Les ophtalmologues du secteur libéral montent au créneau et dénoncent l'«exercice illégal de la médecine » par les opticiens. Dans une lettre adressée mardi à de hauts responsables gouvernementaux, dont le chef de l'exécutif, Saad Eddine El Othmani, ils rejettent spécifiquement le projet de loi 45-13 relatif à l'exercice des professions de rééducation, de réadaptation et de réhabilitation fonctionnelle. Pour eux, ce texte actuellement à l'examen à la deuxième chambre du Parlement, constitue « une grande violation à la loi qui établit minutieusement les règles de l'exercice ». Le point. Les médecins ophtalmologues se lancent dans une guerre contre les opticiens et mettent le gouvernement et le ministère de la santé face à leurs responsabilités. Dans une lettre adressée le 26 février, par le Collège syndical National des Médecins Spécialistes Privés à plusieurs responsables au sein du gouvernement dont le chef de l'exécutif, Saâd Eddine El Othmani et le ministre de la Santé, Anas Doukkali, le syndicat souhaite «attirer l'attention du gouvernement sur tous les aspects de l'exercice portant atteinte à la profession médicale et à la santé du citoyen », mais plus précisément l'article 6 du projet de loi 45-13, qui, selon les ophtalmologues, « autorise l'exercice illégal de la médecine par les opticiens ». Ledit article stipule que : « l'opticien lunetier délivre au public des articles d'optique destinés à corriger ou à protéger la vue. Préalablement à leur délivrance, il réalise l'adaptation et l'ajustage desdits articles au moyen d'instruments de contrôle nécessaire. Il délivre les produits d'entretien et de conservation des lunettes et des lentilles de contact ainsi que les produits de leur humidification». Toujours, selon l'article 6, « l'opticien lunetier ne peut délivrer aucun dispositif médical d'optique sans prescription médicale dans les cas suivants : Pour les sujets de moins de 16 ans, l'acuité visuelle inférieure ou égale à 6/10 après correction, amétropies fortes et Presbyties en discordance avec l'âge ». Dans la lettre envoyée par le syndicat, et dont Hespress Fr détient une copie, les médecins ont exprimé leur surprise de voir comment « par la magie d'un projet de loin passé sous silence et déjà adopté en première lecture au parlement, on peut assister à une mise en forme et une institutionnalisation d'une autorisation d'exercice illégal de la médecine ». Selon eux, mettre entre les mains des opticiens, sans aucune attribution médicale professionnelle, la santé du citoyen est un « non-sens total et une grande violation de la loi 131/13 qui établit minutieusement les règles de l'exercice médical ». « Il ne peuvent pas mettre en place une loi qui contredit la première loi ! », explique à Hespress Fr Dr Said Afif, Président du Collège syndical National des Médecins Spécialistes Privés. « Les opticiens ne peuvent pas délivrer et prescrire les traitements médicaux. S'il y a des erreurs, qui va les corriger? qui va les sanctionner?», s'exclame notre interlocuteur. Dr Afif insiste également sur le fait que l'indignation des médecins par rapport à cette loi « a pour but de protéger la santé du patient et du citoyen marocain qui passe avant tout, au-delà de l'aspect de défendre les ophtalmologues ou les médecins en général». Dans ce sens, Le syndicat invite le gouvernement et le ministère de la Santé à faire en sorte que l'article 6 du projet de loi 45/13, actuellement déposé à la chambre des conseillers, soit « retiré purement et simplement », pour « éviter d'aller vers une situation d'inconstitutionnalité d'une loi et vers la contradiction juridique entre deux lois ».