismes performants répondant aux attentes de toutes les parties prenantes. Il a, dans ce sens, indiqué que le crime économique et financier est considéré comme un acte « dangereux » car il affaiblit la confiance vis-a-vis des institutions, tout en agissant contre les lois et les textes en vigueur, appelant à élargir le champs des bénéficiaires de la formation, pour inclure les officiers de la police judiciaire, les magistrats et les procureurs. Un cadre législatif dissuasif Mettant en avant les conséquences négatives de la criminalité financière et sa menace sur l'ordre public, Abdennabaoui a souligné la nécessité d'un cadre législatif dissuasif et efficace, conformément à la convention des Nations Unies en matière de lutte contre la corruption. Il a, également, rappelé les mesures prises au Maroc en matière de protection des témoins dans les affaires de corruption et de détournement des fonds, citant le lancement de la ligne directe dédiée à la réception des dénonciations d'actes de corruption. Pour sa part, le président de l'ICPC, Mohamed Bachir Rachidi a souligné l'importance de cette formation qui se penche sur le crime économique et financier, faisant savoir que la corruption entrave la promotion des investissements, la sécurité et la paix sociale. Il a affirmé que le Maroc s'est engagé volontairement, depuis plus de vingt ans, dans l'instauration d'un état de droit, ajoutant que le Royaume a adopté trois approches différentes dans ce sens, répressive, rationnelle et institutionnelle et ce, à travers l'activation des rôles des organes de bonne gouvernance. Amélioration du service juridique De son côté, le représentant de l'UE, Jose Luis Herrera a mis en avant le rôle de l'UE, notamment dans l'accompagnement du programme d'amélioration du service juridique, qui vise la mise en place d'une base juridique commune. Cette session de formation au profit de 25 magistrats, est axée sur les techniques d'instruction et d'investigation dans les crimes à caractère économique et financier, ainsi que la collecte de preuves et la coopération internationale sur les crimes transfrontaliers. Elle s'inscrit dans le cadre de l'appui à la spécialisation des magistrats exerçant dans les chambres des crimes économiques et financiers et dans l'ouverture de la présidence du Ministère public sur les autres institutions et organes, en vue d'atteindre des objectifs communs, notamment en matière de lutte contre le crime financier et la corruption.