Les récentes déclarations du ministre chargé du Budget au Parlement, sur la réforme du statut des médecins, ont irrité les blouses blanches, qui viennent de saisir l'exécutif pour appeler à améliorer leurs conditions de travail et prendre leurs revendications en considération. Les médecins du secteur public sont vent debout contre les dernières déclarations de Fouzi Lekjaa, ministre chargé du Budget, sur le projet de loi relatif à leur statut. Cette semaine, le Syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP) a adressé des lettres au Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch et au ministre de la Santé et de la protection sociale, Khalid Ait Taleb. «Les médecins reçoivent avec dégoût toutes les justifications et arguments fragiles derrière lesquels se cachent les gouvernements successifs pour se désengager de leurs promesses», met en garde la centrale syndicale. Les médecins du secteur public ont ainsi appelé le gouvernement à répondre en urgence au dossier revendicatif des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du secteur public comme point d'entrée pour motiver les nouveaux arrivants à rejoindre le secteur. Ils ont aussi mis en garde contre le sentiment de «répugnance» chez les professionnels, plaidant pour «l'équité envers les générations actuelles ayant travaillé dans des conditions difficiles pour servir le pays». «Les médecins dépendent actuellement de la fonction publique mais demandent depuis des années de faire partie d'un statut spécial, car nous avons des horaires de travail et des spécificités différent», nous explique ce mercredi Dr El Mountadar Alaoui, secrétaire général du SIMSP. «Récemment, on a commencé à parler de la création d'une fonction publique de santé, ce que nous avons déjà critiquée en juin. Nous sommes opposés à tout traitement unilatéral de cette réforme, sans faire participer les syndicats pour donner leurs avis», insiste-t-il. «Vous ne pouvez pas mettre en place une nouvelle loi, qui réagira cette fonction et l'imposer aux personnes concernées sans en discuter avec eux. Nous insistons donc sur l'approche participative, car nous avons nous-même revendiqué cette réforme. Pourtant, lors de l'intervention du ministre chargé du Budget, il a annoncé que la réforme est prête et qu'elle sera bientôt soumise au Parlement alors que nous ne disposons pas d'information sur ce nouveau texte.» Dr El Mountadar Alaoui Un cumul de problèmes non résolus Pour le secrétaire général du SIMSP, les médecins du public veulent que «les acquis de la fonction publique soient préservés», tout en se basant sur les grandes lignes des dossiers revendicatifs pour les autres mesures destinées à améliorer la situation des médecins. «La réforme doit donc émaner de ces revendications», insiste-t-il. Dr El Mountadar Alaoui, qui assure que «les médecins ne demandent que leurs droits», rappelle que les professionnels demandent à «reconnaître le doctorat en médecine pour les salaires et les indemnités». «A l'exception de leurs homologues fonctionnaires, les médecins touchent 8 000 dirhams, ce qui correspond à un master plutôt qu'à un doctorat», lâche-t-il, reconnaissant que «la situation affecte le secteur et ses futurs recrus». «Les concours de médecine pour la fonction publique sont boudés par les jeunes, qui ne trouvent aucun intérêt pour l'intégrer», au moment où le ministre «lui-même reconnaît une pénurie de médecins». «C'est un cercle vicieux, puisqu'en absence de ces nouveaux recrus, les médecins déjà affectés depuis plusieurs années dans des zones reculées ne peuvent pas être remplacés, même s'ils disposent du feu vert», explique-t-il. «Malheureusement, les différents gouvernements successifs n'ont pas su mettre leurs doigts sur la plaie. Le ministre actuel avait déclaré au Parlement, pour l'autorisation de l'indice 509 avec toutes ses indemnités, qu'"on y est presque" mais on n'en reparle plus désormais», regrette le secrétaire général du SIMSP, qui pointe «un cumul de problèmes pour cette catégorie composée de 8 500 médecins au Maroc, toute spécialité confondue». «Il est inadmissible qu'à chaque fois nous recommençons du zéro et qu'on balaye d'un revers de main plusieurs rounds de discussions et des années de mobilisation des médecins», conclut-il.