La question de la migration et du sauvetage des migrants clandestins qui tentent de débarquer sur les côtes espagnoles à bord de pateras, a toujours été au centre des débats entre Rabat et Madrid. Un accord semble avoir été trouvé, à la faveur d'une nouvelle stratégie de sauvetage approuvée par les deux parties. Détails. Des sources du gouvernement espagnol, citées par le quotidien El Pais, précisent que l'Espagne et le Maroc sont parvenus à un accord « qui permettra une stratégie sans précédent de réduction des flux d'immigration irrégulière ». Ainsi, détaille le journal, le sauvetage maritime pourra débarquer dans les ports marocains une partie des migrants sauvés, alors que jusqu'à présent, les naufragés situés dans le détroit ou dans la mer d'Alboran se dirigeaient vers un port espagnol, bien que le lieu de sauvetage soit plus proche de la côte marocaine. Cette nouvelle mesure pourrait être appliquée aux migrants interceptés dans le cadre d'opérations dans lesquelles «Salvamento Marítimo » assistera les garde-côtes marocains dans leur zone de responsabilité, et tant que le port le plus proche n'est pas espagnol. La stratégie convenue avec Rabat, ajoutent les mêmes sources, permettra d'atteindre l'objectif que s'est fixé le gouvernement de Pedro Sanchez, à savoir réduire de moitié le nombre d'immigrés en situation irrégulière après une année record (2018), qui a enregistré quelque 64.298 arrivées, selon les données du ministère espagnol de l'Intérieur. Initiative déjà controversée Si elle permet de trouver (enfin) un consensus sur la gestion du flux migratoire, et qui est de plus, adaptée à la légalité internationale, l'initiative suscite déjà la controverse, en ce sens que parmi les candidats à renvoyer au Maroc, il pourrait y avoir des profils vulnérables en tant que demandeurs d'asile. Une autre crainte nourrit également cette controverse, celle exprimée par Maritime Rescue de voir les naufragés, notamment subsahariens, se rebeller, et de manière violente, à l'idée d'un « retour vers la case départ ». Plan ressuscité par Sanchez La décision, qui devrait être appliquée immédiatement, bien que son avenir dépende du résultat électoral du 28 avril, est une reformulation de l'activité de sauvetage développée par Maritime Rescue, chargée de faire venir près de neuf migrants sur dix arrivés en 2018, aux côtes espagnoles, selon les données officielles. Cette nouvelle approche du travail dans le détroit a été conçue par le commandement unique opérationnel, un instrument ressuscité par Sánchez en août dernier pour contrôler les entrées irrégulières et qui est dirigé par le général de la Guardia civil, Félix Blázquez. Le plan de l'exécutif contre l'immigration irrégulière implique également le renforcement de la coopération avec la garde côtière marocaine. Dans ce cadre, le gouvernement espagnol est intervenu auprès de l'UE pour le versement, fin 2018, d'une enveloppe de 140 millions d'euros au Maroc, destinée à contribuer à une meilleure régulation du flux migratoire.