La congestion dans le secteur de justice entre dans un nouvel épisode. Une première historique, l'Association des barreaux du Maroc (ABAM), réunie samedi à Tanger, a décidé d'initier une grève totale des audiences civiles, pénales, commerciales et administratives, ainsi que de toutes les procédures et fonds, à partir du 1er novembre prochain, jusqu'à satisfaction de ses revendications. Dans un communiqué, le bureau de l'ABAM a exprimé sa fierté face à l'engagement des avocates et avocats marocains envers leurs institutions professionnelles, mettant en avant leur volonté d'appliquer de manière consciente et responsable les actions de lutte décidées depuis le début de ce mandat. Dans ce contexte, le dialogue a été privilégié, avec pour objectif de défendre l'intérêt des justiciables et des professionnels, sans perturber le fonctionnement global de la justice. Le communiqué a également déploré « l'absence de réaction face aux initiatives et signaux lancés dans le cadre de la campagne de plaidoyer menée par le bureau de l'association à tous les niveaux« , ainsi que « l'insistance à remettre en question la place honorable de la profession d'avocat en tant qu'acteur clé dans l'application des principes de justice dans l'État démocratique, accompagnée de tentatives d'attaquer les fondements de sa mission universelle et humanitaire« . Il a été noté un « manque d'attention à la situation critique du secteur de l'avocature« , ainsi qu'une « poursuite de l'imposition d'idées unilatérales dans une approche réformiste étroite, ambitionnant à résoudre les problèmes de la justice au détriment des acquis des justiciables et des professionnels, ce qui fait sentir aux professionnels une discrimination et porte atteinte au droit à la défense et à un accès éclairé à la justice« . Ledit document a insisté sur l'importance d'adopter des solutions globales fondées sur le principe de participation, tenant compte des intérêts de toutes les parties, tout en appelant le gouvernement à assumer ses responsabilités dans la gestion du secteur. Il a été réaffirmé que « les luttes des avocats se concentrent sur un dossier revendicatif global et indivisible, visant à protéger les acquis constitutionnels et juridiques des justiciables et du pays, à faire face aux reculs législatifs menaçant ces acquis, à établir un système fiscal juste en adéquation avec la nature de la mission de l'avocat, et à valoriser les acquis des avocats dans le domaine social, notamment en ce qui concerne la couverture médicale obligatoire, ainsi qu'à garantir l'accès à l'assistance juridique pour les citoyens« . Cela implique de renforcer la place de la défense dans les législations procédurales au lieu de chercher à la réduire, et de développer la législation professionnelle. Par ailleurs, le communiqué a souligné qu'après avoir évalué les précédentes étapes de lutte, marquées par un succès et un soutien collectif aux institutions professionnelles ayant confirmé l'unité de la profession au Maroc, le bureau de l'ABAM, animé par la conviction d'une avocature forte et de décisions fermes, a décidé à l'unanimité de poursuivre l'exécution de son programme de lutte progressive. Concernant ce programme, il a été précisé que « l'arrêt total des activités de défense débutera le 1er novembre prochain jusqu'à nouvel ordre« , et que « la gestion de ce processus sera confiée aux bâtonniers et aux conseils des barreaux », tout en maintenant « les réunions du bureau de l'association ouvertes ».