Les médecins du secteur public, représentés par le Syndicat Indépendant des Médecins du Secteur Public, observeront une grève nationale les mardi 12 et mercredi 13 novembre 2024. Cette décision fait suite à une réunion tenue le 10 novembre par le Bureau National du syndicat, dans un climat de tensions grandissantes. En cause, le mécontentement face à des réformes jugées défavorables et à l'absence de réponses aux revendications de longue date. Le syndicat dénonce une série de manquements de la part du gouvernement, l'accusant de porter atteinte aux droits fondamentaux des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du secteur public. Le Bureau National, ayant déjà refusé de signer l'accord de juillet 2024, estime que la situation s'est aggravée. Selon un communiqué parvenu à Hespress FR, le syndicat estime que plusieurs acquis statutaires sont remis en question, notamment en ce qui concerne le statut de fonctionnaire public et la centralisation des salaires. Le projet de loi de finances 2025 est particulièrement critiqué, car il prévoit de retirer le financement des salaires du personnel de santé du budget général pour les faire prendre en charge par les Groupements Sanitaires Territoriaux (GST), un changement qui, selon le syndicat, menace directement la sécurité de l'emploi. En réaction, le syndicat a récemment contacté le ministère de la Santé pour proposer des modifications aux articles concernés du projet de loi, insistant sur le maintien des postes et des salaires au sein du budget général, mais sans résultat satisfaisant jusqu'à présent. Parmi les revendications mises en avant, le syndicat insiste sur la nécessité de garantir aux médecins du secteur public les mêmes droits et protections que les autres fonctionnaires. L'absence de mesures concrètes pour maintenir le statut de « fonctionnaire public avec tous ses droits », notamment en matière de centralisation des salaires et de protection des postes depuis le budget général, est perçue comme un risque majeur pour la profession. Le syndicat déplore également l'exclusion des médecins des augmentations salariales, contrairement aux autres fonctionnaires, une situation vécue comme une discrimination. Depuis 2011, les médecins demandent en vain la création de deux nouveaux échelons supplémentaires au-delà du plafond de carrière, mais cette demande, bien que promise, reste sans suite. Le projet de statut proposé inclut en outre des mesures controversées qui limiteraient les droits fondamentaux des médecins en conférant au directeur général un pouvoir excessif sur les licenciements et la gestion des horaires de travail. Ce projet introduit aussi un quota restreignant l'accès à des promotions, ce qui est considéré comme inacceptable par le syndicat. Aussi, le Bureau National dénonce le manque d'engagement du gouvernement marocain, pointant des reculs constants sur les points convenus précédemment. Le syndicat rappelle qu'un protocole d'accord signé le 29 décembre 2023 et un accord spécifique en janvier 2024 avec le ministère de la Santé n'ont pas été respectés, accusant le gouvernement d'avoir trahi ses promesses. Selon le syndicat, cette série de rétractations successives a engendré une situation de méfiance et de frustration parmi les professionnels de santé. En plus de la grève de deux jours, le Bureau National du syndicat a décidé de plusieurs actions de protestation pour exprimer son mécontentement. Il appelle les médecins à refuser de délivrer certains certificats médicaux, comme les certificats d'aptitude à la conduite, tout en assurant uniquement les certificats d'arrêt de travail liés à des traitements médicaux. D'autres formes de boycotts incluent le refus de participer au programme administratif OASYS et aux campagnes de santé scolaire, que le syndicat juge inadéquates en termes de normes médicales. De même, les médecins du secteur public cesseront de collaborer aux campagnes chirurgicales qu'ils estiment précaires et dangereuses pour la sécurité des patients, ainsi qu'aux caravanes médicales organisées dans des conditions jugées non conformes. Le Bureau National appelle enfin au boycott des tâches administratives non médicales, telles que la rédaction des rapports périodiques et des registres des usagers, à l'exception des déclarations obligatoires de certaines maladies, ainsi que des réunions administratives et de formation, qu'il considère sans impact direct sur les soins. Dans un appel ferme, le syndicat exige du gouvernement marocain de respecter ses engagements, de maintenir les garanties fondamentales pour les médecins, et de revoir les projets de réforme pour assurer une stabilité professionnelle et des conditions de travail décentes.