Dans une nouvelle escalade, les Blouses blanches ont annoncé dimanche une grève nationale de deux jours, prévue les 7 et 8 novembre 2024. Une annonce qui vient en réaction aux dispositions de la Loi de finances 2025, en particulier la décentralisation des postes budgétaires et l'éjection des médecins de la fonction publique mais aussi des autres professionnels de la santé. Dans un communiqué rendu public dimanche soir, le Syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP) n'a pas mâché ses mots pour rejeter en bloc « les réformes » touchant directement au statut des médecins et à leur stabilité sociale et financière. « Promesses non tenues » « Bien que le projet de réforme du système de santé insiste sur la valorisation des ressources humaines du secteur, les faits et les actions montrent qu'il ne s'agit que d'un slogan pour la consommation publique », s'insurge Dr. El Mountadar Alaoui, secrétaire général du Syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP). Dénonçant les promesses non tenues du gouvernement et du Ministère de la santé dans le cadre du dialogue social, le syndicaliste rejette les nouvelles dispositions proposées par le PLF au titre de 2025. « Ce dernier supprime les postes budgétaires pour le personnel de santé et prévoit que leurs salaires soient pris en charge par les Groupements sanitaires territoriaux (GST) au lieu du budget général central », explique Dr Alaoui. Ce dernier dénonce « l'éjection sans ménagement des médecins, des pharmaciens et des chirurgiens dentistes de la fonction publique alors que nous avons été recrutés le premier jour comme étant des fonctionnaires de l'Etat». Moral en berne « Au lieu d'encourager les ressources humaines, de préserver leur statut, de leur offrir un cadre juridique et financier stable et motivant pour contribuer pleinement à la réforme du système de santé, on assiste à une régression des acquis cumulés par le personnel de santé, y compris les médecins, les pharmaciens et les chirurgiens-dentistes », dénonce le bureau national de SIMSP dans son communiqué. D'après le secrétaire générale du syndicat, le moral des médecins est en berne. « Pire encore, la tension ne cesse de monter et le sentiment d'instabilité gagne du terrain parmi les rangs en l'absence de garanties réelles pour préserver le statut de « fonctionnaire public à part entière » et le maintien des salaires dans le budget général sous la rubrique « dépenses de personnel », explique Al Mountadar Alaoui. Ce dernier déplore une « ségrégation » et une « injustice » incompréhensibles envers ses camarades. « Toujours en première ligne au quotidien comme au cours des grandes épreuves affrontées par la nation, les médecins du public sont pourtant les seuls à être exclus de l'augmentation salariale dont ont profité les autres fonctionnaires du secteur public », s'exclame le secrétaire générale du SIMSP. De même revient-il à à la charge par rapport à l'accès à des grades supplémentaires au-delà de l'échelle maximale. Une doléance en attente depuis 2011. Paradoxe Estimant que les disposition du PLF 2025 mettent en péril les garanties légales de préservation des droits et acquis des professionnels de santé dans la fonction publique, le SIMPS rappelle que « cette condition » a fait particulièrement l'objet d'un protocole d'accord signé entre le ministère de la Santé et de la Protection sociale et les syndicats représentatifs du secteur de la santé, le 29 décembre 2023. Ce protocole inclut un accord spécifique entre le syndicat des médecins du public et le ministère signé fin janvier 2024 et couvrant en détail les revendications à effet financier et les garanties de statut. « L'attitude du gouvernement est cependant paradoxale. Alors que l'on veut retenir les médecins et les encourager à s'engager dans le secteur public, on les repousse en leur imposant un système de rémunération ressemblant fort à celui adopté dans le secteur privé. Avec, en surcroît, une grande instabilité car relevant du rendement incertain des groupements sanitaires territoriaux qui souffriront, probablement, de la concurrence rude des cliniques privées », anticipe Dr Alaloui en rappelant la grande hémortragie parmi les rangs des médecins ( 10.000 à peine) à cause de l'immigration à l'étranger et la migration vers le privé. Relancer le dialogue « Bien que nous ayons officiellement demandé deux fois un dialogue, nous n'avons pas obtenu de réponse jusqu'à ce jour. Nous considérons cette absence de dialogue et les actions gouvernementales rapides pour imposer des lois et des décisions comme une atteinte grave aux droits et acquis du personnel de santé », dénonce le bureau national du SIMSP qui insiste sur son attachement à la centralisation des salaires en exigeant l'abandon des décisions contenues dans le projet loi de finances. En attendant, le syndicat prévoit une grève nationale « d'avertissement », les jeudi et vendredi 7 et 8 novembre 2024 dans tous les établissements de santé, à l'exception des services des urgences et de réanimation. Aussi, l'arrêt de délivrer les certificats pour permis de conduire et tous types de certificats médicaux, sauf ceux liés aux congés de maladie, le boycott du programme OSIX et de programmes similaires, le boycott de la campagne de santé scolaire « en raison de l'absence des normes médicales et administratives minimales ». Le syndicat prévoit également le boycott des campagnes chirurgicales et les caravanes médicales. Pour conclure il souligne « l'urgence de protéger le secteur public de la santé pour garantir les droits des ressources humaines mais surtout le droit des citoyens à un service public de qualité ».