À la suite des violentes opérations de dispersion des manifestations à Rabat le mercredi 10 juillet 2024, les professionnels de la santé ont annoncé une grève de deux semaines. Cette action intensifie leur conflit avec le gouvernement concernant leurs revendications insatisfaites et marque une nouvelle étape dans leur lutte pour l'application de l'accord signé avec les syndicats. Après les interventions « musclées » pour disperser les manifestations à Rabat le mercredi dernier, les professionnels de la santé ont décrété une grève de deux semaines. De fait, cette décision accentue leur affrontement avec le gouvernement sur leurs revendications restées sans réponse. En effet, la Coordination nationale du secteur de la santé a publié une déclaration condamnant les actions « violentes » des forces de sécurité et détaillant leur plan pour poursuivre les manifestations. Selon le communiqué, « au lieu d'appliquer l'accord signé avec les syndicats représentant les travailleurs de la santé pour garantir leurs droits, le chef du gouvernement impose sa domination en portant atteinte à la liberté de protester et en réprimant violemment les professionnels de la santé« . Lire aussi : Professionnels de santé en grève jusqu'à fin juillet Rappelons que lors de la manifestation, les manifestants ont marché de Bab El Had à Rabat jusqu'au Parlement pour exprimer leur mécontentement face à ce qu'ils considèrent comme le non-respect par le gouvernement d'un accord signé précédemment. Toutefois, les forces de l'ordre ont utilisé des canons à eau pour disperser la foule, entraînant de nombreux blessés et des arrestations parmi les manifestants. De plus, des vidéos montrant les manifestants arrosés et dispersés par la force ont largement circulé sur les réseaux sociaux, suscitant l'indignation et la condamnation de l'action des autorités. En outre, la déclaration de la Coordination nationale insiste sur l'usage excessif de la force contre des manifestants qui protestaient « de manière calme, pacifique et civilisée ». Elle a cité l'utilisation de matraques, de canons à eau et l'agression physique d'agents de santé. Le communiqué décrit des scènes de chaos et de brutalité, indiquant que de nombreux professionnels ont souffert de « blessures multiples, d'évanouissements et de traumatismes psychologiques« , nécessitant un traitement hospitalier pour certains. En réponse à ces événements, la Coordination nationale a annoncé un vaste programme de grève touchant tous les établissements de santé du pays, à l'exception des services d'urgence et de réanimation. La grève commencera, donc, jeudi et vendredi, suivie de deux grèves de cinq jours chacune, du 15 au 19 juillet et du 22 au 26 juillet. D'autant plus que des marches de protestation et des sit-in seront organisés aux niveaux régional et local, selon les circonstances spécifiques à chaque région. Malgré la répression, la Coordination reste « déterminée à poursuivre ses actions, tenant le chef du gouvernement responsable de la détérioration de la situation dans le secteur de la santé et de son impact sur la santé publique ». Les revendications incluent « la mise en œuvre intégrale de l'accord signé, tant sur le plan financier que sur le plan juridique et éthique, la libération de tous les professionnels de la santé détenus et l'arrêt des poursuites judiciaires à leur encontre ».