La répression sévère de la manifestation des travailleurs de la santé à Rabat le 10 juillet a intensifié les tensions entre le gouvernement et cette catégorie professionnelle. La coordination nationale des syndicats du secteur de la santé, qui regroupent les syndicats les plus représentatifs du secteur, a durci son discours après la dispersion violente de la marche par les forces de l'ordre, annonçant une série de grèves hebdomadaires étendues à cinq jours au lieu de trois. De son côté, la Fédération Nationale de la Santé (FNS), affiliée à l'Union Marocaine du Travail (UMT), a exigé des excuses du ministère de la Santé et de la Protection Sociale pour la répression subie par le personnel de santé. Dans un communiqué, la FNS a annoncé le boycott de la réunion prévue ce vendredi 12 juillet 2024 avec le ministre de tutelle, Khalid Ait Taleb. Elle a réaffirmé son engagement envers la coordination syndicale du secteur de la santé, insistant sur des excuses gouvernementales et l'arrêt des poursuites contre les militants arrêtés lors de la manifestation encerclée à la place Bab El Had à Rabat, mercredi 10 juillet. Elle a également pressé le chef du gouvernement de répondre aux points de divergence soulevés depuis le 25 janvier 2024, exigeant que le ministère de la Santé et le gouvernement respectent les accords du 29 décembre 2023 et du 26 janvier 2024, notamment en ce qui concerne les points 34 convenus et les 9 points de divergence. Les professionnels de santé ont été encouragés à maintenir leur mobilisation pour défendre leurs droits et acquis, tels que le maintien du statut de fonctionnaire, la centralisation des salaires et la stabilité professionnelle. Pour sa part, l'Organisation Démocratique du Travail (ODT), qui fait également partie de la Coordination syndicale, a condamné fermement les interventions violentes et « injustifiées » des forces de sécurité, ainsi que les arrestations qui ont accompagné les manifestants lors de la marche pacifique des travailleurs de la santé, organisée par la coordination des syndicats nationaux du secteur de la santé mercredi. L'organisation a souligné le manque de respect envers le statut des travailleurs de la santé et leurs services remarquables, notamment pendant la crise sanitaire de la Covid-19, services qui ont été largement salués dans d'autres sociétés démocratiques. Elle a également critiqué les conditions difficiles et dangereuses dans lesquelles ces professionnels opèrent actuellement pour assurer la sécurité sanitaire de tous les citoyens et promouvoir le projet de couverture sanitaire universelle. Dans un communiqué reçu par Hespress FR, le bureau exécutif de l'ODT a déploré cette action comme une preuve de « l'absence de volonté politique du gouvernement de respecter les droits constitutionnels, y compris le droit à l'expression et à la réunion pacifique« . Il a mis en garde contre un retour à une approche sécuritaire répressive aux dépens des libertés fondamentales, en particulier dans un contexte de crise sociale et de détérioration du pouvoir d'achat. Le bureau a affirmé son soutien total et inconditionnel aux revendications légitimes des travailleurs de la santé, qu'ils soient médecins, infirmiers, cadres administratifs ou techniques, appelant le chef du gouvernement Aziz Akhannouch et le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, à assumer leurs responsabilités. Ils ont également appelé à un dialogue sérieux et responsable pour désamorcer les tensions croissantes dans le secteur de la santé. Il convient de rappeler que la Coordination syndicale avait appelé à une manifestation nationale massive le mercredi 10 juillet, « pour exprimer son mécontentement et sa colère face à la gestion gouvernementale du dossier des travailleurs dans le domaine de la santé« . Ils ont critiqué le gouvernement pour son manque d'engagement envers les accords officiels et pour avoir tenté d'enterrer l'accord du 23 novembre 2023 signé entre les syndicats et le ministère de la Santé.