Un rapport marocain a dressé la liste des bénéfices tangibles et intangibles que le Maroc pourrait tirer de l'organisation de la Coupe du Monde 2030, notamment l'accroissement de son rayonnement international, le développement des infrastructures sportives, l'amélioration des systèmes de transport et la création de nouvelles opportunités d'emploi, dont certaines seront durables, en particulier dans le secteur du tourisme. En revanche, le rapport publié par l'Institut Marocain d'Analyse des Politiques, sous le titre « Les implications économiques de l'organisation de la Coupe du Monde de la FIFA 2030 au Maroc », évoque les expériences de pays ayant précédemment accueilli cette compétition. Il souligne que ce type d'événements peut parfois avoir des effets inverses, comme une hausse du chômage après leur conclusion. De plus, les recettes générées par l'augmentation du nombre de spectateurs ne suffisent pas toujours à compenser le coût élevé de l'organisation. À titre d'exemple, la Coupe du Monde 2014 au Brésil a coûté vingt fois plus que les revenus qu'elle a générés. Les opportunités attendues Selon le rapport consulté par Hespress FR, l'organisation de la Coupe du Monde 2030 par le Maroc en partenariat avec l'Espagne et le Portugal représente à la fois un défi financier majeur et une opportunité économique importante. Les premières estimations officielles marocaines indiquent que le coût total de l'organisation du tournoi sera compris entre 15 et 20 milliards de dollars pour les trois pays hôtes. Le document précise que la part du Maroc dans cette enveloppe budgétaire devrait se situer entre 5 et 6 milliards de dollars, soit environ 50 à 60 milliards de dirhams. Pour financer ce « projet colossal », le Maroc prévoit de mobiliser différentes sources, notamment : 25 milliards de dirhams du budget de l'État entre 2024 et 2030, destinés principalement à la construction de stades, de centres d'entraînement et d'autres infrastructures sportives. Il s'agit également d'une contribution des entreprises publiques à hauteur de 17 milliards de dirhams, consacrés aux infrastructures de base et aux réseaux de transport, en plus d'un financement de près de 10 milliards de dirhams à travers des prêts extérieurs à taux réduit, des dons internationaux et des aides financières des pays partenaires. Les retombées économiques et infrastructurelles Parmi les bénéfices attendus de la Coupe du Monde 2030, le rapport souligne le développement des infrastructures sportives, notamment : La construction du stade de Benslimane, dont le coût est estimé à 5 milliards de dirhams. La rénovation des stades de Tanger, Rabat, Casablanca, Marrakech, Agadir et Fès, avec un budget prévisionnel d'un milliard de dirhams pour chacun. La création ou la modernisation d'environ 60 centres d'entraînement, nécessitant 3,5 milliards de dirhams. Concernant les infrastructures non sportives, le rapport met en avant l'amélioration des réseaux de transport, notamment la modernisation des aéroports, la construction de nouvelles autoroutes et l'extension du réseau de trains à grande vitesse. Ces investissements auront un impact positif sur l'ensemble des secteurs économiques et le développement du tourisme, avec une hausse significative du nombre de visiteurs non seulement durant le tournoi, mais aussi après son déroulement. L'événement devrait également créer de nombreuses opportunités d'emploi dans divers secteurs. Les emplois liés au tourisme pourraient être durables à long terme grâce à l'augmentation prévue du nombre de visiteurs. Un impact médiatique et diplomatique La Coupe du Monde 2030 sera une véritable vitrine pour le Maroc sur la scène internationale. Le rapport souligne qu'elle offrira une occasion unique d'améliorer l'image du pays, de renforcer sa réputation et d'accroître sa notoriété auprès du public mondial. Sur le plan diplomatique, l'événement permettra d'afficher la carte complète du Maroc, incluant le Sahara, sur tous les supports médiatiques diffusant la Coupe du Monde, ce qui pourrait influencer la perception internationale et renforcer le soutien à la cause nationale (celle du Sahara marocain). Le rapport prévoit également des bénéfices pour le secteur des télécommunications, avec une augmentation significative du trafic de voix et de données durant le tournoi. Cela pourrait encourager des investissements pour moderniser et étendre les infrastructures numériques, notamment en accélérant le déploiement de la 5G. Les enseignements tirés des expériences passées L'analyse du rapport s'appuie sur des études ayant évalué l'impact économique des précédentes Coupes du Monde. Il en ressort que : Les bénéfices touristiques sont souvent plus importants avant l'événement qu'après. Les pays hôtes enregistrent une hausse du nombre de touristes un ou deux ans avant la Coupe du Monde, mais cet effet s'atténue après la compétition. L'impact sur l'emploi est limité. En comparant les taux de chômage avant et après ces événements, les différences sont souvent minimes. Dans certains pays en développement, l'effet peut même être négatif : la demande accrue de main-d'œuvre avant et pendant le tournoi attire des personnes qui étaient auparavant en dehors du marché du travail. Après l'événement, beaucoup de ces travailleurs se retrouvent au chômage. L'économie du football peut être déficitaire. Une étude sur la Coupe du Monde 2014 au Brésil a montré que malgré un afflux important de spectateurs, les recettes n'ont pas suffi à compenser les coûts d'organisation. Les gains estimés sur cinq ans étaient d'environ 134 millions d'euros, alors que le coût total pour les investisseurs privés s'élevait à 2,5 milliards d'euros, soit 20 fois plus. Cependant, le rapport nuance cette conclusion en expliquant que les infrastructures sportives ont une durée de vie pouvant atteindre 50 ans. De plus, la hausse des prix des billets à long terme pourrait contribuer à rentabiliser les investissements. En somme, l'organisation de la Coupe du Monde 2030 représente un pari financier audacieux pour le Maroc, mais elle pourrait également servir de catalyseur pour son développement économique, touristique et diplomatique.